Alors on dirait qu'il y a un scientifique méchant qui voudrait faire une potion pour sauver son fils, mais qu'en fait il crée un cataclysme biologique et que l'humanité disparaît pratiquement en entier. Effectivement, il est vrai que les scénarii présents dans les jeux de tir à la Time Crisis, ou encore Vampire Night ne révolutionnent pas le genre de la narration vidéoludique. Convenus et peu engageants, ils cachent parfois un lourd secret. En effet, et si l'aventure de House Of The Dead 3 n'était rien d'autre qu'une émission de télé-réalité ? Fruit d'un casting de longue haleine avec des jurés particulièrement aigris de leur échec personnel : "Il est bien le grand vert dégarni là-bas, non ?", "Non, moi je préfère le cadavérique juste ici. Monsieur ?! Non pas vous, celui avec les tentacules...".
Grande série autrefois endémique à la Dreamcast et sa fière descendante la Saturn, House Of The Dead s'est récemment (c'est rien deux ans) vu transférer dans les entrailles de l'immense Xbox, aboutissant à une sorte d'accomplissement graphique et ludique. Mais un être attendait son tour dans l'ombre, riant bien de toutes ces adaptations, et sachant que son heure allait venir tôt ou tard. Un sourire narquois aux lèvres, notre ami le PC est aujourd'hui enfin parvenu à ses fins. Néanmoins, le doute subsiste quant à la qualité de ce portage, après les tristes expériences qu'ont été les gammes Oxygen, et surtout celle malheureusement célèbre d'Halo. De ce fait c'est avec la plus grande prudence que l'on s'approche du menu principal qui met toujours en avant ses deux pauvres modes, apparaissant tout piteux dans une sorte de silence comique. Le premier nommé Survival correspond dans les grandes lignes à une progression au coeur d'une histoire, tandis que le second appelé Time Attack vous propose de vous mesurer à un temps établi pour la réussite de vos diverses missions. Deux aspects assez dissemblables donc qui modifient, non la manière de jouer, mais l'approche du gameplay.
En effet, dans le premier cas, seuls comptent vos points de vie, matérialisés par de petites flammes à la droite du nom du personnage que vous contrôlez. Relativement réduits, bien que paramétrables dans le menu options suivant la résistance souhaitée, ils s'effacent dès que vous encaissez un coup. Logique, me direz-vous. Certes, mais l'écueil vient du fait que ces derniers ne remontent qu'extrêmement rarement, seulement au gré d'objets, se comptant sur les doigts d'une seule main dans l'ensemble du soft, découverts sur le champ de bataille en détruisant des éléments du décor, ou encore suivant votre note à la fin d'une étape. Effectivement, au gré de vos performances et de votre précision, vous vous verrez attribuer une note résumant ces deux aspects. S'étendant de E, provoquant une certaine aigreur, à S, provoquant une joie folle, ces dernières définissent le bonus qui vous sera remis suite à vos frasques talentueuses. Pour ce qui nous intéresse, le Rang A vous rapportera un point de vie supplémentaire, tandis que le S vous offrira un fabuleux "continu", à la rareté plus que notable. Tragiquement au nombre de 5 par défaut, ceux-ci s'éclipsent à la vitesse du son si vous n'y prenez pas garde, s'envolant à chaque fois que votre santé totale est anéantie. Le second cas en revanche mise son gameplay sur la notion de temps. Effectuant une aventure semblable, massacrant du zombie et du mutant à tour de bras, vous ne pourrez désormais plus compter sur une "barre" de vie, mais tout bonnement sur la durée de vos pérégrinations. Obtenant un bonus de temps à chaque ennemi abattu, et perdant de précieuses secondes dès que vous subissez une attaque, vous allez devoir tenter le plus possible de "gérer" votre prise de risque, sachant que vous aurez la possibilité de dénicher des montres dans des endroits de votre environnement, afin de vous octroyer quelques bribes temporelles supplémentaires. De même, la note attribuée à la fin d'un niveau jouera en faveur d'un allongement de votre capital temps, si tant est que cette dernière soit convenable. Très prenant.
Ce qui l'est moins par contre c'est l'absence d'innovations flagrantes par rapport, d'une part, au précédent volet, et d'autre part à la vue de la version Xbox. Effectivement, seule une nouvelle arme se révèle présente, accompagnée d'un cheminement inédit, qui ne révolutionne pas vraiment le soft. On retrouve donc nos marques, ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais qui justifie un peu trop la relative paresse imaginative flottant sur HotD 3. Suite directe du premier volet, le titre qui nous intéresse aujourd'hui met en scène la fille et l'ami du protagoniste principal de cette ode à l'explosion, reprenant de ce fait un schéma de jeu bien connu, consistant à déambuler dans des rues et couloirs étroits en exterminant tout ce qui bouge et pousse des râles. Un principe certes limité, mais à l'efficacité indéniable, qui immerge immédiatement, et pénètre par une vivacité d'action et un mouvement constant plus qu'hypnotisants. Bercé, emporté par les voltiges aériennes d'une caméra nerveuse, vous ressentirez pleinement le dynamisme imposé par le soft, et ne pourrez plus quitter l'écran des yeux, pris dans ce tourbillon mêlant vagues d'ennemis et absence de temps morts. De l'arcade à un haut degré de pureté. Si seulement on n'avait pas l'impression d'avoir affaire avec un opus 2 remanié, le bonheur serait total. De plus, et c'est là le défaut de ce type de productions, la durée de vie n'excède pas les trois ou quatre heures arme au poing, décantant une certaine routine, qui s'installera rapidement lors de vos deuxièmes ou troisièmes parties.
Fort heureusement, le coût à l'achat n'incluant pas obligatoirement l'acquisition d'un pistolet, le tout se révèle plus honnête que l'aspect élitiste de la version Xbox. A ce propos, la jouabilité à la souris se révèle assez intéressante, augmentant nettement la précision, mais amenant également dans son sillage des lacunes au niveau de la vitesse de "clic". En effet, il est beaucoup moins aisé d'accéder à une rapidité conséquente muni d'une souris. La touche s'avère bien moins souple que le bouton d'un pad ou que la gâchette d'un pistolet (meilleure manière d'appréhender ce genre de jeu), et handicape parfois lors de scènes où un certain mitraillage devient urgent. On perd donc parfois de l'énergie bêtement, ce qui n'est pas pour nous satisfaire, vous serez d'accord. Néanmoins, on se sent véritablement à l'aise, ce qui est le plus important. Mais ce "bien-être" vient peut-être aussi de la réalisation graphique du titre, qui, même s'il souffre de la comparaison avec des références comme Half-Life 2, Far Cry, ou Riddick, demeure très fin et surtout vecteur d'une fluidité abasourdissante. Dans le même ordre d'idées, s'il est certain que l'on peut critiquer le faible nombre de types d'ennemis différents, et surtout leur ressemblance troublante avec ceux des précédents opus, la modélisation des visages des individus principaux, ou encore le design de certaines créatures, la mise en scène "in-game" détonante, et le niveau de détail général parviennent relativement à convaincre de l'honnêteté du titre. Au final donc, HotD 3 se présente comme un jeu défoulant à l'extrême, prenant, voire addictif. Démontrant une vitalité de tous les instants, et affichant des graphismes de qualité, le shoot de Sega propose par conséquent un degré de divertissement purement ludique plus que convaincant, malgré ses lacunes de gameplay et son manque cruel d'innovations. Un plaisir immédiat certes, mais limité par ces mêmes aspirations.
- Graphismes16/20
Léchée et véritablement fine, la qualité graphique de HotD 3 demeure assez saisissante. Les environnements, tout comme les créatures du chaos demeurent détaillés et mis en valeurs par des textures très probantes, bien qu'un peu dépassées de nos jours par des productions plus imposantes. Néanmoins, par le biais de la fluidité et de la multiplicité des points d'impact, autorisant de véritables oeuvres d'art macabres, le moteur du jeu tient encore relativement la route.
- Jouabilité14/20
House Of The Dead 3 possède la particularité de profiter d'un gameplay extrêmement accessible, donnant à tous la possibilité de s'impliquer au sein du jeu immédiatement. Néanmoins cet aspect engendre également un aspect très limité et une redondance d'action malheureuse, qui se voient tout de même amenuisée par le plaisir ressenti dans cette course vers la vérité. On notera également une utilisation de la souris correcte, même si la rapidité d'action est un peu moindre qu'avec une manette ou un pistolet.
- Durée de vie6/20
Développant une histoire très courte à clore, et ne proposant pas vraiment d'alternatives probantes une fois le jeu terminé, HotD 3 ne vous opposera qu'une petite durée de vie de trois ou quatre heures environ, si vous désirez apercevoir les multiples embranchements disponibles. De plus, et ce de manière très surprenante, HotD 2 n'est pas compris comme bonus dans le jeu, comme c'était pourtant le cas sur la version Xbox. Un retrait véritablement dommageable, tant ce dernier se révèle agréable.
- Bande son13/20
Les compositions sonores sont assez plaisantes à écouter, collant bien avec les diverses situations, et instituant un rythme dans les affrontements. Mis à part ce fait, le doublage américain n'est vraiment pas convaincant, et les râles des différentes créatures vous sautant à la gorge non plus. Les effets sonore quant à eux sont assez bien rendus, même s'ils ne tranchent pas assez avec l'ambiance sonore générale.
- Scénario/
Oh les vilains mutants qui veulent qu'à nous manger....bouuuuh !
Typiquement orienté arcade, et représentant un défoulement majeur et très plaisant, HotD 3 charme immédiatement par son dynamisme, sa réalisation et son gameplay prenant. Néanmoins, peu innovant dans le fond et assez limité, sa durée de vie, et le plaisir qu'il procure s'estomperont rapidement, même si l'expérience fut assez renversante. De plus l'absence de HotD 2 et les quelques manquements vis-à-vis de la souris empêchent le soft de vraiment briller, ce qui est dommage. Un bon jeu, que son petit prix rend assez charmeur.