Cela arrive parfois, et heureusement que ce n'est pas habituel pourrait-on se dire, que les mots dépassent la signification ou tout simplement la conscience. En effet, et ce de manière typiquement naïve et simplement poussé par une volonté de quête d'une information cruciale, il nous arrive à tous de parcourir la boîte d'un titre que l'on vient d'acquérir ou qui se présente à nous. Ce que j'ai fait avec avidité. Si j'avais su à quoi m'attendre... Au détour d'une phrase colorée de jaune, m'est apparu ceci : "Premier jeu à rendre populaire la seconde guerre mondiale", suivi d'un peu plus loin d'un majestueux "... la guerre est loin d'être finie !". Preuves d'une tournure hasardeuse ou d'un terme oublié, ces "détails" mériteraient tout de même une légère refonte. Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui...
Popularisée (pas la guerre en elle-même) par sa recherche d'un gameplay prenant et vecteur d'un aspect stratégique indiscutable, ainsi que par sa difficulté, la série des Sudden Strike en est aujourd'hui à son quatrième épisode, en incluant bien entendu les add-on, comme celui qui nous interpelle aujourd'hui. Nommé "Resource War", il s'étend de 1941 à 1945, en vous proposant d'incarner selon vos goûts et désirs historiques les armées allemandes, britanniques, et américaines entre autres factions militaires et de surcroît belliqueuses. Vous aurez donc à votre convenance deux campagnes allemandes, une campagne américaine, et une campagne anglaise (sans jeu de mots). Un choix assez restreint par conséquent, mais qui vous tiendra en haleine aisément de par l'âpreté de certaines missions et surtout à la vue du nombre assez conséquent d'objectifs à remplir au total. S'emparer d'usines désaffectées pour les remettre en état de fonctionnement en plein siège ennemi, acculer son adversaire dans un quartier spécifique d'une ville en proie à l'exaction la plus totale, ou encore disposer un pont de fortune afin de prendre votre opposant en tenailles ne sont que de maigres exemples des challenges qui vous attendent. Autant vous prévenir immédiatement, et à l'image des autres opus de la saga, la tactique est votre seule échappatoire. Sudden Strike n'est pas Age Of Empires, aussi n'imaginez pas fonder une armada de tanks, même équipés d'un blindage lourd, dans le vain espoir d'écraser vos rivaux d'un revers d'une main puissante et énergique. Vous subiriez une défaite cuisante et plus que ça, honteuse. La précipitation est vraiment l'alliée de votre perte. Mais ne vous alarmez pas, le soft vous confie tous les moyens de mener à bien ce pourquoi vous vous êtes engagé. Encore faut-il savoir les gérer intelligemment.
Habitué désormais de longue date des systèmes ingénieux initiés dans Sudden Strike 2, comme par exemple l'alternative du tunnel pour se faufiler sous les lignes ennemies, ou encore la présence de bateaux et d'avions rendant l'affrontement encore plus total. Alors que l'on pouvait s'attendre à une extension sans saveur, à l'image de la mode actuelle, Resource War apporte des petits compléments originaux et relativement sympathiques. En effet, si le jeu n'est pas révolutionné sur le fond, on note un revirement assez conséquent sur la forme. Effectivement, sempiternellement porté par des concepts aussi intéressants et immersifs que le ravitaillement en munition par des unités tierces dans la fureur de la bataille, la capture de véhicules, et l'utilisation de l'environnement à des fins stratégiques majeures, ce RTS de qualité s'octroie le luxe, comme son nom l'indique d'introduire une nouvelle donnée, la gestion des ressources. Bien moins poussée que dans des titres références comme Empire Earth, ou encore Rome Total War, la collecte est ici axée sur ce que l'homme a de plus précieux selon les économistes, à savoir le pétrole, et par extension l'essence. En effet, chaque camp en présence dispose de ses propres camions-citernes, véritables biens précieux à protéger peu en importe le coût. Ce sont les seuls engins capables de répondre aux besoins moteurs de vos troupes et par la même à leur marge de progression. Posséder un "chasseur de char" M18 Hellcat c'est bien, mais ne pas pouvoir s'en servir faute de carburant, ça l'est tout de suite moins. Vous serez par conséquent soumis parallèlement à la recherche effrénée de véhicules capable de transporter le noir nectar lorsque les vôtres auront été mis en pièces ou tout simplement dans le cas où vous n'en posséderiez aucun au commencement d'une campagne. Farouchement gardés, vous devrez utiliser vos meilleures diversions pour parvenir à y faire monter deux fantassins, à même d'en prendre possession et de le ramener à votre camp. Il en est de même avec les engins destinés à la réparation.
Tout aussi dignes d'intérêt, ceux-ci amorcent également une approche inédite du gameplay. En fait, et grâce à ces unités de haute technologie (pour l'époque du moins), vous allez découvrir les joies de la prise de position en territoire occupé, liée avec la production d'unités, principes inconnus de la série des Sudden Strike. Néanmoins ne vous sentez pas effrayé, l'insertion de ces récentes capacités se fait en douceur, apportant même une dimension bien plus profonde à la stratégie s'étendant sur l'ensemble du titre. En résumant un tantinet, il est possible d'exposer la marche à suivre de cette manière-là : Il vous arrivera en effet souvent de croiser des bâtiments militaires abandonnés, ce qui n'est pas trop gênant si tant est que vous y placiez quelques hommes, ou encore des complexes pratiquement rasés, ce qui se révèle plus problématique. Dans ce cas de figure-ci, il ne vous reste plus qu'à appeler l'un de vos camions de dépannage, et de reconstruire avec fierté les ruines vous faisant face. Et si par le plus grand des hasards, ou par un coup tactique, vous parvenez à relever une usine, il ne vous restera plus qu'à admirer la naissance de nombreux petits chars, avec une larme à l'oeil. Un objectif crucial comme vous pouvez le remarquer, qui nécessitera la plus grande prudence. Vos opposants ne sont pas complètement fous, et ne vous laisseront pas faire impunément. Toutes ces subtilités nouvellement débarquées, accompagnées maintenant de la prise en compte d'un champ de vision déterminant la réactivité des diverses classes engrangées, en accord avec les excellentes idées anciennement présentes donnent un ensemble très convaincant et réellement passionnant, qui ne se prive pourtant pas d'afficher certaines lacunes traînant en longueur.
Pointée du doigt depuis ses début, la réalisation graphique n'est en effet pas véritablement au service du jeu. Mettant en scène des unités humaines très peu détaillées et des véhicules ne bénéficiant pas de réelles qualités tant en représentation qu'en finesse, ce dernier ne propose toujours pas un réglage salvateur du point de vue. Pas de gros plan ni de plan large. Vous êtes obligé de subir la même vision du champ de bataille tout au long de vos parties. Non que le tout soit détestable, loin de là, mais l'action n'est parfois plus vraiment lisible, et l'on se trouve sans cesse face à une disparition de petits soldats sympathiques derrière un bosquet d'arbres ou un bâtiment, quand ils ne sont pas masqués par un tank ou une jeep. Il n'est de ce fait pas rare de se sentir frustré dans la mise en place de sa tactique, simplement limité par la présence d'un sapin (fort joli d'ailleurs). Un détail qui commence à ne plus en devenir un au gré des versions présentées. A quand un remaniement ? Dans un ordre d'idées similaire, la pathfinding, s'il est correct dans l'ensemble souffre assez fréquemment d'errances incompréhensibles. Un exemple parmi d'autres, il suffit que vous placiez deux véhicules l'un derrière l'autre sur un pont et que vous donniez l'ordre à celui bloqué par le second de reculer. Qu'arrive-t-il selon vous ? Et bien rien justement. L'engin obstruant le passage ne bougera jamais seul. Les rochers un tant soit peu allongés et les arbres trop épais seront donc des armes imprévisibles contre votre avancée. Une donnée supplémentaire que l'on aurait souhaité ne pas avoir à gérer.
Au final, Sudden Strike : Resource war se présente donc comme un add-on convaincant dans sa globalité, mais conservant consciemment des errances qu'on aimerait sincèrement ne plus revoir après quatre versions différentes d'une série. Prenant et stratégique à outrance, ce titre passionne immédiatement et pousse à tester ses talents réflexifs par pure volonté de puissance. Est-ce mal ? Pas plus que ça en fin de compte.
- Graphismes13/20
La réalisation reste sempiternellement figée au gré des versions, et l'on regrette toujours autant l'absence d'une meilleure vision pour appréhender le terrain. Si seulement un zoom, ou divers angles de caméra se trouvaient disponibles, le titre bénéficierait d'un ajout d'intérêt non négligeable. A noter tout de même la présence d'environnements naturels plutôt réussis et d'une gestion des explosions et autres effets spéciaux de bonne facture.
- Jouabilité15/20
Bénéficiant d'un nombre assez considérable de possibilités d'action, le titre se pare en sus de nouvelles capacités attirantes et renouvelant vraiment l'approche du gameplay. Vous n'aurez plus seulement les yeux rivés sur vos unités dans un but offensif, mais aussi pratique désormais. Gérer la jauge d'essence n'est pas rien, surtout quand vos yeux balayeront l'écran de façon à découvrir des bâtiments à capturer. On ressent donc une tension de tous les instants, qui pousse toujours à se surpasser et à varier les plans d'assaut. De plus, l'interface claire et pratique permet de prendre le titre en main très rapidement, ce qui n'est pas négligeable. Si seulement ce maudit pathfinding...
- Durée de vie16/20
Un nombre de missions solo assez conséquent attend le commandant que vous êtes de pied ferme. Difficiles et rapidement intéressantes, elles vous permettront de ne pas décrocher avant de nombreuses heures. Et si cela ne vous suffit pas, la possibilité de jouer en multi sur internet et la présence d'un éditeur de carte simple d'accès devraient vous transporter de joie. C'est le principal.
- Bande son15/20
Les différentes compositions musicales disposent de mélodies souvent épiques et en adéquation parfaite avec les situations traitées, qui plus est orchestrées et disposant de ce fait de sonorités de qualité. Dans le même esprit, les explosions et les tirs s'extirpant aux alentours ajoutent un cachet encore plus immersif à votre expérience de jeu. A part ça, les voix ne sont pas spécialement convaincantes, tirant parfois au risible.
- Scénario15/20
Il faut saluer le respect évident aux faits historiques et la mise en scène relativement correcte des évènements, mais peut-on parler véritablement de scénario ? Un cours d'histoire ludique serait plus approprié.
Fier add-on de qualité, Sudden Strike : Resource War mérite amplement que les amateurs de RTS se jettent dans ses filets bien tendus. Immersif, accrocheur et relativement innovant, celui-ci permettra aux frustrés de Sudden Strike 2 de poursuivre leur quête historique d'un pouvoir toujours plus proche. Ode à la stratégie, ce volet, bien que proposant encore quelques lacunes irritantes fera bonne figure dans votre ludothèque d'ancien combattant du PC (Personal Computer je précise). Engagez-vous qu'ils disaient !