Et nous y revoilà, Medal OF Honor revient une fois de plus sur les devants de la scène. Une fois de trop ? Peut-être, alors qu'on espérait beaucoup de lui, Bataille Du Pacifique accumule les bourdes et n'apporte que très peu de choses à la série lancée il y a tout de même 4 ans.
Il y a 4 ans, 2015 nous pondait Medal Of Honor : Débarquement Allié sur PC, après avoir lancé la série sur PSOne. Petite claque dans la tronche que ce jeu qui a posé les bases d'un sous-genre du FPS, un titre ultra dirigiste et linéaire mais qui recourt à une tonne de scripts afin de plonger le joueur dans une ambiance hollywoodienne. On aime, on déteste, à chacun de voir, mais il faut bien dire que la chose a ses charmes. Suivirent plusieurs add-on et bien sûr une inondation de clones. Mais jusque là, aucune véritable amélioration ou nouveautés n'ont été apportées à MoH auquel on a vite reproché ses niveaux couloirs ou son IA franchement limitée. C'est donc ce genre de joyeusetés qu'on attendait de Bataille De Pacifique.
Pour ce qui est des nouveautés, cette fois on quitte le vieux continent pour prendre la direction du Pacifique, tout comme dans le plus que moyen Soleil Levant sorti sur consoles. A nous Pearl Harbor ou Guadalcanal et surtout le crapahutage dans une jungle toute moite. Second ajout, le médecin. Lorsque vous vous faites toucher gravement, plaqué au sol par la blessure, il vous est possible d'appeler un médecin à l'aide qui seul pourra vous remettre sur pied. Une idée vraiment bien pensée, au passage, et qui implique de ne pas faire n'importe quoi car on ne peut pas faire appel à lui à tout moment. Enfin, troisième et dernière nouveauté, la possibilité de lancer à la volée des similis ordres à nos compagnons d'infortune, ils sont au nombre de trois : avancer, repli ou tir de couverture. On ne dira pas que cela ne sert rien, mais c'est pas l'envie qui en manque tant ces ordres paraissent anecdotiques en cours de jeu.
Voilà, pour le reste, une fois de plus, on nous ressert du Medal Of Honor pur beurre mais en plus beau. Ainsi la formule est la même : un maximum de scripts prévus pour mettre en scène des combats furieux et nous faire péter des trucs en pleine figure quand on s'y attend le moins. Et bien sûr, des niveaux couloirs toujours aussi linéaires (on trouve même des panneaux fléchés en pleine cambrousse ! Au cas où on serait vraiment débile) qui servent une action dirigiste au possible. Elles sont loin les belles promesses de renouveau...
Bon maintenant, il est vrai que le jeu réserve de très grands moments, à commencer par la fameuse attaque de Pearl Harbor que l'on vivra dès son début depuis les quais avant de se retrouver canonnier dans une frégate, puis à bord de l'USS Neveda, aidant les rescapés. Tout ça avant de monter sur le pont pour trouer quelques carlingues de Zeros. Et bien d'autres suivront ensuite tout au long du jeu, entrecoupés par une progression en pleine jungle. Mais c'est aussi là qu'on réalise à quel point le jeu s'annonce injuste, énervant et même particulièrement mal conçu. En clair, si dans ces moments là on vous dit "Zero à 12H", vous avez environ 6 secondes pour les descendre, sinon vous êtes morts. Et des choses comme ça, le jeu en est bourré. Vous avancez et paf, si vous n'êtes pas là où le script l'avait prévu, ou si vous ne faites pas ce qu'on attend de vous, c'est la fin de mission. Ce n'est même pas un problème de talent de joueur, non, non, juste que c'est comme ça. L'ennui c'est qu'on a trop souvent pas le temps de comprendre en quoi on a fait erreur. Le genre de situation dans laquelle on s'écrie avec véhémence "Punaise c'est dégueulasse !!" même si le punaise peut être remplacé par ce qu'on veut de plus vindicatif. Il y ainsi quelques scènes qu'on devra se refarcir plusieurs fois, le doigt collé sur la touche de quick save/load, pour comprendre ce qui se passe. Marcher tranquillement et voir l'écran de fin de mission, ça surprend.
Autre ennui, l'équilibrage des combats qui laisse à désirer. En dehors de quelques passages un peu ardus on a plutôt l'habitude que la série des MoH soit composée de jeux assez faciles. Et bien certains vont être surpris cette fois. Plusieurs éléments se conjuguent pour rendre le jeu franchement corsé. Essentiellement, c'est l'IA ennemie qui est en cause. Pourvus d'une vision bionique redoutable, les japonais vous repèrent à 200 mètres malgré vos efforts de discrétion. Par contre, vous, pour les voir, vous pouvez toujours vous brosser. Résultat, on se fait allumer à distance et en dépit du côté nerveux, voir furieux des combats, la progression devra être extrêmement prudente. Ce qui ne colle pas vraiment avec l'esprit de la série. Le résultat final est déconcertant, un mélange de gameplay bourrin et d'approche presque furtive limite Ghost Recon style (oui bon peut-être pas quand même).
Bourrin parce qu'il faut savoir que s'ils y voient terriblement bien, les japonnais ne sont pas pour autant des prix nobels. On observe quelques réactions crédibles de couverture et de mouvement mais nos amis nippons demeurent de grands suicidaires qui vous foncent dessus l'arme au poing dans le but de vous finir à la baïonnette comme des bouchers. Agressifs ces petits gars. On pourrait en faire son affaire si d'autres soucis ne venaient pas nous compliquer la tâche, comme le temps incroyablement long que met le héros à recharger son arme. En soit, la durée est crédible, mais encore une fois cet aspect ne colle pas avec l'esprit bien plus arcade du jeu. Lorsque vous tentez d'allumer un soldat ennemi qui lui a décidé de venir vous achever à la baïonnette, priez pour que votre arme soit chargée avant qu'il ne soit trop près, parce que vu le temps que ça prend, vous pouvez aussi bien recharger... votre dernière sauvegarde. Et encore, s'il est seul, un coup de crosse et on n'en parle plus, mais quand ils sont 2 ou 3...
C'est finalement ce décalage entre des aspects qui se veulent réalistes (le temps passé à recharger), la vision trop développée des ennemis et leur comportement suicidaire, nos propres armes peu puissantes et pas super précises qui font que le jeu ne donne pas les moyens d'agir comme les situations qu'il propose le voudraient. On devrait être rapide et puissant pour faire face à cette horde de dingues, or, on est lent et faible. Quand on ajoute le coup des morts arbitraires, on a comme une veine qui nous bat dans la tempe gauche.
Inutile de dire que tous ces points se révèlent abominablement frustrants. Et c'est d'autant plus regrettable que Bataille Du Pacifique a pour lui des choses très positives. Sa mise en scène est réellement efficace et spectaculaire et l'ajout du médecin est véritablement une excellente idée. De surcroît, si les japonnais manquent singulièrement de crédibilité dans leur comportement, ce n'est pas le cas de vos alliés qui pour leur part sont loin d'être idiots
et d'agir comme de la vulgaire chair à canon. Ils savent se défendre et mieux encore, vous défendre. Il n'est pas rare de les entendre nous interpeller pour nous prévenir d'une menace qui nous arrive dans le dos, de se tourner et de constater qu'un de nos équipiers a descendu la menace en question. Pas mal tout de même.
- Graphismes16/20
Le nouveau moteur de MoH tourne à merveille pour donner vie à des environnements détaillés et balance la sauce en matière d'effets avec entre autres de très belles déflagrations. Le moteur physique est par contre assez faiblard à côté de ce que nous sert le Havok.
- Jouabilité13/20
Toujours le même principe de base qu'il y a 4 ans mais la mise en scène est une fois de plus ébouriffante. En dehors du médecin, le jeu ne se dote d'aucune vraie nouveauté et pire, voit son gameplay plombé par des scipts bien trop exigeants et des combats mal équilibrés. Le plaisir des yeux a bien du mal à compenser la frustration qui émane du gameplay.
- Durée de vie14/20
Le niveau de difficulté est assez élevé, ce qui risque de surprendre les habitués de la série mais on verra la fin en une quinzaine d'heures. Le multi est sympathique mais un peu limité.
- Bande son17/20
Le jeu soigne sa présentation et la bande-son est donc aux petits oignons, aussi bien en matière d'effets sonores que de doublages. Seul regret à ce niveau, la post-synchro complètement à l'ouest façon doublage des Feux de l'Amour.
- Scénario/
Ce nouveau volet de Medal Of Honor ne tient pas ses promesses d'innovations. Pourtant, sa mise en scène est toujours aussi impeccable et bluffante. Pour ajouter aux bonnes choses, on saluera l'IA alliée et l'intégration du médecin. Seulement en marge de cela, on a encore droit à des niveaux en forme d'autoroute, une IA côté ennemie qui ne supporte pas la comparaison avec les standards actuels, des échecs de missions qu'on ne comprend pas et des combats dont les diverses composantes sont mal balancées. Le mot clé : frustration.