Mina est une jeune navigatrice qui participe au trophée Jules Verne (le célèbre tour du monde à la voile) mais qui connaît une avarie et qui échoue sur une île sans aucun moyen de contacter les organisateurs de la course, et encore moins sa famille. Seule, sur un archipel qui semble pourtant habité, Mina ne va pouvoir compter que sur sa jugeote pour, dans un premier temps, reprendre des forces avant de pouvoir chercher un moyen de quitter l'île. Si le roman de Jules Verne est bien au centre du scénario, avec plusieurs références à tout l'univers de l'écrivain, on ne suit pas le synopsis du livre. Il s'agirait plutôt de la découverte de l'île bien après les évènements relatés par l'écrivain, comme si de nos jours, quelqu'un atterrissait sur cette île, avec tout ce qu'elle comporte de mystères et d'histoires.

Si, au fil de ses précédents titres, Kheops s'est spécialisé dans le jeu d'aventure grand public où l'utilisateur se voit fixé à des rails pour suivre une histoire comptée sans détour, la marche à suivre n'est pas vraiment la même sur l'Ile Mystérieuse. Etonnamment, on se trouve face à un jeu pas franchement linéaire, tout du moins dans la façon qu'il a d'aborder les difficultés. Pour le déroulement du scénario, il y a effectivement un ligne directrice qu'on suit bon gré mal gré, mais pour le reste, rien ne nous empêche de zigzaguer autour du fil conducteur et d'aborder chaque problème avec notre propre logique. En cela, le titre est assez remarquable et nous offre une liberté plutôt déstabilisante au départ. En tout cas, déstabilisante pour quelqu'un qui a l'habitude de ce genre de produit où un objet ne sert qu'une fois et toujours à un endroit bien précis.

Retour Sur L'Ile Mystérieuse tourne essentiellement autour de son inventaire. L'héroïne ramasse beaucoup, mais alors beaucoup d'objets qu'elle peut ensuite assembler les uns avec les autres pour fabriquer de nouveaux items. Au début de son aventure, elle devra par exemple allumer un feu. Sans vous révéler la solution, je peux déjà vous dire qu'il y aura deux moyens de le faire. Plus tard, Mina devra faire fuir un singe sûrement aigri par trop de solitude sur cette île. Elle pourra agir de trois façons différentes. Il règne du coup un grand esprit Mac Gyver tout au long de l'aventure, surtout vers la fin de son périple, où il faudra carrément réaliser des acides en mélangeant différents produits. Vous pouvez d'ores et déjà sortir votre matériel petit chimiste et réviser.

Pour autant, les combinaisons d'objets ne se font pas à l'aveugle. L'interface de l'inventaire nous aiguille vers les bonnes solutions. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on commence à associer des objets, une petite équation se met en place en masquant volontairement les objets qu'il manque pour terminer notre bricolage. Exemple : citron + chemise + ? + bambou = ?, il ne reste alors qu'à trouver l'objet manquant pour confectionner un nouvel outil ou un nouvel objet. Et puisque certaines de nos créations n'auront qu'une utilité limitée, on pourra très bien les défaire et récupérer le matériel utilisé. Au cours de son aventure, Mina va faire la rencontre d'un petit singe qui la suivra partout. A la manière de Sam dans Sam et Max, la navigatrice pourra utiliser l'animal comme un objet, ou lui confier une tâche bien précise à effectuer. C'est ainsi que ce primate super balèze nous construira un pont ou ira trafiquer pour nous un panneau de contrôle simplement muni d'un tournevis.

Même si parfois les situations sont trop "capilotractées" et que les poches sans fond de Mina prêtent à sourire (dans son pantalon : des planches, des boulets de canons, une centaine de briques, une marmite, des bambous, et encore plein d'autres choses), c'est bien l'inventaire et ses multiples possibilités qui font le charme du jeu, car pour le reste, c'est plutôt classique. La réalisation, tant graphique que sonore, s'en tire bien. Les décors ont beau être assez détaillés, il n'y en a pas assez pour nous maintenir sur la durée. Effectivement, l'île n'est pas bien grande ; au bas mot, il doit y avoir une quarantaine d'écrans différents pour tout le jeu. Ce qui n'est pas énorme, vous en conviendrez. A ce sujet, tout se déroule "case par case", en vue à la première personne comme dans la série Egypte. On profite d'une vision à 360 degrés avec un curseur irrémédiablement lié au regard et par conséquent toujours fixé au centre de l'écran.

Au final, on retiendra de L'Ile Mystérieuse son principal atout, c'est-à-dire son inventaire riche en possibilités. Mais cette qualité se retourne malheureusement contre le titre puisque derrière cette opulence de possibilités, se cache un titre finalement pas très long et même plutôt facile. Il n'y a pas vraiment d'énigmes pour nous creuser le ciboulot (sauf à la toute fin, et encore elles sont assez faciles), on termine donc trop vite ce qui s'annonçait pourtant comme une longue évasion sur une île pleine de dangers. Cela dit, rien ne nous empêche de repartir à l'aventure pour explorer d'autres pistes et trouver d'autres moyens d'avancer.