Ce qui apparaît donc une fois de plus comme une preuve de l'égalité flagrante entre êtres humains et mutants. Logiquement cela impliquerait une vie simple, une coexistence qui n'existerait même pas, car elle n'aurait pas besoin de porter de nom. Bref une vie simple et pure. Mais de nombreux groupuscules ne l'entendent pas de cette oreille, et les gouvernements humains, ayant du mal à accepter la différence corporelle de ces êtres surprenants, décident de poursuivre ceux-ci et de les éradiquer. Une attitude détestable, qui en plus de cela, amène certains mutants à haïr les hommes, les considérant comme des créatures inférieures, car dénuées de capacités surnaturelles. Et au milieu de cet imbroglio ethno-politique, le professeur Xavier, pacifiste devant l'éternel, se décide à fonder une académie secrète pour mutants, conçue pour les abriter et leur donner toutes les chances de réussir leur vie personnelle et professionnelle. Oeuvrant pour le bien-être de tous, ses élèves se doivent aussi d'intervenir dans les conflits opposant les vils adhérents à la Fraternité, sorte de groupement de mutants révolutionnaires et agressifs aux foules humaines se croyant douées de raison. Et comme vous avez une chance insolente, vous allez pénétrer dans la peau de plusieurs des gentils étudiants du professeur X (pour Xavier) se voyant confier diverses missions plus ou moins risquées, mais légitimes. Très fidèle aux diverses séries de comics mettant en scène les célèbres Cyclope, Tornade, Jean, ou encore le charismatique Wolverine, X-Men Legends se propose de vous donner avec grâce une aventure inédite, débutant armée de grosses ficelles scénaristiques, mais apportant dans son panier une réalisation splendide.

En effet, s'il y a bien une chose que l'on ne peut reprocher à X-Men Legends, c'est bien sa qualité graphique, et heureusement j'ai envie de vous dire. Par conséquent, et avant d'en venir aux choses qui fâchent, il est évident qu'en observant les différents décors du titre d'Activision, on parvient à ressentir l'expression d'une volonté évidente de développer un titre ambitieux, vecteur de l'esprit si particulier de la fameuse série issue des nombreuses pages du pendant outre-Atlantique de notre bande dessinée. Fins et détaillés, ces derniers s'avèrent qui plus est variés, et peu redondants d'un emplacement à un autre. On prend donc plaisir à parcourir les environnements léchés du soft, admirant à chaque occurrence le souci apporté à la mise en place de dégradés sincèrement probants, et surtout d'une cohérence sans faille. Dans le même ordre d'idées, les personnages, s'ils ne sont pas animés de la façon la plus convaincante qui soit, manquant parfois d'étapes entre certains mouvements, s'avèrent très fidèles à ce que l'on peut observer dans les plus récentes productions "papier", et bénéficient d'une représentation tout à fait digne d'éloges, mettant en valeur leur morphologie particulière, ou leurs attitudes spécifiques. De même, bien que les sprites ne soient pas suffisamment chaleureux et ne disposent pas d'assez de "corps", les vêtements et les visages sont raisonnablement précis et participent à l'attachement pour ces héros de pixels. Enfin, la présence de cinématiques, assez mal compressées, mais d'une qualité technique relativement stupéfiante contribue à donner un cachet imposant à ce titre. Mais cela suffit-il à justifier son achat ? Pas vraiment.

Curieusement, cette adaptation N-Gage souffre des mêmes défauts que ses inspiratrices sur consoles de salon, parvenant parfois à les sublimer, ce qui est assez conséquent pour être signalé. Le principal reproche que l'on peut émettre à l'encontre du jeu, qui malheureusement se présentait plutôt bien, repose sur les épaules assez friables du gameplay. Ce qui est encore plus handicapant au sein d'un hack'n slash. Le problème central se situe en fait dans l'interface de combat qui nie toute parenté avec l'accessibilité et ignore le sens du mot intuitif. Le principe demeure pourtant simple. Une fois engagé dans un pugilat, plusieurs choix s'offrent à vous. En premier lieu, le choix de la technique spéciale qu'il vous sera possible de déclencher via la touche 7 du clavier de votre télé... console pardon, et que vous devrez définir en maintenant le bouton 6. Une fois ce dernier soutenu, une croix s'inscrit à l'écran, figeant l'action. A chacune de ses extrémités réside une attaque particulière, qu'il vous faudra sélectionner en actionnant la direction équivalente sur la pavé directionnel. Une idée qui part d'un sentiment louable, empruntant un tant soit peu le système d'ordre de Rogue Squadron sur Gamecube, mais qui apparaît complètement dépassée lors de l'utilisation d'un objet. Pourquoi ? Me demanderez-vous. Et bien tout simplement parce que ce système nuit gravement aux possibilités d'action. Effectivement, mal pensé et peu ergonomique, il participera inconsciemment à votre perte dans de nombreux cas de figure. Reposant sur un schéma identique à celui évoqué précédemment, celui-ci présente la particularité de posséder plusieurs embranchements. En effet, vous débutez par l'affichage du type d'objet désiré, puis de l'item en question. Tout paraît idéal jusque là, mais il faut savoir que lorsque vous vous êtes trompé de genre, ou même carrément d'élément, vous ne pouvez pas revenir en arrière. Vous devez subir l'obligation de quitter le menu pour y retourner immédiatement ensuite, en réitérant la manipulation. Une contrainte vraiment imposante, qui s'accompagne d'une absence de renseignements directs sur la chose dont vous voulez vous servir. Evidemment son explication est disponible dans le menu général du soft, mais lors de la navigation durant les affrontements si vous avez le malheur de vous diriger sur un objet, vous l'utilisez automatiquement, sans savoir de quoi il s'agit. On s'y retrouve au bout de nombreuses heures avec l'habitude, mais tout cela est bien déséquilibré et mal finalisé.

Et comme si cela ne suffisait pas, les combats demeurent brouillons, simplistes dans leur approche et complètement éloignés de la fureur "calculée" que l'on rencontre dans les hack'n slash. Ici, nous retrouvons bien une vision chaotique du pugilat, mais sans le recul nécessaire à une compréhension des évènements, et surtout sans aucune stratégie ni mise en scène capable d'insuffler une once de plaisir ludique dans ces tas d'hommes aux contours flous. Pour en terminer avec cette longue litanie cruelle, je vous signale également la présence malheureuse de ralentissements, et d'un défilement subissant quelques accrocs, nuisant encore plus à un level-design peu inspiré et surtout répétitif à outrance. Et ce n'est pas l'aspect RPG surfait, commun à nombre de productions ces temps-ci, permettant d'augmenter ses statistiques et s'équiper des objets de protection ou d'attaques, qui permettra de remonter le navire X-Men Legends des fonds sur lesquels il s'est posé lestement. Un titre honnête dans le fond, mais trop lacunaire sur la forme pour convaincre. Dommage.