Scrapland n'est pas seulement l'un des noms de jeu les plus horribles de toute la galaxie des jeux vidéo, c'est aussi le doux nom que porte le nouveau projet de American McGee. Mais si, souvenez-vous, le monsieur qui après avoir travaillé sur Doom 2 et revisité le conte Alice Aux Pays Des Merveilles en version trash, n'a plus fait parler de lui. Voyons voir de quoi il retourne.
Dans un futur qu'on espère très lointain, l'humanité aura complètement déserté la planète terre, laissant la belle bleue aux mains des machines, plus aptes à vivre au milieu des déchets et des débris. Ingénieux et travailleurs, les robots ont su reconstruire leurs villes et organiser une société hiérarchisée où chacun peut trouver sa place, si tant est que de l'huile coule dans ses circuits. Personne n'a plus jamais vu d'humain depuis des années, et personne n'espère en voir un jour. Pour ainsi dire, l'homme n'est plus qu'un vague souvenir, un conte destiné à faire frémir les petits boulons, le soir au coin du chalumeau. C'est dans cette ambiance que D-Tritus, un robot assez naïf, débarque sur la planète, rebaptisée pour le coup Scrapland. Il ne connaît personne, et personne ne le connaît. Pourtant, il va vite se retrouver au coeur d'une grande histoire dès lors que l'Archevêque est retrouvé mort dans la friteuse qui lui sert de sauna. Tout le monde pense à une attaque d'humain, mais si ce n'était pas ça ? S'il s'agissait d'autre chose ? D'une bête encore plus effrayante qu'un humain...
Aux premiers abords, Scrapland rejoint la catégorie GTA-like. Il s'agit effectivement d'un jeu laissant à l'utilisateur une certaine liberté de mouvements, le faisant évoluer au gré des missions dans une vaste ville composée de plusieurs quartiers. Véritable fourre-tout d'objectifs en tout genre (courses, infiltration, action), le titre fait donc bien penser à ce genre de jeux. L'inspiration est bien là, pas au point d'en faire une pâle copie de GTA, mais suffisamment pour en extraire quelques mécaniques de jeu déjà bien rodées. On navigue ainsi de mission en mission en obéissant scrupuleusement aux ordres qu'on nous refilent. D-Tritus a beau être un parfait inconnu sur Scrapland, il ne tarde pas à se faire des amis, grâce à son tout nouveau boulot de reporter. Ce job lui permet d'être tenu informé de tout ce qui se trame d'intéressant en ville. Mais bon, journaliste ou pas, monsieur Tritus n'est pas le bienvenu partout. C'est même tout le contraire. Heureusement, pour pouvoir se faufiler au nez et à la barbe de tous, D-Tritus a la capacité de modifier son apparence. Pour être plus précis, il peut, en se connectant à une base de données, voler la matrice de quelqu'un d'autre et se changer en cette personne. Du coup, au lieu de contrôler D-Tritus tout au long de l'aventure, on se retrouve avec seize personnages différents, tous avec leur spécialité bien à eux. Déguisé en banquier, le héros peut alors voler ses concitoyens, en maire, il peut endormir une audience, alors qu'en fonctionnaire, il est capable de déformer le temps. Et ce n'est pas tout, tandis qu'en infirmier il assommera tout le monde en se servant d'un marteau et qu'en simple flic il rackettera les braves gens, il pourra aussi prendre l'apparence du chef de la police pour passer son temps à... roter. Tout un programme, croyez-moi. La critique de la société est donc assez poussée, et touche même D-Tritus qui est fier d'annoncer à qui veut bien l'entendre qu'il est un robot qui s'est construit tout seul (comprenez un self made robot en anglais).
Si beaucoup de missions se déroulent à pieds dans le centre ville, beaucoup d'autres impliquent le pilotage d'un vaisseau à travers les rues et les couloirs aériens de la cité. Je vous avouerai que ces phases ne sont pas les plus réussies en raison du maniement parfois chaotique de la navette. Mais puisqu'au fil de l'avancement, on gagne des plans pour construire de nouveaux vaisseaux, on peut penser que le pilotage s'améliorera au fur à mesure. Ce sera à vérifier lors du test que nous ne manquerons pas d'effectuer plus tard. Pour l'heure, cette preview laisse une drôle d'impression puisqu'on y voit du très prometteur comme du moins encourageant. Sans revenir sur les séquences de pilotage, le gameplay global semble avoir du mal à trouver son rythme. On navigue un peu au radar, en se laissant guider par les différents objectifs, mais sans trop apprécier la liberté qui nous est pourtant offerte dès le départ. En fait, on a du mal à entrer dans l'univers de Scrapland, où tout nous est livré d'un bloc sans réelle phase d'apprentissage. Subitement, il faut nous faire aux règles qui régissent le monde des robots, d'où le sentiment d'être un peu perdu dans cet univers presque hermétique aux humains que nous sommes. Peut-être est-ce là une impression qui s'estompera au fil des heures de jeu ? Ca aussi, nous devrons le vérifier avec la version finale.