Vous avez peut-être fait l'impasse sur le film du Roi Arthur, sorti en salles courant 2004. Si je puis me permettre, vous avez été bien inspiré sur ce coup-là. Quoiqu'il en soit, Konami offre une seconde chance à tous ceux qui sont passés à côté de la légende du roi et de sa table circulaire. Comme c'est gentil.
Un peu en retard sur la sortie ciné du film, mais pile poil dans les temps pour accompagner le DVD, le Roi Arthur et sa bande de joyeux chevaliers gominés arrivent en jeu vidéo pour nous faire revivre les moments forts du long métrage, si tant est qu'il n'y en ait quelques-uns. Apparemment oui, puisque Konami est parvenu à nous préparer six niveaux qui retracent le parcours de la bande dans les contrées brumeuses de Grande-Bretagne. Mais là n'est pas la question, puisque le jeu est un beat'em all, genre pour lequel le scénario n'a qu'une importance toute relative. S'il fallait trouver une source d'inspiration au Roi Arthur, on la puiserait indiscutablement du côté des jeux d'Electronic Arts basés sur le Seigneur des Anneaux, tant il y a de similitudes entre eux. Bien qu'Electronic Arts n'ait rien inventé dans ce domaine (après tout, le système de jeu des Deux Tours et du Retour du Roi sont très classiques), ses jeux sont devenus des références, et Konami ne s'est pas gêné pour en copier les lignes directrices. A commencer par le gameplay en tout point égal.
Au début de chaque niveau, on choisit le personnage que l'on veut incarner. On a toujours le choix entre deux protagonistes : Arthur ou Lancelot, Tristan ou Dagonnet... La décision n'a pas beaucoup d'importance, en dehors du physique, et de l'arme utilisée, il n'y pas de différences. Votre avatar dispose de trois sortes de coups de bases (rapide, normal, fort) et d'une parade, pas toujours efficace, malheureusement. Il peut également se servir d'une arme de jet, en l'occurrence d'un arc, pour dégommer les bandits postés en hauteur. En multipliant les assauts sans prendre de dommages, une jauge se remplit pour permettre lorsqu'elle est pleine de déclencher une botte secrète, soit un petit état de grâce qui vous rend plus puissant le temps d'un instant. Après chaque zone, un récapitulatif de vos exploits est effectué, vous permettant de dépenser des points dans l'amélioration de votre héros et dans l'achat de nouvelles combos. Au passage, notez que l'amélioration est valable pour tous les personnages, et pas seulement pour celui qu'on vient de contrôler. Ainsi, contrairement aux jeux EA, on n'aura pas à reprendre plusieurs fois le jeu pour booster les compétences de tout le monde. En contrepartie, l'évolution se fait plus lentement.
La progression n'est qu'une ribambelle de joutes chaotiques contre des ennemis nombreux et mal organisés. Attirés par vous, comme par un aimant, ils se ruent à votre rencontre, sans prendre attention des quelques pièges qui pourraient les ralentir (rochers qui tombent d'une falaise, arbre qui s'écroule...). Le pire est qu'ils ne semblent même pas remarquer le comparse qui vous accompagne en permanence. De coup, vous vous retrouverez généralement seul à faire tout le travail. Un luxe dont vous vous seriez volontiers passé vu la taille assez importante des niveaux. Et surtout parce que si vous perdez toute votre santé, il faudra recommencer le stage depuis le début. Et cela, même si vous n'étiez qu'à un ennemi de la fin. Je peux vous garantir qu'après 15-20 minutes à donner des coups d'épées pour finalement mourir à deux pas du niveau suivant, vous n'aurez pas forcément la motivation de recommencer. Le problème ne vient pas seulement de la difficulté mal dosée, mais aussi de la mise en scène très plate qui peine à se renouveler au long des niveaux. Aucun effort n'est fait à ce niveau. Les ennemis arrivent par vagues successives et tant que vous ne les aurez pas tous envoyés à terre, vous ne pourrez pas passer à la prochaine zone du jeu. Ca devient très vite lassant, les niveaux se ressemblent tous et jamais on ne ressent le souffle épique qui aurait dû faire qu'on se passionne pour la quête du Roi et de ses équipiers. Même les quelques niveaux où vous serez à cheval tombent à plat. Ils ne parviennent pas dynamiser le jeu, au contraire. Les déplacements sont alors plus lents et plus laborieux qu'à pieds, nous faisant alors sombrer dans un ennui très prononcé.
Si la mise en scène se contente du minimum, il en va aussi de la réalisation sans éclat. Les décors sont pauvres, de même que les personnages et que leurs animations, toutes très raides. Il faut voir le roi se déplacer avec son arc en le tenant toujours parallèle au niveau du sol sans jamais relâcher la tension. C'est d'un ridicule. J'avoue que la musique du film ne m'a pas marqué plus que ça, mais je suppose qu'elle prête quelques notes à celle du jeu, de même que je suppose que les acteurs à l'écran ont donné de la voix pour animer un peu les combats. Mis à part les textes, tout est en anglais. Même les cinématiques qui se chargent de faire les transitions entre les niveaux. Au final, le pauvre Roi Arthur n'aura pas brillé au cinéma (sauf des cheveux, mais ça c'est parce qu'il a abusé du Pento), il loupe tout autant sa séance de rattrapage offerte par Konami. Tant pis pour lui.
- Graphismes12/20
Etrangement, dans le film les personnages sont tous tirés à quatre épingles, les cheveux bien coiffés et la barbe bien taillée. Moins apprêtés pour le jeu, ils se sont tous revêtus de textures baveuses sûrement dans le but d'être raccord avec les décors peu engageants qui les entourent.
- Jouabilité10/20
Une jouabilité ultra classique, voire même basique qui ne cherche pas à innover. Puisque le jeu peine à se renouveler, on a l'impression de rejouer six fois le niveau. C'est assez usant, je dois dire.
- Durée de vie13/20
La difficulté mal dosée rend le jeu plus ardu qu'il ne l'est réellement puisqu'on est obligé de recommencer un niveau depuis le début si on a la malchance de perdre en cours de route.
- Bande son11/20
Quelques envolées musicales mais rien de très palpitant. Rien qui donne un esprit héroïque à la quête du roi. Les bruitages sont sommaires tandis que les voix restent en anglais.
- Scénario8/20
A cause de la mise en scène ratée, on ne s'intéresse guère au sort des chevaliers de la Table Ronde. Leurs aventures ne sont pas passionnantes et leurs objectifs de missions se résument souvent à tuer un certain nombre d'ennemis pour progresser.
Moins spectaculaire que le Retour du Roi, moins amusant aussi, Le Roi Arthur ne soutient pas la comparaison. Sans qualités évidentes, il se positionne comme un beat'em all très classique qui ne peut compter que sur sa licence pour espérer attirer l'oeil dans les linéaires. Si c'était un coup pour rire, mieux vaut encore se caler devant le DVD de Sacré Graal des Monty Python.