Alors qu'on pouvait s'adonner tranquillement aux joies de la peur numérique grâce à Capcom, Konami ou Tecmo, les p'tits français d'Hydravision scrutaient tranquillement cet état de faits depuis leur quartier général, où se tramait en secret une riposte fulgurante grâce aux lumières de développeurs, scénaristes et graphistes qui émanaient pourtant du chaos total…pour le bonheur des joueurs…et le malheur de nos avatars pixélisés.
Obscure est le premier survival-horror à proposer une aventure en duo (exception faite de Resident Evil 0, le concept étant ici légèrement différent), sachant que le second personnage pourra être dirigé par vous-même ou un ami. A l'inverse du jeu de Capcom, le titre de la compagnie française va vous permettre de jouer constamment avec les deux joueurs, le binôme pouvant être à tout moment scindé en deux, cette option n'étant guère à privilégier (par mesure de sécurité), à moins bien entendu que le scénario nous incite à le faire. Dans l'absolu, j'aurai tendance à jouer seul (le survival étant pour moi une expérience qui se vit dans le noir, en solitaire) mais à vous de voir si vous connaissez une âme charitable qui daignera vous aider dans la tourmente. De plus, cet aspect apporte avec lui une durée de vie un tantinet rallongée (ce qui n'est pas du luxe), le jeu pouvant se terminer seul puis avec un ami dans un des trois modes de difficulté (le niveau Difficile étant à débloquer).
Ceci étant dit, vous allez donc devoir composer avec vos cinq personnages, en jonglant constamment avec eux pour diriger celui ou celle qui conviendra le mieux à la situation. On constate à ce sujet que ceci n'est nullement un gadget puisque c'est autour de ce principe qu'ont été construites quelques énigmes ou passages demandant un minimum d'adresse ou de rapidité. Vous devrez en effet choisir judicieusement en fonction de ce qui vous attend quitte à rebrousser chemin pour revenir voir vos compagnons qui vous attendront là où vous les avez laissé pour choisir une équipe mieux adaptée. J'écris, j'écris et je ne vous ai encore rien dit sur les capacités des cinq gais lurons. Et bien sachez que Josh aura la faculté de débusquer les indices et objets utiles dans une pièce, que Shannon pourra vous donner des conseils si vous êtes bloqué, qu'Ashley, qui maîtrise l'art du Taekwondo, n'aura pas son pareil pour vous sortir une petite attaque spéciale, que Stan pourra vous crocheter une serrure en un rien de temps et que Kenny aura la capacité de courir plus vite.
En outre de nombreux objets et armes seront à découvrir et si les premiers resteront dans l'inventaire commun à tous les personnages, vous devrez faire en sorte de distribuer les armes entre-vous pour que chacun soit prêt, face au danger. Le tout sera disponible via deux menus d'action rapide pour changer d'arme rapidement dans le feu de l'action ou pour prendre un objet quelconque, une petite boisson énergétique ou une trousse de soin pour se redonner de la vie. En parallèle de ceci, si on retrouve des énigmes assez bateau dans le plus pur style Resident (porte fermée = clé, items à placer au bon endroit, etc.), il faut aussi souligner qu'Obscure comporte un léger accent aventure dans son mixage d'objets pour résoudre des difficultés ou pour une plus grande aisance dans le déroulement de vos pérégrinations, via entres autre la combinaison, flingue+lampe=torche, rendue possible après avoir trouvé de l'adhésif. Pour ce qui est des énigmes, citons par exemple l'endroit où vous devrez récupérer trois gobelets en carton, allez verser de l'acide sulfurique qui coule d'une bonbonne un peu plus loin dans lesdits récipients puis, en une vingtaine de secondes, aller déverser l'acide sur une serrure qui bloquait une porte vous empêchant ainsi d'avancer. Bref, ce côté " Lucas Arts " m'a beaucoup plu même si au final, l'idée n'aura pas été assez exploitée à mon goût. D'ailleurs on peut montrer du doigt la grande facilité du jeu puisque le joueur sera constamment guidé et pourra à tout moment être aidé par Shannon, Josh ou en jetant un oeil à la carte. Mais après tout, il s'agit de prendre Obscure pour ce qu'il est, à savoir un jeu qui se consomme comme un teen movie, sans prise de tête et distillant du plaisir immédiat.
Pour ce qui est de la jouabilité propre, il n'y a pas de gros défauts à signaler. Les angles de caméra sont bien choisis et témoignent d'un réel sens du cadrage, les personnages répondent parfaitement, les combats ne sont pas trop brouillons et une fois qu'on a assimilé les règles qui régissent le changement de personnages et la donation d'armes, le tout devient fort plaisant. De plus, Obscure se dote de petites trouvailles judicieuses. Par exemple, si vous vous rendez compte que vous avez davantage besoin d'un personnage que d'un autre, qui lui se trouve relativement loin de votre position actuelle, vous n'aurez pas à effectuer tout le chemin aller pour le retrouver puisqu'il vous suffira d'aller dans l'inventaire, au niveau de la carte, et d'utiliser le bouton Rond pour vous rendre directement au point de ralliement. Ensuite, si vous pouvez passer d'un personnage à un autre via une simple touche, Hydravision a usé d'un système d'ordre très simple pour commander votre compagnon, inspiré de celui de Freedom Fighters. C'est en effet grâce à la croix directionnelle, que vous pourrez donner 4 ordres bien distincts (Suis-Moi/Reste Ici/Aide-moi/Changement d'arme) à votre camarade de jeu, ceci pouvant vous sauver la vie lors d'un combat un peu ardu. A ce sujet, n'oubliez pas que vous pourrez détruire pas mal d'éléments du décor pour trouver des objets ou faire rentrer la lumière dans une pièce afin de tuer plus facilement un monstre, ceci étant aussi valable pour la lampe-torche qui pourra faire office de "chalumeau" en produisant une lumière beaucoup plus vive durant un bref instant. Pour tout vous dire, si j'étais sceptique quant à l'idée d'avoir affaire à un survival en équipe, je me suis vite rendu compte que si nous n'avions pas nécessairement peur dans Obscure, le fait de savoir que nous pouvions perdre un de nos personnages (qui par l'intermédiaire de leurs capacités se révèlent totalement indispensables) instaurait un véritable mal-être, celui-ci étant porté à son paroxysme si nous venions à manquer de cds, ces objets permettant de sauvegarder à tout moment.
Pour en terminer avec le gameplay, citons la représentation de l'état physique de votre personnage qui est caractérisée à l'écran par un chancellement, accompagné de vibrations du pad lorsque le héros va mal ou de la photo du personnage qui virera au rouge au niveau du dossier scolaire. Si le tout provient de Silent Hill et n'est guère très pratique, Silent Hill 4 a montré avec sa jauge de vie à l'écran que ceci nuisait à l'immersion. On se contentera donc de ce qu'Obscure nous propose en ayant bien à l'oeil chacun de nos adolescents. Au niveau des " problèmes ", j'ai noté quelques ralentissements qui ne nuisent pas vraiment au jeu et le véritable gros souci viendra alors de la durée de vie qui paraît menue comme tout, la faculté n'étant pas bien grande à explorer. Mais comme je l'écrivais plus haut, libre à vous de reprendre le titre avec un ami. En gros, comptez sur 7 à 8 heures pour votre première visite, en somme la durée de vie lambda du survival de base.
J'imagine que si vous êtes en train de lire ces lignes, c'est que vous avez déjà dû mater quelques vidéos du soft. Vous avez donc pu voir que le graphisme du jeu est de qualité, la gestion de lumière renvoyant totalement à celle de Alone In The Dark : The New Nightmare et bénéficiant de surcroît d'une maîtrise totale de la part des programmeurs. Le bestiaire du jeu n'est pas en manque même si ce dernier sera dans un premier temps assez quelconque pour partir vers des horizons génétiquement modifiés, où monstres à la Lovecraft seront de mèche avec des expériences pour le moins dérangeantes. Les pièces de l'université restent par contre peu originales (gymnase, salle de prof, bibliothèque, sous-sols) bien que détaillées et profitent tout de même de pas mal d'éléments (chaise, canette, chariot, poubelle...) avec lesquels le joueur pourra interagir. Quant aux personnages, pas grand chose de neuf à l'horizon si vous suivez les séries décrites plus haut. Adolescents américains types, surfant sur la wave de l'underground et de la pop culture.
Cependant, l'effort concernant le doublage français pour rester dans la continuité des séries américaines qui ont soutenu le jeu est visible, ou du moins audible. Toutes les voix du titre vous diront certainement quelque chose si vous aimez les shows venant d'Outre Atlantique, même si pour ma part j'ai juste réussi à reconnaître le doubleur attitré de Casper " Starship Troopers " Van Dien. Bref, le doublage est excellent et apporte beaucoup, tout comme les bruitages adéquats ou l'insertion de gimmicks vocales comme les râles d'un homme appelant à l'aide et qui résonneront à vos oreilles très souvent durant votre périple. Ajoutons à ceci des musiques d'une qualité étonnante qui vont chercher leur inspiration dans pas mal de films dont Shining par l'utilisation d'un orgue aux sonorités admirables. Maintenant si on ne peut que rester admiratifs devant ces chants féminins (dont monsieur Danny Elfman est très friand) ou ces compositions épiques, il est un peu dommage que ces dernières soient trop abondantes, le caractère guerrier de ces morceaux ne convenant pas nécessairement sorti d'un affrontement.
En guise de conclusion, je ne saurai trop vous faire part de ma joie qui est de voir cette production bien de chez nous tenir la dragée haute à la série de Capcom. Moins abouti graphiquement, Obscure paraît parfois aussi expérimental que les monstres qu'il nous donne en pâture. Mélange de survival, de jeu d'aventure et d'action, le soft d'Hydravision a beaucoup trop de qualités pour que vous le laissiez passer si vous aimez le genre. Nourri par moult séries américaines, nous faisant partager son amour de grands films de genre, prenant une pléthore d'idées issues de divers jeux, le résultat s'avère certes de courte durée (à l'image d'un Biohazard malgré tout) mais vous conférera à n'en pas douter de bons moments de distraction. Il ne nous reste donc plus qu'à attendre une possible saison 2 du show d'Hydravision, qu'on espérera au moins aussi rythmée.
- Graphismes16/20
L'université n'est pas bien vaste et dispose de décors forcément déjà vus, vus et revus. Néanmoins la qualité des décors est présente, la gestion des lumières est superbe et le bestiaire doit beaucoup aux oeuvres de Lovecraft ou au Blade II du génial Del Toro, certains monstres étant clairement influencés par les Reapers du long-métrage.
- Jouabilité15/20
Les personnages se manient à la perfection, on ne note pas de réels problèmes de caméras et le principe du changement de personnage est une bonne idée. Le système d'ordre est également bien vu et les combats sont agréables. On notera ici et là quelques ralentissements mais rien de bien grave.
- Durée de vie9/20
Ok la durée de vie est limitée mais pas de quoi crier au loup puisque le tout se situe au niveau d'un Resident Evil par exemple, soit 7 à 8 heures de jeu. De plus le titre peut se faire en solo ou à deux, dispose de trois niveaux de difficulté et si on est constamment dirigé, il faut aussi voir qu'Obscure est un titre qui se déguste comme un film, sans se prendre la tête.
- Bande son17/20
Les bruitages sont bien rendus, le doublage français est excellent et les musiques, qui doivent beaucoup aux compositions de Elfman, Wendy Carlos ou Goldsmith, sont gracieuses bien que parfois mal adaptées à la situation. Elles n'en demeurent pas moins d'une grande qualité.
- Scénario11/20
Le scénario de base se situe entre Biohazard et The New Nightmare et à l'aide de multiples ambiances en provenance de films et de séries TV, le tout aboutit à un résultat convaincant.
Qu'on ne vienne pas me dire qu'Obscure est certes un bon jeu mais que sa durée de vie lui nuit totalement ! Oui, le titre se termine rapidement mais pas plus prestement qu'un Resident Evil. Maintenant si le joueur sera constamment sur des rails, je pense sincèrement que nous avons affaire à un jeu pop-corn, qui se déguste comme un épisode d'une série américaine et qu'il faudra voir en lui non pas une expérience traumatisante mais un moyen de passer du bon temps à l'image de ce que nous proposent les pères spirituels du jeu, le plaisir immédiat prenant le pas sur une exploration longue et sinueuse, le traitement psychologique se faisant griller par le côté actionner et tee-movie du soft. Si vous avez ceci en tête, le jeu d'Hydravision ne vous décevra pas.