Suite à ma première et douloureuse expérience de la gamme XS avec Junior League Soccer, je me suis dit que dorénavant, rien ne pouvait plus venir dénicher la PSone dans sa cachette secrète que peu de gens connaissent. Mais je mésestimais la puissance des sources d'information de cette étrange société masquée. Ils l'ont en ce moment entre leurs mains griffues et velues et s'apprêtent à lui faire subir une nouvelle destinée contre son gré. Seule sur une table d'opération, les entrailles disposées face à une lumière crue et chirurgicale, elle attend l'introduction d'un corps étranger nommé Superstar Dance Club. Son organisme va-t-il accepter cette greffe forcée ? Je m'inquiète.
Regardant machinalement la jaquette, je m'aperçois avec peine que décidément, les pochettes XS ne donnent pas spécialement envie de se lancer à corps perdu dans un titre. Mais, dépassant ces présupposés très subjectifs, je poursuis mon investigation en effectuant un geste leste et tellement risqué qu'il devrait rester masqué par les poussières du temps. Je retourne la boîte. Et là, surprise, les écrans de jeu ne correspondent pas du tout au visuel décrit précédemment. D'inspirations manga, les images qui s'inscrivent au creux de mes yeux me donnent soudain une soudaine envie de découvrir un tant soit peu l'univers du soft. Comme quoi, l'arrière d'une boîte ça change une vie. A bas les a priori et bienvenus dans les méandres de l'approche ludique du monde de la danse sur fond de Japan Pop. Première chose qui interroge quelque peu lors de la découverte du menu principal, vous êtes accueilli par une charmante demoiselle. Chose qui n'est pas surprenant en soi, ni forcément désagréable, sauf quand cette dernière met en avant une poitrine complètement disproportionnée et se trouve agitée de seulement quatre animations. On se trouve donc avec une danseuse sous forme de dessin typé clairement manga, ce qui est plutôt sympathique au premier abord, mais qui l'est nettement moins lorsque l'on remarque que le chara-design se veut simplifié et presque caricatural du genre en lui-même. De ce fait, placé devant une jeune femme aguichante et presque lascive, on se dit légitimement que le titre que nous avons en face de nous s'adresse à un public masculin, plus attiré par les formes que par le côté divertissant et dansant de la chose. Et bien que nenni ! En effet, et ce sans préavis, on vous considère comme une jeune représentante du sexe féminin. Qu'est-ce que c'est que cette discrimination ? Encore vexé(e) de cette prise de position injustifiée, vous poursuivrez avec appréhension votre voyage au creux de ce soft atypique qu'est Superstar Dance Club.
Lisible et sans fioritures, le menu principal, vous propose sept stages de danse répartis dans plusieurs environnements différents au sein desquels il vous faudra exceller, dans le but avoué d'en débloquer de nouveaux. Commençant péniblement votre carrière avec comme seul rendez-vous servant à agiter votre corps, un bâtiment du côté de Tokyo et nommé le Club CATstar, vous devrez vous faire une réputation pour ensuite vous rendre en Chine, sur un ring de boxe, dans une maison hantée, ou encore sur la scène d'une comédie musicale mettant en scène des extraterrestres et des cosmonautes. Un inventaire à la Monthy Python, pour un titre qui parfois se rapproche de l'humour absolu de ces véritables fous, mais dans le domaine purement ludique. En effet, le gameplay n'est pas ce que l'on peut trouver de plus pratique dans le domaine du jeu de rythme à la Um Jammer Lammy, ou Dance Dance Revolution. Effectivement, le principe est le suivant. Dès votre arrivée sur la piste, entouré de vos danseurs et néanmoins amis, vous observez deux barres en haut de votre écran. L'une à gauche et l'autre à droite. A l'intérieur de chacune d'elles reposent quatre symboles correspondant aux touches de la manette. Le but est alors bien évidemment d'appuyer en rythme sur le lot de symboles présents. Commençant toujours par la gauche, vous ne pourrez passer de l'autre côté que si des flèches se mettent à clignoter sous l'autre barre. Par exemple, vous faites quatre fois "triangle" en rythme à gauche, puis une seconde fois, et à ce moment précis vous voyez le fameux signal clignotant de l'autre côté. Une fois en face donc, à vous d'enchaîner un autre quatuor de symboles, et ainsi de suite jusqu'à la fin du morceau.
Bien sûr, il faudra faire bien attention à suivre de très près la cadence imposée par la musique, de manière à rester dans les temps. Car si vous ratez ne serait-ce que trois ou quatre symboles, s'en est fini de vos rêves de gloire. Au début, cela paraît relativement accessible, mais tout se corse dans les niveaux de difficulté plus élevés, aboutissant même à de possibles crises de nerf. En effet, trop déséquilibré, le système de fautes permet certaines fois de passer outre de complets ratages sur plusieurs mesures, et d'être sanctionné à d'autres moments pour un "carré" ignoré bêtement. De même, le principe des flèches indicatrices trouve vite ses limites. Peu mis en avant, et n'attirant par conséquent pas assez l'oeil, il ne met pas suffisamment en relief les changements de côté nécessaires pourtant à une bonne compréhension des ficelles du gameplay. On se retrouve de ce fait la plupart du temps complètement perdu, validant comme un forcené des touches qui ne devraient logiquement pas l'être. Et lorsqu'en sus des myriades de faisceaux lumineux envahissent l'écran, on devient pratiquement convulsif, et on bave de rage devant les enchaînements incroyables qui s'avèrent demandés. Vraiment mal pensé, et surtout extrêmement limité. Il aurait été judicieux d'implémenter quelques petits modes supplémentaires et surtout de permettre une progression moins en dents de scie. Malgré la difficulté aberrante de certains passages, il ne faut pas plus d'une après-midi pour terminer l'"aventure". Et n'espérez pas l'aide d'une possibilité à plusieurs, elle n'existe pas. Seul, observant avec dépit votre score, personne ne vous entendra crier.
Néanmoins, on ne peut retirer à Superstar Dance Club son ambiance clairement second degré rattachée à toute l'approche artistique présente ici. Les décors par exemple, sont toujours assez fournis en détails, et souvent représentatifs d'une parodie de tel ou tel milieu, influences cinématographiques, ou tout simplement lieu. On retrouvera donc avec gourmandise des environnements très surfaits lors d'un combat volontairement ridicule à la Space Channel 5 contre des "martiens" à l'apparence risible, ou encore une atmosphère fleurant bon le Muscleman. Imaginez un ring de catch constellé de personnages habillés d'un style proche de ce qu'une personne non manuelle pourrait fabriquer de ses petites mains peu habiles chez elle avec un chiffon et de la peinture. D'autant que chaque petit individu surgissant aux côtés de la danseuse s'avère travaillé, dans le sens où il respecte les influences japonaises affiliées au jeu. Malgré tout, on ne peut s'empêcher de ne pas être totalement conquis par cette approche complètement loufoque qui aurait du être poussée beaucoup plus loin. En effet, le chara-design ne suit pas vraiment, et bien que le grotesque de certains intervenants soit indubitablement voulu, il est évident que ces derniers ne sont pas assez fins et travaillés. D'autre part on regrettera le faible niveau de l'animation, qui n'aide pas à rendre crédible un titre, qui au final suivra la masse ludique emportée par les flots du marasme ambiant. Vraiment trop limité.
- Graphismes8/20
L'approche loufoque et humoristique est vraiment une bonne chose qui change un tantinet des productions sans âme que l'on croise souvent dans les gammes à petit prix. De même, la volonté d'avoir orienté le style vers le manga apporte un petit côté dépaysant que l'on n'avait plus retrouvé depuis longtemps dans les titres musicaux. Néanmoins, face à une réalisation peu convaincante, une animation laborieuse et une représentation des personnages sans finesse, le titre ne tient pas du tout le coup.
- Jouabilité8/20
Le principe de jeu est on ne peut plus clair et accessible, mais on se trouve handicapé par une mauvaise mise en forme de ses composantes, ce qui implique un déséquilibre évident. Le système des flèches clignotantes n'est vraiment pas au point, et l'espèce de cohue générale dans laquelle on se trouve rapidement ne joue pas en faveur du soft. De plus, la barre de temps n'est vraiment pas permissive.
- Durée de vie5/20
Si vous avez une après-midi chez le coiffeur qui vient d'être annulée, c'est le moment idéal pour se mettre à Superstar Dance Club. En effet, votre partie durera peut-être moins longtemps qu'une bonne coupe de cheveux. Le soft se termine effectivement très rapidement, et ne possède pas assez de charme pour que l'on y revienne. De plus l'absence intolérable d'un mode à deux joueurs ne fait qu'enfoncer encore un clou bien rouillé.
- Bande son9/20
Outre les effets sonores dignes d'une Super Nintendo en pleine forme, ce qui énerve le plus à la longue demeure l'utilisation totalement arbitraire et surexposée d'une voix féminine à chaque fois que l'on a le malheur de régler un paramètre. On entend un "OK" naïf dès que l'on sort d'un menu, dès que l'on valide un choix, dès qu'on se rétracte, dès qu'on termine un niveau, dès que... enfin vous avez compris. A en devenir fou. Les compositions musicales en revanche possèdent de bonnes sonorités et se révèlent assez travaillées. Après, il faut aimer la dance.
- Scénario/
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Partant sur de bonnes bases, que ce soit au niveau de l'ambiance ou du principe de jeu, le titre de la gamme XS se noie dans des lacunes vraiment dommageables. Très faible graphiquement et au niveau de l'animation, il pèche également durant les phases de jeu avancées, de part un système de repérage calamiteux et une surcharge d'effets lumineux gênant l'action. De plus, handicapé par une durée de vie plus que modeste, il ne parviendra pas à vous tenir en haleine bien longtemps.