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Test The Suffering

The Suffering : Gore et barbare

The Suffering
10 515 vues
Profil de Dinowan,  Jeuxvideo.com
Dinowan - Journaliste jeuxvideo.com

Venu tout droit de nos salons, The Suffering tente de faire une percée sur PC, à mi-chemin entre un Max Payne, un Doom 3 et un Silent Hill, le titre de Midway joue la surenchère d'hémoglobine, au détriment d'idées pas mauvaises qui auraient pu maintenir à flot un gameplay qui ne nage pas très bien.

The Suffering

Le glauque est à la mode dans les jeux d'action. The Suffering a bien saisi le message et n'hésite pas à engluer son héros dans une mare de sang qui va élégamment colorer sa tenue de prisonnier. Car oui, le héros est un taulard, un condamné à mort même s'il ne se souvient pas pourquoi, on lui dit qu'il a froidement abattu femme et enfant, lui ça lui dit rien. Comble de malchance, on l'envoie attendre sa piqûre dans une prison maudite qui ne tardera pas à être envahie par une horde de créatures maléfiques au design particulièrement macabre et malsain. C'est ce que nous présente l'intro du jeu, une intro où à tout moment, on s'attend à voir débarquer le fringuant Steven Seagal, parce qu'avouons-le, si Suffering fait fort sur un point, c'est bien la qualité de ses doublages... à condition qu'on soit supposé rire évidemment. "Je fais aussi la cuisine" comme dit Steven.

The Suffering
Je me suis fait un nouvel ami, mais il est pas super futé.
Donc c'est glauque. A la manière d'un survival horrror, The Suffering est couvert de sang, sur les murs, au sol, sur vous, partout ça suinte l'hémoglobine, pire que sous les aisselles d'un beauf sur la côte. Pire, à chaque instant on tente de vous faire basculer dans la folie puisque le héros entend des voix qui lui recommandent de se fourvoyer dans la plus grande cruauté en liquidant le moindre survivant qu'il croise, alors que d'autres voix lui suggèrent de leur venir en aide. On croise des apparitions fantomatiques surgies d'un lointain passé, spectres de condamnés à mort, bourreau qui donne un cours d'exécution. Sans parler des hallucinations fréquentes du personnage principal. The Suffering emprunte aux experts de l'angoisse et de la folie douce, de ce bon vieux Max Payne à Doom en passant par Silent Hill. Seulement voilà, la sauce a un peu de mal à prendre finalement. D'abord, le fameux choix d'aider ou non n'a aucune incidence sur le jeu en lui-même, cela ne fera que changer la fin. Et surtout la surenchère de violence qui se dégage de l'action, tue dans l'oeuf l'instauration d'une véritable ambiance pesante et prenante. On n'en a rien à secouer d'écouter une voix baragouiner des trucs obscurs quand on est occupé à démembrer les 6 trucs baveux et belliqueux qui nous sautent à la gorge. Alors oui, c'est malsain, mais finalement, c'est plus violent et sanglant que véritablement éprouvant. Et un autre détail a tendance à rendre le tout peu crédible : la qualité des dialogues et principalement du doublage VF. Mauvaises intonations, jeu façon pub de lessive tout y est. On atteint le sommet quand un personnage nommé Byron (donc "baïronne") est appelé Biron, avec l'accent franchouillard qui va bien. De bout en bout, on rit. Et tout cela est vraiment dommage car dans le fond, il y a de l'idée, de très bonnes idées même, notamment dans ces voix omniprésentes qui s'insinuent dans l'esprit du personnage, mais le côté malsain ou dérangeant ne parvient à s'affirmer que trop rarement.

The Suffering
Je vous présente Torque après 8 ou 9 expresso.
Pour ce qui est du gameplay, on lorgne franchement et sans prise de tête vers l'action. Vous êtes là pour fondre du lard de démon, et vous allez le faire à grandes rafales de mitrailleuses en vous jetant sur les côtés pour faire une roulade d'esquive de temps à autre. Histoire de dire que vous avez pu éviter de vous choper un coup de patte dans le nez. Un peu comme son pote Max Payne, Torque (ah oui Torque c'est le nom du héros) dispose d'une jauge qu'il remplit en enchaînant les tirs. Par contre il ne s'agit pas ici de mettre en branle un bullet time mais bien de transformer Torque en un super démon qui se fera une joie de lacérer ses ennemis. Amusant, en dehors du fait que vu sa taille et l'exiguïté des lieux, on ne voit plus grand chose à l'écran. Mais le plus gros ennui, c'est qu'on a trop vite le sentiment d'avoir fait le tour du jeu. On tire, on cogne, mouais, parfois on nous demande de déplacer un bidule pour grimper dessus et on doit résoudre des énigmes qui n'éffrairaient pas ma nièce de 4 ans (bisous puce, mais lis pas ça). Si on ajoute que la maniabilité laisse parfois à désirer en raison d'un manque de précision parfois un poil agaçant... Bon, sans compter que niveau level design, on a aussi vu mieux. Alors je sais qu'une prison n'est pas un lieu dans lequel on doit s'attendre à une grande variété architecturale fantaisiste mais tout de même. En tout cas, on peut apprécier le design des créatures et certains efforts de mise en scène qui font mouche. Pas assez, soit, mais tout de même.

The Suffering
A force de faire voler du sang, on n'y fait même plus attention.
Sur le plan bassement technique, The Suffering est plutôt limite en revanche et on s'en rend compte dès la cinématique d'intro. De gros modèles polygonés en diable, des textures pas détaillées, des éclairages qui font un peu miséreux sur PC et des interactions avec l'environnement limitées aux stricts scripts de progression. En clair, Midway va avoir du mal à tenir tête aux production actuelles. D'autant que si d'une manière générale, le jeu est fluide, il lui arrive d'avoir de très étranges ratés et de voir son frame rate partir complètement en sucette sans qu'on s'explique pourquoi. Et alors coup de maître qui tue la gueule, après avoir installé The Suffering, vous aurez la chance de voir l'icône du disque dur remplacée par celle du jeu dans le poste de travail ! Enfin moi en tout cas ça m'a fait drôle. Et en définitive, c'est sans doute ce qui fait le plus peur dans le jeu.

Les notes
  • Graphismes12/20

    Le level design est assez répétitif, heureusement celui des créatures compense assez bien cette lacune. Mais tout cela est assez limité du point de vue technique, fatalement l'esthétisme en prend un coup quand on compare le titre à d'autres pointures. Même à côté de Max Payne 2 sorti il y a un petit moment, Suffering fait pâle figure. Eclairages simplistes, pas de physique, modèles grossiers etc.

  • Jouabilité10/20

    Alors qu'il misait tout sur son ambiance, The Suffering n'arrive pas à l'imposer réellement, elle est là, mais on l'oublie facilement, perdue sous des flots de sang trop mis en avant. Du coup il ne reste pour se distraire que le gameplay pur et dur, de l'action grasse, linéaire et trop vite redondante.

  • Durée de vie12/20

    Une dizaine d'heures pour voir l'une des fins du jeu, on pourra y revenir pour avoir droit à une autre conclusion ou simplement collecter des documents bonus. Un peu artificiel tout ça.

  • Bande son12/20

    Peu de musiques mais une ambiance sonore assez réussie faite de bruits divers et plus ou moins angoissants. L'idée d'accompagner le joueur en le harcelant de voix intérieures est fort bonne, mais vu la qualité du doublage, ici ou dans les dialogues, on aimerait autant être seul parfois.

  • Scénario12/20

    Encore une fois, de l'idée mais une concrétisation qui laisse à désirer. La comparaison avec Max revient puisque vous êtes là aussi hanté par les démons de votre passé, mais la mise en scène pèche trop souvent.

Difficile d'établir une bonne balance entre violence, grosse action et atmosphère saisissante. The Suffering n'y arrive pas vraiment et on se retrouve face à un jeu d'action somme toute très bourrin, qui a parfois des traits de génies qui font mouche, et la plupart du temps des efforts mal valorisés et qui tombent à l'eau, noyés sous une violence sanguinolente à outrance. Si vous cherchez un jeu mêlant ambiance dérangeante et action efficace, vous savez où chercher, il s'appelle Max et il est dans l'annuaire.

Note de la rédaction

10
15.3

L'avis des lecteurs (12)

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