Après le carton assuré l'année dernière par cette perle de jouabilité qu'était Prince Of Persia : Les Sables Du Temps, Ubi Montréal frappe une seconde fois en ne laissant pas dormir la licence. Pour cette Ame Du Guerrier, on nous avait promis moult changements et améliorations, les promesses sont-elles tenues ?
Bigre qu'il a changé notre bon Prince de Perse. Il faut dire qu'il en a vécu de drôles depuis qu'il a libéré les Sables du Temps et bidouillé les fils du destin. Résultat, une créature divine, le Dahaka, le traque sans relâche et ne s'arrêtera pas tant que le temps n'aura pas repris son cours normal. Et pour cela, le Prince doit mourir. C'est pour tenter d'échapper à cette destinée que le Prince se rend sur l'île de l'Impératrice du Temps dans le but osé de remonter le temps et d'empêcher la création des Sables. Comme ça, on l'a compris, le ton est donné, l'ambiance sera sombre, presque glauque parfois.
Certains regretteront sûrement le charme exotique du volet précédent d'ailleurs, mais c'est surtout ce qu'il est advenu du personnage principal qui ne plaira pas à tout le monde. Si on aimait le prince un peu naïf, un peu benêt même, héros malgré lui, il est difficile de s'attacher à ce guerrier orgueilleux et brutal qui pousse des grognements et des cris tous les 3 coups d'épée. A croire qu'on joue avec un clone de Steven Seagal. Car oui, le bonhomme est devenu un véritable guerrier, un warrior, un défourailleur etc. Du coup, l'autre nouveauté de Prince Of Persia 2 réside dans l'expansion du système de combat. Si les actions déjà pratiquées dans le premier volet sont toujours d'actualité, de nombreux nouveaux combos font leur apparition, variables selon qu'on utilise une ou deux armes. Il est en effet possible d'employer dans sa main gauche les sabres, haches ou autres objets des ennemis. Dans ce cas, on perdra la possibilité de saisir les adversaires mais au profit d'attaques bien plus puissantes. Au final, les aptitudes au combat sont vraiment nombreuses et variées, je n'en ferai pas une liste, mais sur ce point, on peut s'estimer très satisfaits de voir arriver des luttes plus construites et moins redondantes. Toutefois, le côté confus qu'on avait pu reprocher aux affrontements du volet Sables Du Temps n'a pas disparu, laissant filtrer une once de frustration à l'occasion. Plus nombreux, mais aussi plus difficiles qu'auparavant, les combats devront également être livrés contre quelques boss. D'ailleurs, on sera à plusieurs reprises poursuivis par le Dahaka lui-même au cours de séquences qui consisteront à fuir à toutes jambes, sans prendre le temps de réfléchir à ce qu'on fait.
Si vous avez joué à l'opus sorti l'an passé, vous retrouverez vite vos marques ici. Le jeu repose toujours sur les mêmes bases. En sus des combats, il est essentiellement question de réaliser toutes sortes d'acrobaties aériennes. Cette fois, on pourra même utiliser des tapisseries dans lesquelles on plantera son épée pour se laisser descendre façon pirate. Une fois de plus, toutes ces galipettes s'effectuent avec une aisance et une grâce féline et serviront un but bien précis : déjouer les divers pièges et puzzles du jeu. Le Level Design, toujours aussi grandiose, demeure une composante à part entière du gameplay et faire son chemin à travers l'île reste une expérience toute aussi plaisante qu'elle l'avait été dans le Palais perse. Même si cet aspect du jeu se montre lui aussi plus corsé, notamment les pièges qui sont parfois vraiment vicieux, il arrive bien plus fréquemment dans cette suite de connaître les affres de la mort. Sans l'ombre d'un doute, L'Ame Du Guerrier est bien plus difficile que son grand frère. On ne devra donc pas hésiter à user des pouvoirs temporels liés aux Sables. Outre le pouvoir de remonter le temps afin de corriger d'éventuelles bévues, le Prince peut désormais ralentir l'action autour de lui tout en conservant sa vitesse, une aptitude fort utile aussi bien en combat que pour franchir une suite de pièges mortels.
Les méandres du temps auront une autre incidence sur le jeu. En utilisant des portails, on fera de fréquents allers-retours entre le présent et le passé. En dehors du fait que les environnements en seront totalement modifiés d'un point de vue esthétique, le bon état ou le délabrement des décors changera le chemin que l'on devra emprunter à travers une zone. De même, certains pièges seront activés à une époque et pas à une autre. Cependant, cette dualité n'affecte pas vraiment le gameplay, puisqu'on n'a pas vraiment à faire face à des mécanismes exigeant que l'on change d'époque. Le jeu reste très linéaire et on effectue ces voyages quand on nous l'impose et pas dans le cadre d'une énigme.
On le voit, Prince Of Persia 2 porte bien son nom. Nous sommes ici face à une suite pur jus qui a repris ses bases et a ajouté quelques éléments. Des bases vraiment excellentes mais quelque part, la baffe qu'avait imposée le premier volet s'est un peu amoindrie. L'effet de surprise et de nouveauté n'y est plus. De plus, certains défauts et lacunes demeurent. Les caméras ne sont par exemple pas toujours parfaites. Il arrive assez souvent que l'on doive se contenter d'un angle fixe impossible à modifier. En général, l'angle en question fait la part belle à l'esthétique au détriment de la fonctionnalité, ne laissant qu'une vue partielle de l'action au joueur qui pourra éprouver quelques difficultés à anticiper ou même à réaliser un simple saut. Les combats eux-mêmes, en dépit des excellentes améliorations qu'ils ont connu, ont encore tendance à traîner un peu en longueur et à se montrer un brin confus.
Du point de vue technique, PoP 2 se révèle aussi brillant que le premier, mais il est difficile de faire l'impasse sur certains bugs gênants, en matière de gestion des collisions entre autre. Il m'est arrivé 2 ou 3 fois de passer à travers un mur pour tomber dans un précipice invisible, c'est toujours agréable de mourir comme ça. De temps à autre, on constatera, non sans surprise, que l'on passe à travers les ennemis également ou qu'un coup porte sans vraiment nous toucher. Bien sûr, il s'agit d'événements rares mais ils n'en sont pas moins regrettables.
Le dernier point qui laisse un peu sur sa faim concerne l'ambiance. si le scénario est réussi et plutôt haletant, sa mise en scène est parfois un peu pataude. La faute à un doublage VF qui prête parfois à sourire, aussi bien par son interprétation que par ses dialogues de mauvais film d'action. Si le choix d'un univers sombre venu supplanter la féerie des mille et une nuits n'est pas un mal en soit, il est dommage qu'on ait aujourd'hui tant de mal à se laisser charmer par ce nouveau héros. Quant au choix des musiques metal, il est franchement très discutable tant il colle mal à l'ambiance générale.
- Graphismes18/20
Malgré quelques bugs, le moteur graphique de PoP 2 fait des merveilles et le design est une petite perle du genre. L'alternance entre les deux époques passées et présentes est l'occasion de voir les environnements s'altérer et changer du tout au tout. Inutile de préciser que l'animation du Prince est simplement divine.
- Jouabilité16/20
Le nouveau système de combat est particulièrement percutant et plaisant. La prise en main du jeu est immédiate et on se voit rapidement capable de réaliser les pires acrobaties sans le moindre problème. L'ennui c'est que l'effet de surprise est un peu passé depuis PoP premier du nom. On regrette au passage que les caméras posent encore problème.
- Durée de vie14/20
Le niveau de difficulté a été revu à la hausse, aussi bien dans les affrontements qu'au niveau des puzzles plus complexes et à la solution moins évidente. L'aventure est de surcroît plus longue et on comptera environ 15 heures pour en voir le bout.
- Bande son15/20
En matière d'effets sonores, rien à redire. En revanche les doublages sont en dents de scie. Le Prince manque de charme et s'exprime comme un gros boeuf arrogant mais les autres personnages s'en sortent mieux. Quant aux musiques, on reste perplexe, de qualité dans l'absolu, on s'interroge tout de même sur le choix d'un style Metal qui n'adhère pas nécessairement au jeu.
- Scénario15/20
L'intrigue autour du Dahaka et de l'Impératrice est prenante et dissimule quelques rebondissements qui relanceront l'intérêt.
C'est avec joie que l'on retrouve le héros le plus agile du moment. Courir sur les murs, se balancer sur tout ce qui bouge, bondir et rebondir est toujours un plaisir immense. Mais quelque part, la claque n'est plus aussi monstrueuse, la surprise fait moins effet. Heureusement pour compenser, Ubi Montréal a su apporter quelques modifications de bon aloi. Il est alors bien triste de constater qu'en contrepartie, d'autres défauts du jeu original persistent encore et toujours. et quoi qu'on en pense, l'attachement au personnage du Prince était pour beaucoup dans le charme du jeu original. Ici, il faut avoir envie d'incarner cette brute épaisse au vocable rustre... De quoi relativiser un peu la qualité de ce qui reste néanmoins une très bonne suite.