Dernier épisode de la quadrilogie Dot Hack, Quarantine fait figure de bien triste constat. Si le projet semblait de prime abord être plein de promesses, il faut voir avant tout que cette machinerie vidéoludique mise en place par Bandaï est une des plus grandes arnaques à laquelle j'ai assisté. Mêlant astucieusement manga, série TV, OAV et jeux vidéo, l'univers de Hack aura donc été propice à un entrelacement scénaristique très intéressant. Si dans sa globalité, le concept est fort original, les 4 jeux constituant l'aspect vidéoludique ne semblent malheureusement être là que pour soutirer encore un peu plus d'argent à nous autres, pauvres joueurs. Et autant dire que nous frisons ici l'insolence vénale, commanditée par des têtes pensantes en voulant toujours plus.
Quarantine étant le cadet de la famille vidéoludique Dot Hack, il reprend le moteur graphique de ses aînés ainsi qu'un gameplay et des idées similaires. Ayant réfléchi à la façon dont j'allais appréhender le test final de cette quadrilogie, j'en suis venu à la conclusion qu'il était plus intéressant pour moi (et pour vous) de dresser une liste de points positifs et négatifs pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion. Je pense sincèrement qu'il s'agit de la meilleure des solutions sachant que les 4 jeux sont strictement identiques, seul le scénario évoluant d'une façon certes lente et roborative. Vous pourrez alors vous faire votre propre jugement et peut-être comprendre un peu mieux comment j'en suis venu, après plus de 80 heures de jeu réparties sur les 4 épisodes, à passer d'un 15/20 pour le premier segment à un 08/20 pour le quatrième. Ne perdons pas une seconde de plus et commençons avec les points positifs de Dot Hack // Quarantine et par extension ceux de la saga entière.
L'idée de base qui est de proposer un concept multimédia complémentaire est très intéressante et nous permet de comprendre l'histoire sous plusieurs angles différents. Par exemple, les OAV Dot Hack // Liminality se passent uniquement dans le monde réel, le jeu vidéo et la série TV se passent à des moments différents, le manga s'intéresse à des personnages que nous ne voyons pas dans les autres médias, etc. Parallèlement à ce concept, chaque jeu est vendu avec une des OAV évoquée plus haut. De plus, les scénarii des softs et des animés étant siamois, vous aurez le plaisir de découvrir ce qui se déroule à l'intérieur et à l'extérieur du jeu, The World. A propos de The World, qui est en fait le jeu dans le jeu, il est très original de pouvoir évoluer dans une simulation de MMORPG en solo. Ceci apporte un nouvelle manière de penser, notamment en ce qui concerne l'échange d'objets, le troc étant un bon moyen pour dénicher de belles pièces d'armes ou des articles de haut niveau.
Beaucoup de personnages vous rejoindront durant votre aventure, dont le légendaire Balmung, et auront quasiment tous comme point commun d'avoir un très beau design. L'élevage de Grunty (les montures de la série) est assez sympa bien que très difficile si on veut obtenir toutes les espèces. Une fois ceci fait, vous aurez même droit à des couses de Grunty. Au fur et à mesure que vous avancerez dans l'aventure, vous débloquerez de nombreux bonus, comme les musiques et cinématiques du jeu ou encore d'innombrables artworks pour décorer le bureau de votre PC virtuel. Les combats contre les véritables boss (Phase) sont généralement mémorables et demandent tous une tactique particulière. A ce sujet, ayez toujours sur vous un bon nombre de potions, correctifs ou âmes de mages pour espérer vous en sortir. Une fois que vous aurez terminé le premier épisode, Dot Hack // Infection, vous aurez droit au doublage japonais pour les épisodes suivants. Ceci dit, si l'idée est une bénédiction, pourquoi ne pas l'avoir proposé d'entrée de jeu ? Mystère, mystère. A propos de la bande-son, les 4 jeux regorgent de thèmes différents et si tous ne sont pas de la meilleure qualité, quelques-uns d'entre eux sont superbement composés.
Passons maintenant aux nombreux problèmes émaillant le jeu et par extension toute l'entreprise Dot Hack. Quatre jeux sont forcément synonymes de quatre fois plus d'argent à débourser pour finalement avoir droit à 4 titres identiques, exception faite des cinématiques propres au scénario. Rageant quand on a le sentiment que Dot Hack aurait pu facilement tenir sur un seul DVD, vendu avec une autre galette où les OAV auraient été rajoutées. Le scénario, s'il est bien le ciment qui consolide l'ensemble, est trop peu étoffé. Ceci tient au fait que l'aventure n'avance quasiment pas dans les deux premiers volumes de la série et tient en moins d'une dizaine de cinématiques directement rattachées au synopsis dans le troisième épisode. En somme, tout se joue dans la quatrième épisode. Il est d'autant plus navrant d'avoir mis en avant cet aspect que Kazunori Ito nous avait habitués à bien mieux, notamment lors de ses collaborations avec le grand Mamoru Oshii. Bref, le scénario n'a rien d'exceptionnel et se veut même bien moins ambitieux que des titres comme Xenosaga, Final Fantasy X ou Valkyrie Profile.
Si le dungeon RPG est à la base un style linéaire, ce constat est visible dans toute sa démesure via Dot Hack. Les donjons sont générés aléatoirement mais leur architecture est toujours la même. Le style graphique n'évolue pas d'un pouce et les missions sont rébarbatives et soporifiques. Pire, beaucoup d'entre elles se terminent par des cinématiques complètement idiotes et sans intérêt du style : "Nous avons vaincu le monstre, mais il n'y a rien ici.", "Ok, les personnes du forum ont dû mentir, retournons en ville". Pathétique, ennuyeux et énervant. A propos du graphisme, il est désarmant de voir que les développeurs ne se sont pas cassés la tête. En gros le jeu se résume à quelques villes racines et à une multitude de champs et de donjons tous plus moches les uns que les autres. Le problème est que les rares bonnes idées se comptent sur les doigts d'une main et peuvent être résumées comme suit : Villes Racines qui sont un peu plus jolies que le reste et un style graphique original pour quelques endroits avec des lignes de codes qui témoignent d'un bug du système, ce dernier devenant trop redondant arrivé au milieu de l'aventure. Enfin, on pourra aussi mettre en avant quelques beaux décors mais qui ne sont visibles qu'à la fin de chaque jeu en allant combattre un boss optionnel.
Alors qu'on peut modifier l'angle de caméra à sa guise, les problèmes inhérents aux objectifs sont catastrophiques dans les donjons. On ne comprend absolument rien à ce qui se passe, on doit recentrer la caméra toutes les dix secondes mais malgré cette possibilité le jeu est tout sauf lisible, surtout quand les effets spéciaux et explosions masquent l'action. La gestion de vos personnages est intéressante mais trop lourde. Oui nous sommes dans une simulation de MMORPG mais ce n'est pas une excuse. La gestion des objets est mal pensée (avec l'impossibilité de rependre un objet donné à un compagnon) et si le système d'ordres est rapide et précis (par groupe ou individuel) il est rageant de voir que, lorsque vous êtes dans un donjon, les ordres (comme les premiers secours) sont annulés quand vous passez d'une pièce à l'autre.
Si vous êtes du genre à terminer les donjons à 100% pour trouver entre autres des objets rares, sachez que vous devrez très souvent refaire deux fois un même endroit. En effet, il arrive fréquemment que vous combattiez un boss ou ayez droit à une cinématique avant de pouvoir terminé un donjon et que dans la foulée le jeu vous renvoie manu militari dans une Ville Racine. Ne vous reste plus qu'à tout vous retaper, monstres compris, pour dénicher les trésors enfouis sous terre. Une des plus grandes aberrations qu'il m'a été donné de voir dans un RPG. Le système de sauvegarde est idiot. Vous ne pourrez en effet sauver votre partie que dans les Villes Racines ou devant votre PC virtuel, mais dans les deux cas, après avoir chargé une partie, vous reviendrez obligatoirement au niveau du bureau. Décidément, on ne pense pas à grand chose chez Cyber Connect 2.
Le niveau des ennemis fait que vous devez obligatoirement faire du level-up. Si vos personnages gagnent rapidement en EXP, on constate tout de même une difficulté mal dosée avec par exemple certains monstres de niveau 69 qui peuvent facilement anéantir votre équipe constituée de trois personnages de niveau 70 ou 71. Les quêtes annexes n'apportent rien, pas même du plaisir et dénotent aussi d'un marasme cérébral de développeurs endormis. Pour égayer mes propos comment ne pas citer le défi des gobelins qui sera découpé en une vingtaine d'épreuves similaires, le challenge devenant quasi impossible à compter de la onzième ou douzième fois.
Voilà de quoi animer le débat entre joueurs. Personnellement, j'aime beaucoup le concept mais j'ai pourtant souffert comme jamais en finissant chacun des 4 épisodes. La conclusion sera donc aisée. Si vous avez acheté les trois premiers segments, inutile de vous dire quoi faire mais si vous hésitez encore à vous procurer cette série, réfléchissez bien. Si c'est du Dungeon RPG que vous recherchez, optez plutôt pour le somptueux Dark Chronicle et si c'est du simple RPG que vous désirez, la PS2 ne manque pas de titres de qualité. Enfin si vous souhaitez malgré tout profiter de l'univers Dot Hack, autant miser sur la série TV Dot Hack // SIGN. Pour terminer, je précise que c'est après avoir joué des heures que ma vision d'ensemble du produit de Bandaï a pu évoluer. La note du quatrième épisode pourra donc être apposée sur les trois autres opus. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !
- Graphismes12/20
Les personnages ont un superbe design pour la plupart et un grand nombre de monstres peuple le jeu. Malheureusement les décors sont moches et n'évoluent absolument pas, seules les Villes Racines se dotent d'un ou deux nouveaux endroits à chaque opus, Dot Hack // Quarantine ne dérogeant pas à cette règle. En somme, la 3D est vieillotte et on est loin des oeuvres de Square Enix, Tri Ace ou Level-5.
- Jouabilité9/20
Des problèmes de caméra, des problèmes de gestion d'équipement, des problèmes de sauvegarde, Dot Hack possède à peu près toutes les tares qu'on peut espérer ne pas croiser. En contrepartie, on y trouve quelques idées intéressantes mais vu qu'elles sont noyées sous un flot de déconvenues, on peine à apprécier le gameplay de la série.
- Durée de vie12/20
Vu que le level-up est un passage obligé, il vous faudra entre 18 et 25 heures pour boucler chaque segment, ce qui est bien peu pour un RPG. Le tout est linéaire, beaucoup trop redondant, même pour un Dungeon RPG, et certaines quêtes annexes ne sont là que pour booster artificiellement la durée de vie. Dommage que le tout soit réalisé d'une manière si maladroite, si voyante.
- Bande son14/20
Un doublage anglais un cran en dessous du doublage japonais qui est lui aussi accessible ! Excellente idée qui devrait être plus souvent mise à profit. Les musiques sont nombreuses mais beaucoup de thèmes ne valent pas franchement le détour. En somme, voici une bande-son honorable qui doit autant à l'éclectisme de ses musiques qu'aux doubleurs bien impliqués.
- Scénario12/20
Le scénario de Dot Hack devait être incroyable d'inventivité mais les cinématiques étant peu nombreuses, mal agencées et ne lâchant quasiment aucun indice véritable durant les trois premiers volets, on restera sur notre faim. Quelle déception de finalement se rendre compte que l'ensemble aurait pu tenir sur une simple galette, le scénario de Ito ayant été grandement surestimé. On est loin de l'ambiance Nietzschienne d'un Xenosaga, de la féerie mythologique d'un Valkyrie Profile ou même d'un titre à messages comme Final Fantasy VII.
Comment ça 08/20 ? Et oui, 08/20. C'est en finissant les précédents opus tout en ayant une bonne idée du quatrième épisode que je me suis rendu compte que Bandaï a mis en place une grosse machinerie pour pomper nos deniers. Le concept multimédia est une bonne idée mais les 4 segments vidéoludiques sont totalement dispensables en tant que jeux à proprement parler. Une histoire originale mais surestimée, une technique vieillissante, un gameplay problématique, une redondance artistique et scénaristique, Dot Hack est certes unique en son genre mais ça s'arrête là. La PS2 dispose de trop de merveilles dans le domaine du RPG pour que vous perdiez du temps avec la série de Cyber Connect 2. Si vous n'êtes pas encore convaincu, essayez donc le premier opus en occasion pour éviter de trop grosses désillusions.