Il naquit sur NES en 1989 et déchaîna les passions au sein d'une communauté de joueurs qui se l'arrachèrent comme le messie. Sujet à polémique pour les écarts qu'il osa faire en regard des autres opus de la série, Zelda 2 prouve aujourd'hui qu'il mérite son titre de jeu culte en s'offrant une sortie dans la gamme NES Classics.
Parce qu'il est trop souvent décrit comme l'épisode le plus éloigné de l'esprit de la série et décrié pour ses particularités audacieuses, on en oublierait presque que Zelda 2 constitue pour certains joueurs le chapitre le plus fascinant de la saga. Vous aurez compris que j'en fais justement partie, ce titre étant pour moi le meilleur jeu vidéo existant à ce jour, rien que ça ! Mais n'ayez crainte, je vais tout de même tâcher de faire preuve de la plus grande objectivité possible pour vous expliquer pourquoi la sortie providentielle de Zelda 2 sur GBA constitue un événement à ne surtout pas manquer.
Vous m'excuserez de ne pas m'attarder sur le scénario qui constitue pourtant un chaînon important dans la mythologie de la saga, mais vous en trouverez un bon résumé dans la notice. Et puis ça me permettra de m'attarder plus longuement sur tout ce qui fait de Zelda 2 l'un des volets les plus intéressants de la série. Il y a d'ailleurs tant à dire que je ne sais pas par où commencer, d'autant que j'avais déjà eu la chance de m'exprimer sur ce titre à l'occasion du dossier consacré à l'ensemble de la série. Alors faisons comme si nous ne connaissions rien du jeu et découvrons ensemble ses particularités.
Nous sommes en Hyrule, au pied de l'autel sur lequel repose le corps de la princesse Zelda qui ne reprendra vie que lorsque Link aura mené à bien sa quête. Son périple consiste à explorer le vaste royaume pour trouver les six palais au fin fond desquels se trouvent des gardiens qui protègent l'accès aux six statues sur lesquelles il devra placer six cristaux. La route est longue pour y arriver, et les premiers pas dans l'aventure nous font perdre les repères que nous avions. Le jeu adopte en effet une vue latérale en scrolling qui rompt avec la tradition des Zelda en vue de dessus. Les déplacements du héros s'en retrouvent limités, mais ce n'est pas le cas de ses capacités. Link nous étonne par ses talents d'épéiste en enchaînant à une vitesse folle les estocades, les parades, les attaques sautées vers le haut et vers le bas, et possède une très large palette de sorts allant du boulier reflet à l'épée de feu en passant par la transformation en petite fée. Bien sûr, toutes ces capacités ne sont pas accessibles au départ et il faut atteindre un bon niveau avant de pouvoir sentir toute la puissance et l'agilité du personnage.
Zelda 2 introduit en effet la notion de points d'expérience que l'on ne retrouvera dans aucun autre volet de la série. Chaque ennemi vaincu rapporte un capital de points qui permet de renforcer l'attaque physique, la magie ou l'endurance de Link. On voit donc le personnage s'aguerrir au fil des niveaux, ce qui ajoute un côté RPG très agréable. Les déplacements longue distance s'effectuent sur une carte où ont lieu des rencontres pas si aléatoires que ça puisque les ennemis sont visibles et qu'il est possible de tenter de les éviter. Une fois le combat engagé, le jeu repasse en vue latérale et l'affrontement se déroule en temps réel. Le royaume d'Hyrule étant divisé en deux parties plutôt vastes, on comprend pourquoi la cartouche du jeu original sur NES fut l'une des premières à proposer une pile de sauvegarde. Le héros dispose en effet d'un nombre de vies limité qui mène inéluctablement au Game Over et à la perte des points d'expérience récoltés. C'est l'une des raisons qui rend le jeu aussi difficile, avec le design très fourbe des palais et le comportement agressif des ennemis.
Bien des joueurs auront d'ailleurs rapidement baissé les bras devant le niveau de difficulté du jeu et la liberté un peu déstabilisante qui est offerte au joueur dès le début de l'aventure. Pourtant, le jeu n'offre rien d'insurmontable et le challenge corsé ne fait que motiver davantage le joueur et renforce la tension qui règne durant toute l'aventure. Une fois bien compris le principe du jeu, on n'hésite plus à s'enfoncer dans les territoires inexplorés à la recherche de villes cachées ou d'artefacts perdus. Bien que les textes demeurent en anglais, comme dans la version originale, certains dialogues sont d'une importance cruciale dans la mesure où ils révèlent des indices quasiment impossibles à deviner par soi-même. Le jeu recèle de secrets insoupçonnés qui suffiraient à eux seuls à rendre l'aventure passionnante si le gameplay n'était pas là pour attirer toute l'attention vers lui.
Je ne peux pas m'empêcher de revenir sur ce que je considère comme le véritable point fort de Zelda 2 : son gameplay. En plus de l'aspect RPG, du level design fabuleux des palais et des multiples secrets du jeu, ce qui rend Zelda 2 aussi somptueux à jouer (du moins si vous allez assez loin dans le jeu pour en mesurer tout le potentiel) c'est son gameplay. Bénéficiant d'une jouabilité impeccable qui induit une précision au pixel près, Zelda 2 propose des affrontements qui à mon avis ne possèdent aucun équivalent. En plus des phases plutôt tournées plates-formes, je pense notamment aux nombreux parcours d'obstacles que l'on trouve aussi bien en extérieur que dans les palais, on a également fréquemment l'occasion d'entamer des joutes à l'épée avec des chevaliers, des squelettes ou tout autre épéiste digne de ce nom. La parade au bouclier étant automatique dès lors que l'on cesse d'attaquer, les combats tendent rapidement vers de véritables joutes épiques où chacun tente de prendre l'adversaire de vitesse pour placer un coup à hauteur du torse ou des jambes que l'autre n'aura pas vu venir. Je me rends compte que c'est difficile à expliquer mais, bon sang, quel plaisir de jeu ! Le tout atteint son paroxysme lorsque l'on affronte des chevaliers capables de tirer à distance ou qu'il faut désarçonner. Je vous promets que les boss sont excellentissimes, et que, même si vous aurez parfois envie de jeter la console par la fenêtre à cause de la difficulté, la victoire n'en sera que plus délectable. Il va sans dire que si vous n'avez jamais eu l'occasion de jouer à Zelda 2 : The Adventure of Link, il serait plus que dommage de ne pas profiter de cette version GBA, et ce quels que soient les a priori que vous pouvez avoir sur ce titre. Beaucoup moins abordable que les autres volets de la série, ce second chapitre innove de bien belle façon en introduisant un gameplay qui n'a pas pris une ride aujourd'hui. Certes, la progression est relativement difficile, mais le plaisir de jeu qui en découle demeure inimitable.
- Graphismes8/20
Comme tous les jeux de la gamme NES Classics, les graphismes n'ont pas été retouchés pour l'occasion mais ils conservent cette authenticité qui saura immanquablement émouvoir les nostalgiques. Quant aux ralentissements, on peut toujours dire qu'ils ajoutent un "ralenti" sur l'action aux moments les plus tendus, en tout cas c'est ce que je croyais naïvement à l'époque...
- Jouabilité17/20
Personne ne me fera revenir sur cette note. Le gameplay de Zelda 2 génère un plaisir de jeu inégalé pour ce qui est des confrontations avec les chevaliers, mais aussi pour tout le reste grâce à son excellente précision. Difficilement abordable, le jeu révèle toute sa richesse une fois maîtrisés les coups vers le haut et vers le bas. Ne croyez pas avoir affaire à un simple jeu d'action en scrolling horizontal.
- Durée de vie16/20
Avec ou sans soluce, il faut jouer beaucoup et persévérer pour réussir à en voir la fin. La difficulté est bien réelle, mais l'aventure n'a rien d'insurmontable et le plaisir de jeu est tel qu'on ne s'en lasse jamais. La preuve, ça fait plus de dix ans que j'y joue en boucle !
- Bande son8/20
On pourrait croire que c'est le côté nostalgique, mais je refuse de croire qu'on puisse rester insensible aux thèmes du jeu (palais, villages). Vous vous souviendrez de ces thèmes pendant longtemps. Malgré tout, si on se re-situe dans le contexte, il faut reconnaître que les sonorités 8 bits semblent issues d'un autre âge.
- Scénario10/20
Le scénario est plus évolué que dans le premier volet, et cette fois il est possible de rencontrer des PNJ pour leur soutirer des renseignements très utiles afin de déceler les secrets du jeu. Les textes ne sont pas nombreux et très simples, mais ils demeurent en anglais.
Un jeu rétro qui obtient la note de 15/20 ce n'est pas courant, mais si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurais mis beaucoup plus. Zelda 2 est l'exemple type du jeu dans lequel il faut s'investir totalement pour en entrevoir tout le potentiel. Le gameplay est un modèle d'intelligence et de précision, et je ne connais rien d'aussi palpitant que les duels avec les chevaliers. La refonte totale du système de jeu opérée après Zelda 1 a donné vie à un titre à part dans la série, mais tout aussi culte, si ce n'est plus !