Davilex, ce grand et merveilleux éditeur hollandais qui n'a toujours rien compris aux jeux vidéo, a récupéré la licence de la série Miami Vice, connue chez nous sous le nom de Deux Flics A Miami. Bien entendu, on savait par avance qu'il n'en ferait rien de bon, si ce n'est un produit capable de berner les pauvres parents à la recherche de GTA Vice City pour leurs enfants. Entre les deux jeux, rien à voir, mais alors absolument rien de rien !
Ce test fut un vrai calvaire, même si ça faisait bien quelques jours que je m'étais préparé psychologiquement à devoir affronter un nouveau jeu Davilex, je n'ai pas pu m'empêcher de proférer juron sur juron devant le triste spectacle que vient de m'offrir mon PC. Ce n'est pourtant pas dans mon habitude de m'énerver face à un jeu et c'est bien la première fois que l'envie d'enfoncer mon clavier au travers de mon moniteur me traverse l'esprit. En tout cas, c'est la première fois que je me retiens de le faire réellement. En même temps, je ne suis pas certain que mon supérieur apprécierait de voir le matériel de la rédaction servir d'anti-stress comme ça. Mais il faut me comprendre, Miami Vice est le second Davilex que je dois me taper en moins de trois semaines ! Dur... Je suis persuadé que même dans les studios dudit éditeur, personne n'est tenu de jouer à deux titres de la boîte dans le même mois. En fait, je suis persuadé que personne ne joue là-bas, ni à leur jeu ni à quoi que ce soit d'autres d'ailleurs, c'est pas possible autrement. Si c'était le cas, ils verraient alors que le jeu peut être amusant, que les bugs peuvent être corrigés et que la réalisation graphique n'est pas constamment obligée de rendre hommage aux cartes 3D FX d'il y a 5 ans. En fait, ils s'apercevraient tout simplement qu'on peut programmer un jeu autrement qu'avec des moufles.
Après s'être attaqué à K2000, Davilex retrousse les manches de son blazer bleu pastel et nous donne sa vision de la série Miami Vice, bien différente de ce qu'on pouvait voir à la télé dans les années 80. Différente dans le sens où Deux Flics A Miami, la série, faisait l'apologie du beau, avec de belles voitures garées devant de sublimes appartements luxueux où de bien jolies jeunes femmes faisaient trempette dans l'énorme piscine qui surplombait l'océan. Chaque plan respirait le fric et contribuait à faire avancer la culture du paraître même si effectivement, les épisodes tournaient tous autour de trafic de drogue et de cartels à démanteler. Pour le jeu, c'est tout le contraire. On retrouve bien les voitures, les appartements, les filles et la piscine, mais on se demande où est passé le fric ! Pas dans la production en tout cas.
Dès l'intro, ça sent le cheap à plein nez. La version midi du générique est sûrement pour quelque chose mais c'est surtout une fois que la partie est lancée qu'on se dit que Davilex est le roi de la loose en matière de jeux. Durant toute sa carrière, l'éditeur a su nous prouver qu'il maîtrisait comme personne l'art du bug mais vient un moment où il faut redevenir sérieux et se remettre en question. Autrement dit, on aimerait qu'il nous fasse un jour la surprise de sortir un jeu sympa. Ce jour n'est pas encore arrivé puisque Miami Vice est un concentré de défauts comme l'éditeur en a l'habitude.
Pourtant, Davilex a cherché à innover un minimum. Lui qui s'est fait le spécialiste du jeu de courses s'essaie à un tout autre genre, le shoot à la troisième personne. Mais plutôt que de s'inspirer de Max Payne, voire de Dead To Rights, il semble que l'inspiration soit plutôt située du côté d'un Bad Boys 2. Inspiré du scénario d'un épisode de la série, Miami Vice conduit les deux flics Crockett et Tubbs dans une enquête sur l'assassinat d'un trafiquant de drogue, ils devront parcourir une quinzaine de missions pour remonter jusqu'au commanditaire du meurtre. A chaque fois, un objectif principal leur est imposé, accompagné parfois d'objectifs secondaires non obligatoires (généralement arrêter quelques criminels pour les interroger). La progression ultra dirigiste impose de tuer un par un les truands en cherchant d'abord un endroit pour se mettre à l'abri de leurs balles. Dans les niveaux où les deux flics sont présents, on peut switcher à volonté entre les deux, et si l'un est gravement touché, l'autre peut venir le soigner. La vie n'est cependant pas un gros problème dans le jeu puisque le niveau d'énergie remonte constamment si on ne fait rien. A moins que ce soit un bug, avec Davilex, on est sûr de rien...
Un petit système d'ordre permet d'avoir une influence sur son coéquipier. On peut lui demander de nous couvrir, de foncer dans le tas, de ne rien faire ou tout simplement de nous suivre. Ce système fonctionne bien, même si son utilisation n'est pas idéale. En fait, les ordres sont tous associés à la même touche du clavier ou de la manette et pour en choisir un, il faut obligatoirement faire défiler les autres. Dans le feu de l'action, c'est pas vraiment le moment de regarder la petite icône en bas de l'écran, du coup, on perd bêtement de la vie. Bon, puisqu'elle remonte automatiquement, ce n'est pas dramatique non plus.
Si le jeu est déjà rasoir dans son genre (j'avance, je me cache, je tire), il l'est encore plus à cause de sa mise en scène lamentable (tiens, cet adjectif semble revenir à chaque test Davilex, faut que je pense à me renouveler moi aussi...). Que ce soit un ennemi qui tombe à terre, le héros qui dégaine son flingue ou simplement une voiture qui se déplace, tout est salement animé. Il n'y a aucun effet de lumière, les textures sont plates, les bugs de collision sont légion et prouvent une nouvelle fois que chez l'éditeur on ne connaît pas la signification du mot bêta-test. Plutôt embêtant pour des gens qui ont quand même le culot de vendre leur produit. Comme toujours, on va vous conseiller de vous tenir à l'écart du jeu. Ne nous remerciez surtout pas, on ne fait que notre devoir.
- Graphismes9/20
En progrès par rapport aux autres titres du catalogue Davilex, Miami Vice respecte tout de même la charte de l'éditeur en ne manquant pas d'inclure une palanquée de bugs qui vont du plus drôle (Crockett qui ne sait pas tenir son arme) au plus gênant. Les collisions sont si mal gérées que même à l'abri derrière une caisse, les ennemis peuvent toujours vous toucher. Pour compenser, vous pourrez aussi faire la même chose avec eux. Evidemment, les lumières sont ridicules, à l'instar de toutes les textures fades et bien lisses.
- Jouabilité5/20
Si on met de côté les angles de caméra toujours choisis au pif, les ennemis qui visent comme des manches, les bugs qui nous font bouger tout seul et la difficulté mal dosée alors on pourrait probablement considérer Miami Vice comme un jeu très maniable.
- Durée de vie4/20
Pour tout vous dire, après avoir recommencé vingt fois la première mission à cause d'un angle de caméra mal fichu, j'ai eu quelques envies de meurtres. Puis le professionnalisme m'a rattrapé et je me suis appliqué pour arriver au moins au deuxième niveau. Aller plus loin aurait été du masochisme. Si ça vous intéresse, il y a environ quinze missions à remplir.
- Bande son10/20
Le générique semble avoir été récupéré en fichier midi sur le net, même si le boîtier prétend qu'il s'agit de la musique originale. J'avoue que ma mémoire auditive ne remonte pas jusque là et que je suis bien obligé de lui faire confiance sur ce point. Les voix des acteurs sont en anglais, tant mieux on aura pas à supporter les dialogues creux qu'ils débitent entre les missions.
- Scénario8/20
Citation extraite de la jaquette : "Saurez-vous résister à la tentation de l'alcool, des femmes, des voitures de sport et de la drogue et mettre sous les verrous le cartel de la drogue d'Ortega ? Seul l'avenir vous le dira."
Un nouveau trophée à ranger avec les autres raretés de Davilex. L'éditeur, indétrônable lorsqu'il s'agit d'apposer son nom sur les pires jeux du marché, ne change pas son fusil d'épaule et continue de mettre en boîte des titres pas finis. Avec K2000 2 et Miami Vice, son cru 2004 est particulièrement réussi.