Dans le paysage vidéoludique international, deux héros représentatifs de lointains conflits demeurent dans le coeur de nombreux joueurs ayant entamé leur carrière dans les années 80. Leurs noms, à défaut d'être originaux, sont les fondements d'un loisir désormais tentaculaire : Mario et Sonic. Un plombier et un hérisson. Mais qu'est ce qu'on mangeait à l'époque ? On devait avoir de grosses absences psychologiques pour s'immerger dans des titres proposant de telles figures de proue. Néanmoins, ces énergumènes ont participé à la légende du jeu vidéo et sont devenus des mythes de pixels. Oeuvrant dans de nombreuses strates, c'est aujourd'hui dans une compilation que nous retrouvons la bête à la fourrure bleue et à la vitesse supersonique. Baptisé Sonic Mega Collection Plus, ce recueil est le pendant direct de la version Gamecube sans le plus. Mais pourquoi donc ?
En fait, l'adjonction du plus implique une sorte d'aboutissement de la collection forcenée, un pallier ultime, un dépassement de tout ce qui a été fait concernant Sonic. Le Graal des amateurs de ces petits êtres à pointes. Je parle bien sûr de l'animal, et non du, je cite : "appareil formé de lames métalliques suspendues à une corde lestée" servant à ramoner les cheminées. Enfin vous faites ce que vous voulez, mais nettoyer un conduit avec une pauvre bête innocente relève de la folie clinique. Tout ça pour en arriver à la présence de quelques bonus éparpillés, venant énerver au plus haut point les possesseurs de la console cubique de Nintendo. En effet, Sega, visiblement revanchard, s'est décidé à inclure dans les moutures PS2 et Xbox des titres inédits appartenant au domaine des consoles portables, en particulier la Game Gear, ainsi que des productions Megadrive n'ayant rien à voir avec l'univers de la Sonic Team, comme par exemple Comix Zone, ou encore The Ooze. Une petite manifestation au goût de trahison qui aura sûrement du mal à passer chez les fans de Nintendo. Mais, avouons-nous heureux de pouvoir s'essayer à ces cadeaux, et découvrons un peu ce que nous cache cette compilation au nom évocateur. Tout d'abord, et dans un souci de présenter un véritable objet "collector", le menu principal du soft s'avère sobre et peu évocateur, tout en conservant un design agréable, et un aspect vitrine conférant un sentiment de luxe. On se dit alors que l'on vient d'acquérir une petite merveille au pouvoir nostalgique. Parcourant alors les différentes possibilités disponibles, vous vous apercevrez bien vite que le concept de mise en forme idéale d'une des sagas les plus adulées de l'histoire vidéoludique n'est pas vraiment optimal.
Effectivement, le nombre total de choix exposés à l'ouverture du titre atteint péniblement...deux. Interloqué par une si faible invitation au jeu, vous pénétrerez immédiatement dans la rubrique musée, endroit où logiquement, tout fan de Sonic devrait être comblé. Et on peut dire sans crainte aucune que c'est partiellement le cas. En fait, cette section répertorie de nombreuses illustrations des divers intervenants principaux de la série accompagnés d'un texte explicatif, tout en mettant également à votre disposition les story-boards et les versions plus ou moins finalisées de la vidéo d'intro de Sonic Heroes dans une volonté d'exhaustivité profonde. Mais le plus impressionnant reste tout de même la présence d'un répertoire contenant l'ensemble des couvertures de tout les comics ayant mis en scène le hérisson vaillant et ses amis depuis ses débuts. Une mine d'informations gargantuesque, qui, à défaut d'être intéressante, donne une idée de l'engouement suscité par le titre de Sega. Permettant d'effectuer des agrandissements pour mieux contempler les détails de pages qui vont réjouir le fan au plus haut point, cette galerie de souvenirs manque toutefois d'une certaine assise de par la carence de crayonnés inédits, d'ébauches de préparation des titres ou même d'interviews qui auraient à n'en pas douter plu au plus grand nombre. Heureusement, pour se rattraper de ce faux pas, les développeurs ont pensé à vous en vous donnant accès à un numéro entier d'une bande dessinée spéciale mettant en scène notre héros à la chevelure aiguisée. Un tout petit palliatif, certes, mais qui en collaboration avec le reste, donne une certaine joie dans la pénétration au sein du monde de Sonic. Mais qu'en est-il du principal intérêt de cette collection, à savoir les jeux ?
Proposant une gamme s'étendant des débuts de l'ère Megadrive (1988 au Japon, 1989 aux US, et 1990 dans notre pays à la traîne), en passant par la Game Gear, jusqu'à l'avènement du 32 X, bien qu'aucun titre de la gamme présente ici n'y fasse référence. Devant nous s'étale alors un parterre de softs légendaires au nostalgique parfum, allant de Sonic 2 à Sonic 3D Flickies Island, en passant par Sonic Blast ou encore Sonic et Knuckles. Au nombre un tantinet ahurissant de 20, ces différentes productions disposent toutes de particularités plus ou moins affirmées qui les rendent uniques et digne de votre curiosité à leur façon. Du moins dans l'absolu. En effet, certains "cadeaux" présents n'en sont pas vraiment, et il faudra parfois s'armer d'une volonté de fer pour résister à Sonic Drift, jeu de course injouable et complètement plat, Sonic Chaos, détenteur d'une réalisation donnant aux héros des airs de malades sous cortisone, ou encore Sonic Labyrinth, lent, bien trop vif au niveau des couleurs, et surtout répétitif à outrance. Un choix clairement orienté en vue de la quantité, ce qui peut être justifié de par le statut d'oeuvres faisant partie de la saga, mais qui n'explique pas du coup l'absence de petites perles comme Knuckles Chaotix sur 32 X, Sonic CD sur Mega CD, ou bien Sonic R, représentant bien mieux la saga, et demeurant toujours aussi amusant à parcourir. Toutefois, mis à part ces oublis assez peu compréhensibles, et la présence d'un Sonic 3D Megadrive alors que la version Saturn possédait une finition bien meilleure, tant au niveau graphique que musical, ce Sonic Mega Collection Plus Ultimate Overdeath (un peu trop pompeux non ?) se présente sous des atours charmeurs. Il donne tout de même à voir des monuments de jouabilité et d'intérêt, qui même après une longue décennie de résistance possèdent encore et toujours cette once de plaisir instantané et pratiquement instinctif qui leur conférait un attrait si particulier et enivrant.
Pourtant, un dernier bémol se fait sentir quant à l'adaptation légèrement étrange de certains titres, que le cas Sonic 3 met en exergue. En effet, subissant de fréquents ralentissements dans des phases pourtant sans surcharge graphique, il est évident que son optimisation pour les capacités de la PS2 et de la Xbox a connu quelques déconvenues. De même, l'assignation des touches se révèle assez spéciale. Chose qui n'est pas vraiment handicapante durant vos pérégrinations à toute vitesse dans le monde de Sonic, mais qui nuit particulièrement à Sonic Spinball qui implique de ne vraiment pas avoir de gros doigts. Un parti-pris pas vraiment convaincant donc, qui tranche nettement dans une compilation qui se veut représentative et fidèle aux attentes des joueurs. Au final donc, Sonic Mega Collection Plus permet de s'essayer à de véritables chefs-d'oeuvre mêlant l'intuitif et le dynamisme, et donnant accès à un pan de l'histoire vidéoludique. Permettant de passer d'agréables moments, seul, comme à plusieurs, il comporte néanmoins un groupement assez conséquent d'oublis et de défauts, qui ne le rendent pas aussi collector qu'il aurait dû l'être, surtout après la leçon Gamecube. Dommage.
- Graphismes10/20
Une note équilibrée, pour une caractéristique difficile à définir. Evidemment, les graphismes semblent aujourd'hui bien désuets dans notre monde de personnages en 3D esquissant un photo-réalisme de plus en plus proche. Il faut donc les prendre à la hauteur de l'époque, où l'ensemble des titres mettant en scène le hérisson bleu disposaient d'un rendu très bon, et surtout fort fluide. De ce côté-là, les habitués ne seront pas dépaysés, car ils retrouveront une symétrie parfaite. L'habillage du titre quant à lui se révèle assez intéressant, dans son côté sobre mettant en avant l'aspect collection.
- Jouabilité14/20
Sur ce point, la série Sonic n'a jamais été vraiment prise en défaut. Mis à part Sonic 3D et ses glissades par dizaines associé à Sonic Drift et sa direction fantaisiste, les autres titres de la gamme disposent de la précision habituelle des jeux en 2D des années 90. Néanmoins, en passant sur PS2 et Xbox, quelques problèmes sont apparus miraculeusement, grâce à une disposition de touches parfois très mal pensée, et des croix directionnelles pas forcément souples.
- Durée de vie15/20
Vous allez passer de nombreuses heures à tenter de terminer les différents titres présents dans la compilation, dans le but de débloquer d'autres divertissements tout aussi excitants. Possédant une durée de vie assez immense, SMC Plus justifie donc pratiquement son prix, et vous fera passer des heures de plaisr. Néanmoins, il est bon de noter au passage les procédures souvent totalement idiotes servant à dénicher des petits bijoux comme Comix Zone, ou encore Ristar. Je ne vous dévoilerai pas ces secrets, mais je peux vous dire que vous allez être désagréablement surpris.
- Bande son13/20
Bénéficiant d'une qualité sonore médiocre, la Megadrive et la Game Gear n'étaient en effet vraiment pas réputées pour cela, les différents titres que vous aurez à parcourir font toutefois appel à vos souvenirs dans une farandole d'effets dignes de synthétiseurs endommagés, mais tellement bons à réentendre. A noter les compositions enjouées de Sonic 3 qui donnent véritablement une ambiance particulière au soft.
- Scénario/
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Flottant sur la vague de plus en plus étendue de la nostalgie, ce Sonic Mega Collection Plus offre à tous les joueurs désireux de découvrir les monuments de jouabilité et d'intérêt une occasion inespérée. S'adressant autant aux fans qu'aux novices donc, il commet pourtant l'affront de ne pas être assez complet pour les uns, et pas assez attirant pour les autres. Une bonne compilation malgré tout, qui aurait mérité un peu plus d'égards. Et je finirais sur ces mots de Jean Giraudoux : "De ces hérissons écrasés, vous en voyez des dizaines qui ont l'air d'avoir eu une mort de hérissons. Leur museau aplati par le pied du cheval, leurs piquants éclatés sous la roue, ce sont des hérissons crevés et c'est tout. Ils sont crevés, en raison de la faute originelle des hérissons, qui est de traverser les chemins départementaux ou vicinaux..."