Second Sight fait incontestablement partie des jeux qui ont marqué l'année 2004 sur PS2, Xbox et GameCube. Son scénario fort couplé à une réalisation sympathique ont suffi à nous convaincre de sa qualité. Qu'en sera-t-il de la version PC qui s'offre aujourd'hui en preview ?
"Je ne vais pas bien. Ma tête bouillonne comme de la lave en fusion. J'ai mal partout, et il m'est impossible de bouger. Mes mains, retenues prisonnières par de solides armatures de métal blanc, m'empêchent de quitter cette pièce qui semble être une salle d'opération. Comment suis-je arrivé ici ? Et pourquoi me retient-on ainsi attaché ? Qui suis-je ? Je veux m'en aller, demander de l'aide à quelqu'un. Je dois pouvoir me libérer. Je le veux... Comment ai-je fait cela ? Comment ai-je pu détacher ces bracelet métalliques qui s'enroulaient autour de mes poignets ? C'est bien moi qui ai fait ça, il n'y a pas de doute, puisque je suis seul ici. Je suis si fatigué, et je ne sais toujours pas pourquoi je suis là, enfermé dans cette salle qui prend finalement l'allure d'une cellule. J'essaie de me calmer et de réfléchir. Si j'ai réussi à me détacher avec la seule force de ma pensée, peut-être qu'en me concentrant un peu, j'arriverai aussi à ouvrir la porte de cette fichue chambre dans laquelle on m'a mis. Oui, ça semble marcher. Que m'arrive-t-il ?
Je ne sais toujours pas qui je suis, mais j'en suis sûr, c'est la première fois que je me sens comme ça, capable d'accomplir des "choses" avec mon esprit. Malgré ma fatigue et ma douleur, je suis impressionné par ce que je peux faire. Les objets semblent obéir à ma seule volonté. Comme un enfant qui s'amuse avec un nouveau jouet, je fais voler les tables autour de moi, les projette violemment contre les murs. Je fais aussi exploser à distance les moniteurs d'ordinateur et peux même lancer les extincteurs à l'autre bout de la salle sans même les toucher. J'arrive aussi à faire disparaître la douleur qui envahissait chacun de mes membres.
Finalement, je ne suis pas tout seul ici. J'entends discuter au bout du couloir. Doucement, je m'approche et j'observe. Ces types sont bien armés, sûrement des gardes... Ils parlent d'un dangereux tueur psychopathe conduit ici récemment sous très haute surveillance. Ca ne m'explique toujours pas qui je suis, ni ce que je fais là. A moins que... oui, ces gardes parlent bien de moi ! Ils veulent faire de moi quelqu'un de dangereux, ils ne vont pas être déçus. Le combat ne fut pas long et maintenant je m'amuse à faire planer leurs cadavres inertes à quelques mètres au-dessus du sol. Je remarque tout à coup que je porte quelque chose au poignet. C'est un bracelet portant un nom : John Vattic. Ce nom me dit quelque chose, je me souviens... Six mois plus tôt, j'ai intégré un groupe militaire. On m'a envoyé en Sibérie pour participer au démantèlement d'une organisation secrète. Oui, c'est bien ça, je suis John Vattic, mais que m'est-il arrivé ? Pourquoi suis-je défiguré ? Et d'où me viennent ces étranges pouvoirs psychiques ?"
Dès le départ, on est cueilli par le scénario de ce thriller psychologique et jamais on ne nous laisse le temps de reprendre notre souffle. On veut savoir ce qui est arrivé à John et ce qui l'a amené jusqu'à ce complexe dans lequel il est retenu prisonnier. On veut comprendre ce qui a fait de lui un tueur redoutable. Une à une, les clés nous sont livrées dans un récit parfaitement maîtrisé se jouant sur deux tableaux distincts. En effet, outre son scénario rondement ficelé, la narration alterne régulièrement entre le présent et le passé de John. Le joueur contrôle ainsi un personnage en quête d'identité et le voit évoluer dans deux lieux et deux périodes différentes, séparées de six longs mois qu'il va falloir reconstituer. Ce choix narratif permet d'assurer un rythme constant tout au long des nombreuses révélations qui nous sont faites. Si le scénario reste évidemment le point fort du titre, on peut aussi admirer la patte graphique qui reprend le style très personnel du studio Free Radical (TimeSplitters) avec notamment des personnages volontairement disproportionnés pour mettre en avant leur caractère. Le design est excellent, il donne un cachet tout particulier à l'aventure.
Pas encore parfaite, cette version preview laisse malheureusement entrevoir quelques petits problèmes au niveau de la maniabilité. Le tout se déroule clavier et souris en main, comme la plupart des titres sur ce support, mais la lenteur de la caméra perturbe un peu le système de visée. Il faut faire de grands mouvements avec le mulot pour changer de cibles, ce qui n'est pas l'idéal lorsqu'on se trouve dans le feu de l'action. On aimerait aussi pouvoir jouer à la manette, chose que n'autorise pas cette version. Peut-être que ce détail sera revu d'ici le mois de février pour la sortie du jeu. Si c'est le cas, on pourra alors s'en donner à coeur joie avec les différents pouvoirs de John (guérison, ensorcellement, explosion...) et l'aider à retrouver la mémoire dans un confort de jeu optimal. C'est en tout cas ce que l'on souhaite.