Après les frasques illuminées sur consoles de salon, NFSU 2 débarque dans un crissement de pneu et un bris de vitre sur une GBA encore étonnée de tant d'attention. Mais pour vraiment profiter à "donf" de ce titre, je vous conseille ardemment d'équiper votre portable en conséquence. Un néon sous la coque, des jantes de 17 pouces autour des boutons A et B, et un spoiler sur l'arrière devraient convenir à merveille. Il ne restera alors plus que la touche finale à apporter, à savoir une paire de dés matelassés, suspendue au port cartouche. Faites crépiter la sono et en route pour l'aventure.
Souvenez-vous... Une jeune femme, bien sous tous rapports, vous accueillez chaleureusement au début de votre aventure. Plaçant sa confiance en vous, elle faisait de vous son chevalier servant, son valeureux guerrier au panache blanc chevauchant un destrier d'acier rugissant. Tout fier de votre nouvelle promotion vous partiez lui prouver votre courage dans des défis diversifiés et à la virilité affirmée. Un élan vous poussait alors à continuer sur votre lancée. Malheureusement, cette version GBA se montre beaucoup moins entreprenante, vous recevant avec un laconique et impersonnel : "Choisis ta voiture". Un choc émotionnel, qui fait douter sur la présence d'un mode histoire. Une interrogation légitime à la vue de ce que nous réserve la suite des évènements. En effet, et ce dès le menu principal, un manque de modes de jeu disponibles certain se fait ressentir. Répondent seulement à l'appel un mode "Fonce !", dans lequel vous pouvez vous entraîner avec les bolides et les courses durement gagnés, un mode "Underground" que je vais vous détailler ci-après, et un dernier intitulé sobrement "Mini Jeux", vous permettant de comprendre le sens du mot inutile. Effectivement, ces derniers, engrangés au fur et à mesure de vos victoires, se composent d'épreuves pour la plupart inintéressantes, et au gameplay trop réduit pour convaincre. Ersatz d'activités ludiques présentes dans nombre de jeux de danse et de rythme, voire dans le fameux Nemo 2 sur GBA, ces dernières peinent à convaincre, et s'avèrent assez mal amenées au sein du soft. Jouissant de plus d'une jouabilité suffisamment défaillante pour couper toute envie de prolongement, cet aspect, voulu au départ comme un plus, se trouve bien embêté dans sa position de malvenu. Mais revenons à ce monde sous-terrain qui nous attire tant.
L'univers de l'underground prend donc visiblement ici ses lettres de noblesse. Du moins c'est ce que l'on veut nous faire croire. Car contrairement à ses grands frères, point ici d'immersion, ni de but à atteindre. Vous êtes directement lâché dans l'enfer de la course automobile sans autres directives que les vôtres. Votre destinée va donc se construire au gré des épreuves que vous allez choisir d'entreprendre. On se demande de ce fait, la réelle différence entre ce mode et celui nommé "Fonce !", si ce n'est, bien entendu, la possibilité de débloquer des pistes et des voitures. Fort heureusement, les thèmes des divers défis sont suffisamment variés pour couper court à un ennui déjà présent. Tout d'abord, vous disposez d'un choix intitulé "Circuit", se divisant en trois niveaux de difficulté au coeur duquel il vous sera obligatoire d'affronter plusieurs concurrents dans le but de remporter une course variant entre 2 et 5 tours. Classique donc. Ensuite, vient la possibilité "Drag". Celle-ci correspond en fait à un affrontement de vitesse sur une ligne droite en plein trafic, dans lequel vous devrez gérer le passage des vitesses avec intelligence et en faisant appel à vos réflexes les plus pointus. Passées trop rapidement elles vous ralentiront de manière notable, et dans le cas contraire vous obligeront à monter très haut dans les tours ce qui n'arrangera pas votre moteur. En troisième position, vous retrouvez le "Drift" qui consiste à effectuer des figures libres durant des dérapages. Plus la glissade est longue et alambiquée, et plus les points s'accumulent.
Un principe au départ intéressant, mais qui sombre dans l'ennui le plus total dans la manière avec laquelle il est traité. Les petits comiques d'Electronic Arts ont en fait eu la délicieuse idée d'implémenter ce challenge dans des niveaux avares en virages, ce qui n'est pas ce que l'on peut effectuer de mieux. De plus, comme si cela ne suffisait pas, vous devrez parfois accomplir plus de 5 tours de piste pour enfin en terminer avec ce véritable tour de force nerveux. Passer 10 minutes à glisser n'est pas à proprement parler la chose la plus digne d'intérêt aperçu dans un jeu vidéo. Enfin, a vous les grands moments de solitude à essayer vainement de mettre un terme aux mini-jeux évoqués plus haut, dans le cadre du mode "Bonus". Un groupe de défis assez déséquilibré donc, qui se contente de mettre en lumière deux principes seulement, à savoir le combat sur circuits, et le "Drag". Bien peu pour espérer retenir le joueur dont les souvenirs de V-Rally 3 sont tenaces. Surtout lorsque la réalisation prend part dans les écueils relatifs à la jouabilité. Effectivement il n'y a que peu de choses, à part peut-être de faire tomber une chocolatine toute fraîche dans une flaque, de plus énervantes qu'une visibilité réduite lors d'un affrontement basé sur la rapidité pure, et où le moindre choc signifie l'abandon immédiat. Roulant à vive allure sur une ligne on ne peut plus droite, agrémentée d'un trafic peu fluide, et ne pouvant en aucun cas distinguer un détail à plus de 50 centimètres est assez gênant. Surtout quand l'horizon se trouve bouché par une bouillie amorphe de pixels, dissimulant de façon fourbe les automobilistes fonçant inconsciemment sur vous. Vous ne miserez de ce fait que sur une chance bien absente pour tenter d'empocher une victoire acquise à la sueur de vos mains.
Malgré cela, les divers systèmes de jeu agrémentant le titre apportent une certaine assise à ce dernier. En effet la phase de customisation de votre véhicule, à l'interface claire et intuitive, permet de mettre en place votre propre idée concernant le design de votre monture survitaminée. Changement de jantes, ajouts de bas-de-caisse, de spoilers, et de pare-chocs seront votre lot quotidien dans votre quête à la performance. Mais une décoration n'a jamais construit la vélocité d'une voiture. De ce fait, il vous incombera d'upgrader les différentes pièces inhérentes à chaque modèle de véhicule, comme les freins, les rapports, ou encore le placement d'une unité de nitro, afin de ne pas vous retrouver à cinq secondes derrière un présomptueux personnage. Il s'en suivra par conséquent une modification de la prise en main, qui pourra s'avérer problématique si vous n'avez pas ajusté les freins à la motricité par exemple. Mais de toute manière, les changements opérés ne ressortiront vraiment que dans les cas extrêmes, du fait d'une maniabilité générale assez surprenante. Les divers modèles présents dans le soft ont dans l'ensemble de légers problèmes de survirage, qui peuvent devenir assez handicapants à la longue. Et même une fois la direction remise au goût de la performance, demeure cet aspect assez dérangeant. Néanmoins rien de bien grave, et chacun pourra s'essayer à la course à la célébrité, si tant est qu'il aime les gros pixels baveux.
Dernier point faible du jeu, qui en compte déjà quelques uns, la réalisation graphique peu équilibrée. V-Rally 3 ayant démocratisé l'utilisation de la 3D sur GBA, de nombreux studios se sont dit qu'ils pourraient donc faire de même et accentuer encore un peu plus l'immersion du joueur dans le monde aux senteurs d'essence de l'automobile. Toutefois, fallait-il encore se rendre compte des limites de la console et de l'apparence du rendu final. Tenter de modéliser des rues étroites d'une ville aux immeubles multiples est une gageure qui malheureusement n'a pas abouti. Les décors demeurent en effet constellés de pixels entrelacés donnant à l'ensemble un aspect brouillon et moyennement détaillé. L'évolution dans ces décors devient alors davantage une tentative de survie, en essayant d'apercevoir un repère, qu'une course à proprement parler. Reste que si l'on se concentre sur le véhicule durant la course, on ne sera pas déçu. Bénéficiant d'une modélisation tout à fait correcte, et de la possibilité de supporter les modifications de style que vous ne manquerez pas de leur apporter, les automobiles deviennent un des points d'intérêt du titre. L'habillage général est quant à lui suffisamment sobre pour être accepté par tout le monde, tout en conservant des petites touches subtiles agrémentant le design.
Au final, donc, NFSU 2 ne possède concrètement pas assez de qualités pour espérer se détacher de la masse des jeux communs, sans une touche de caractère les définissant. Peu clair, doté d'une jouabilité perfectible, et d'un ennui imposant lors de certaines phases, celui-ci ne connaîtra malheureusement pas le sort enviable de ses grands frères. Dommage.
- Graphismes11/20
S'il est toujours aussi impressionnant de voir de la 3D sur GBA, on ne peut s'empêcher parfois de regretter un mode 7 démodé, mais relativement lisible. Il est en effet peu aisé de distinguer le bout d'une ligne droite dans NFSU 2, ce qui peut s'avérer dommageable dans certaines situations. Les décors sont quant à eux très fouillis, et vous aurez parfois du mal à distinguer une forme. Néanmoins, les véhicules disposent d'une modélisation de qualité, ne permettant cependant pas de contrebalancer le reste.
- Jouabilité13/20
Les commandes se prennent en main fort rapidement, sauf peut-être dans le cas du mode "Drag" demandant un peu d'adaptation. Malgré tout, aucun problème à signaler de ce côté là. Par contre, les réactions des voitures sont bien plus problématiques, ces dernières adorant le survirage et surtout le fait de se déporter violemment dans les virages. De plus, il est évident que certaines phases de jeu, comme le "Drift" justement, s'avèrent ennuyeuses au possible, et surtout bien mal réalisées. Restent l'impression de vitesse correcte et l'animation assez convaincante.
- Durée de vie12/20
De très nombreuses pistes sont disponibles, mais elles ont du mal à cacher le fait que nombre d'entre elles ne sont que des rééditions de zones de courses déjà présentes. De plus, et malgré la possibilité de débloquer des modèles de voitures inédits et de nouveaux circuits, il n'est pas évident que vous supporterez le jeu dans son entier. On note également la présence d'un mode multijoueur n'apportant pas énormément de choses à un jeu vraiment très moyen.
- Bande son9/20
Les compositions exposées au gré des parties demeurent assez agréables, sans toutefois convaincre totalement, du fait du processeur sonore miteux de la GBA. Les effets sonores quant à eux sont relativement restreints, et font preuve d'une qualité assez douteuse. Les petites explosions du pot sont assez énervantes à la longue.
- Scénario/
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Sous ses abords de jeu cool pour les joueurs désirant pénétrer dans un monde "underground" et sans autres lois que celle du plus fort, NFSU 2 déçoit fortement, et ne communique pas du tout le "fun"inhérent aux versions sur les consoles de salon. On se retrouve donc face à un titre ennuyeux, qui ne parvient pas à communiquer de plaisir vidéoludique. Assez mal réalisé, et lacunaire dans bien des cas, il ne conviendra pas aux personnes recherchant l'ivresse de l'arcade. La nitro ne marche plus.