Le net (alias internet, et pas une marque de produit vaisselle pour ceux qui en doutent encore), réserve parfois de bonnes surprises. Vecteur de jeux utilisant la technologie Flash comme base de programmation, il permet de mettre à jour des petites merveilles de gameplay, d'accessibilité et d'originalité. Dans cette mouvance à la fraîcheur évidente, se glisse parfois des petits softs pas très jolis, ni très aboutis, possédant toutefois un degré d'amusement plus qu'imposant. Yeti Sports fait partie de ceux-là. Basé sur un principe simple, il charme immédiatement. On peut du coup se demander pourquoi ? Mais pourquoi ?
En effet pourquoi avoir transformé cet îlot charmant en un détestable amas indescriptible ? Les prémices étaient pourtant prometteurs. Un titre gratuit, jouable, enrobé d'un humour second degré délectable, bref un divertissement simplement agréable, sans fioritures aucune. L'honnêteté même. Contant les rapports conflictuels d'un yéti et des quelques pingouins déficients mentalement, celui-ci s'apparente à une sorte de pendant naturel du base-ball, dans lequel les balles sont remplacées par nos amis les oiseaux en tenue de soirée. Equipé d'une massue, le légendaire homme des neiges occupe quant à lui le poste de frappeur, pour son petit plaisir personnel. Le but est alors de propulser le pingouin le plus loin possible sur la banquise, en tenant compte de sa position dans l'air, et donc de la gestion précise du moment auquel agiter la "batte". Il en ressort une volonté constante de se surpasser, complètement impliqué dans une volonté de reconnaissance personnelle, et surtout de compétition. Les captures d'écran fleurissent alors sur internet, chacun démontrant son record toujours plus digne d'éloges. Une émulsion festive se forme alors autour de ce mini-jeu, rappelant un peu la folie furieuse lors des courses effrénées d'un Mario Kart ou d'un Micro-Machines. Attirant l'oeil des internautes et ne cessant de croître au sein des entreprises à la pause déjeuner, Yeti Sports ne passa pas inaperçu non plus au sein des studios de conception de jeux vidéo.
Et c'est alors que naquit l'une des idées les plus saugrenues de l'histoire de la production vidéoludique, après celle bien célèbre du choix du support cartouche pour la N64. Effectivement, un éditeur s'est dit qu'il serait subtil de créer un soft utilisant les bases d'un jeu déjà existant, pour en faire un "nouveau" sans que ça ne voit trop. Pour que vous compreniez bien où je veux en venir, le principe est le suivant : Je découvre une distraction fédératrice sur internet, et qui plus est gratuite, je m'en empare, et je la transforme en la même chose, moins agréable, et surtout payante. La logique dans tout ça ? Le côté commercial vous me direz. Même pas, tant il est aisé de dénicher des titres axés sur un principe semblable, pour peu que vous ou l'un de vos amis possédiez un accès online. Faire payer un jeu gratuit... Vertigineux. Malgré cela, il doit bien demeurer deux ou trois petites nouveautés justifiant une commercialisation. Surtout sur la PSone, qui connaît une fin de vie difficile, avec un tel acharnement thérapeutique. C'est une très bonne machine. Pourquoi la malmener avec des Yeti Sports, et des XS Junior League Soccer ? Il y a quand même eu Chrono Cross et Xenogears dessus ! Mince alors ! Laissez-la en paix. Tout ça pour évoquer le fait qu'effectivement on peut noter exactement quatre ajouts.
Tout d'abord, et ce ne sera pas long, vous pourrez avoir accès à trois modes de jeu supplémentaires. C'est énorme ! Sachant pour votre information que deux d'entre eux ne sont que des variantes du couple principal. En effet, le soft se scinde en deux parties nommées respectivement Pingu Throw (jeu "original"), et Orca Slap. Le premier de ces deux choix reprend dans ses grandes lignes le concept que je vous ai expliqué un peu en amont, et comporte donc une seconde alternative appelée "Ice Bear Attack". Le principe est toujours édifié sur le lancement d'un pingouin le plus loin possible, en adjoignant cette fois-ci un troupeau d'ours sur la piste d'atterrissage. De ce fait, si votre projectile à plume touche le crâne d'un de ces derniers, il rebondira et ira de plus en plus loin. Voilà voilà. Le second quant à lui, totalement inédit, se résume à une sorte de jeu de fléchette, dans lequel un orque projette un pingouin en l'air devant une cible, votre but étant de lui lancer une boule de neige pour le planter dans une zone comportant un nombre de points élevés. Basé essentiellement sur les réflexes ce qui amène un certain intérêt dans la performance purement physique, mais beaucoup moins porteur et précis que l'autre facette du jeu, le "Super Orca Slap" amuse également et logiquement nettement moins. Mais ce n'est pas terminé, car il connaît lui aussi une déclinaison. Effectivement, "Pingu Dart" s'apparente à... (je vous laisse deviner)... un jeu de fléchettes. Vous avez déjà vu ça quelque part non ? Dans sa volonté louable donc d'exposer une innovation importante, Yeti Sports met donc côte à côte deux principes complètement identiques, mis à part le décor, se changeant en une véritable cible. Le challenge personnel est toujours présent, mais devant tant de pauvreté ludique et imaginative, il ne demeure vivace bien longtemps.
On en revient donc toujours à la version d'origine, qui reste somme toute la seule vraiment digne d'intérêt, et toujours aussi amusante de par sa prise en main immédiate, et la fièvre de la compétition incluse dans son principe même. De même, on opère un cercle de réflexion pour en revenir au point qu'une commercialisation n'était pas, mais alors pas du tout utile. Et même si vous trouverez toujours un ou plusieurs amis pour se mesurer à vous durant une soirée dans le mode multi accessible jusqu'à quatre personnes, vous déchanterez bien vite, et retournerez sans tarder à un bon Micro Maniacs, autrement plus amusant, et surtout à peu près au même prix. Triste réalité pour ce yéti qui n'avait rien demandé à personne. Ses poils emmêlés cachent son dépit, et lui apportent cette réflexion : Qu'aurait été une édition non baptisée Deluxe. Je n'ose même pas y penser.
- Graphismes5/20
Les jeux, et plus précisément les animations programmées en Flash, demeurent souvent de grande qualité, explorant des nouveaux domaines graphiques et donnant de grandes libertés aux créateurs s'y intéressant. Propre au net, cet outil ne permet pas les mêmes libertés que les programmes nécessaires aux développeurs sur console, et on se demande donc pourquoi le jeu n'a subi aucune amélioration en aboutissant sur PSone. Au contraire même, il s'en trouve amoindri. Simpliste et animé de manière sommaire, il convient au principe de gratuité, et à rien d'autre.
- Jouabilité12/20
Les commandes répondent immédiatement et se relèvent intuitives, comme toujours dans ce genre de jeu, ce qui fait leur force fédératrice. Malheureusement, le gameplay, de par sa simplicité un peu trop prononcée, et la redondance des concepts, ne parvient pas à convaincre. Mais on retiendra l'utilisation des réflexes purs, qui est toujours propice à un challenge.
- Durée de vie10/20
S'il est certain que le goût de la compétition pourra vous pousser à entreprendre sans cesse des épreuves dans le simple fait de flatter votre ego, le peu de variations ludiques présentes, et le peu d'intérêt qu'elles suscitent sur le long terme, tend à limiter drastiquement la durée de vie de Yeti Sports. Et même à plusieurs, vous n'aurez pas les sensations d'un Mario Kart ou d'un Bomberman.
- Bande son5/20
Des thèmes musicaux très orientés compilation de synthétiseur à la Synthétiseur 3, qui se démarquent par une qualité sonore relativement faible. Les mélodies se révèlent rapidement lassantes, et ne sont pas sauvées par les bruitages peu présents, et loin d'être convaincants.
- Scénario/
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Très amusant, et aboutissant à des compétitions amicales de haut niveau, Yéti Sports apparaît comme un petit jeu sincèrement agréable dans sa version libre circulant sur internet. Malheureusement son pendant payant perd de sa superbe, en se contentant d'ajouter un prix à un contenu qui n'en demandait pas. Lacunaire à bien des niveaux, et insuffisamment fourni pour justifier sa publication, le jeu édité par Jowood n'a aucune légitimité. Amusant quelques heures avec des amis, il ne fera pas le poids avec d'autre titres du même genre. Et ce n'est pas les pingouins qui diront le contraire.