Décidément, notre héros, Ty ou le tigrounet comme l'appelle sa meilleure amie, n'a pas une vie franchement enviable. Faisant partie d'un groupe de sauveteurs du bush regroupés dans une organisation portant le doux nom de Centre de Secours, il n'a de cesse de mettre sous les verrous les ignobles personnages capables de faire du mal à la nature. Attention à vous les vandales, cassant les branches des arbres, et piétinant les roseaux. Votre dernière heure a sonné. Et c'est vrai qu'un tigre d'1m20 en bermuda a de quoi convaincre. Toutefois l'un de ces voyous lui a donné du fil à retordre par le passé. Disposant de beaucoup de moyens et désirant ardemment rayer la jungle de la carte pour y implémenter des usines, Cass, c'est son nom, vient tout juste de s'échapper de sa prison. Ty va donc devoir contredire au plus vite les méfaits de son adversaire de toujours, prenant la forme d'une autruche machiavélique. A défaut de ne pas être charismatique du tout, mais alors pas du tout (pourquoi pas une huître avec une cape tant qu'on y est), le grand méchant du titre représente la seule réelle menace pour votre vie de mammifère vaguement marsupial.

Arborant fièrement une houppette agressive et des gants en cuir seyants, notre transfuge poilu de Tintin demeure le seul espoir de la forêt en détresse, et par extension du Centre de Secours, dont aucun membre n'est à même de repousser les attaques du tyran. Fort heureusement, ses dents ne seront pas sa seule arme. En effet, Ty dispose d'une science incontestable du boomerang, qui lui servira grandement dans ses aventures épiques. Au départ cantonné à un modèle classique fait simplement de bois, il vous faudra par la suite enrichir votre collection dans l'espoir de poursuivre une progression logique. Effectivement, certains modèles restent indispensables afin de terminer convenablement un niveau. Par exemple, le lassorang fera office de grappin, vous aidant à dépasser les étendues aquatiques avec plus de rapidité, et surtout surmonter les précipices. Chacun de ces outils effilés possède une particularité qui le rend soit intéressant, soit comme dit ci-dessus obligatoire. Un cryorang permettant de geler vos opposants, un infrarang pourvu d'un viseur, ou encore un megarang disposant d'une tête chercheuse sont une petite démonstration de la variété d'armes présentes au sein du soft. Vous trouverez d'ailleurs ces petites merveilles au creux du Centre, qui s'apparente à un point de ralliement vous servant à vous ressourcer et à acquérir de nouvelles possibilités. Un peu comme le Q.G de la série des Megaman Zero. Sauf qu'en ce qui nous concerne, à part l'achat de boomerangs, et de permis Bunyip, vous n'aurez pas grand chose à faire, mis à part profiter de la vue. Mais qu'est ce qu'un Bunyip ? Me direz-vous.

Sous ce nom barbare, se cache une variante du gameplay directement volée à notre bon vieux Megaman X, suites et déclinaisons. En fait, il s'agit tout simplement d'un exosquelette sous forme de robot géant et massif dans lequel vous pouvez vous insérer dans le but de réaliser des actions spécifiques. Il existe à ce titre plusieurs types de ces "armures", certaines servant à soulever des pierres, d'autres possédant la capacité de voler, et d'autres encore permettant de perpétrer de terribles attaques. Vous offrant une protection sans commune mesure et autorisant les prises de risque les plus folles, il faudra mériter leur obtention. En effet, vous devrez tout d'abord acheter un permis correspondant à un genre particulier de Bunyip chez votre ami le koala inventeur. Sans quoi vous ne pourrez pas utiliser la machine en question. Un principe intéressant, mais qui n'est que peu développé, les permis survenant au gré de l'histoire, et ne prenant pas en compte votre dextérité. Jouable et précis comme un soft à la 2D omniprésente, Ty 2 n'a pas à rougir du petit moustachu de Nintendo, ou du hérisson trop rapide pour être honnête de Sega. Les sauts s'enchaînent avec facilité, et l'inertie permet de bien visualiser l'endroit où l'on va atterrir et la qualité de la réception. Tout est fluide et l'on a jamais de problème "technique" lors du parcours d'un niveau. Après avoir passé plusieurs mois à tester des jeux en 3D dans lesquels on ne sait pas où l'on pose les pieds à cause des angles de caméra à la limité de l'alcoolisme, cela est vraiment reposant. Faire confiance à sa dextérité. Toutefois, ce n'est pas pour autant qu'il fallait rendre le schéma de jeu aussi basique.

En effet, mis à part l'utilisation de Bunyip et le déplacement en voiture sur la carte du monde, on ne peut pas dire que le soft d'EA apporte un nouveau souffle à la plate-forme. Au sujet de l'utilisation du véhicule lors de vos quêtes de missions dans le monde, il est tout de même bon de noter qu'il s'agit du seul moment du jeu où la jouabilité connaît des soubresauts. Non au moment de vos déambulations générales, mais quand vous rencontrez un ennemi. Vous entamez alors une phase de jeu spéciale, dans laquelle vous devez mettre hors d'état de nuire des motos ennemies. A la limite de l'injouable, vous regretterez souvent ces instants calamiteux. Une pointe d'innovation donc, qui ne relance pas le relatif manque d'ingéniosité oeuvrant dans le titre. Non que le level-design soit en cause, les niveaux sont d'ailleurs fort vastes, recélant de nombreux passages secrets, mais c'est surtout la façon de les terminer qui forme un écueil. Toujours basé sur un personnage à retrouver ou un instrument à détruire, l'architecture du jeu lasse fort rapidement dans son entêtement à proposer le même style de chemin à emprunter, en utilisant toujours les mêmes stratagèmes à chaque fois. En revanche, on pourra remarquer parfois une ou deux idées agréables (comme par exemple ramener des crocodiles dans leur enclos) modifiant un tantinet le gameplay et apportant un peu de fraîcheur. Ce qui pousse à dire que Ty est assez commun tout en restant sympathique.

Pour finir, l'aspect graphique, s'il est loin de la magnificence de titres comme Sword Of Mana ou encore Aria Of Sorrow, demeure convenable pour la petite portable de Nintendo. Les teintes sont utilisées avec soin, et adaptées à l'ambiance estivale se dégageant du jeu, tout en conservant une certaine vivacité. Les décors sont assez détaillés, suffisamment du moins pour bien retranscrire l'atmosphère des endroits où se déplace notre héros, et pour contenter les difficiles joueurs que nous sommes. L'animation quant à elle est exempte de tous reproches, et s'avère même impressionnante dans le cas des armures robotisées. Les divers scrollings ne connaissent aucun ralentissement et permettent une fluidité indiscutable. Seul reste le design général, qui pourra rebuter nombre de personnes. Effectivement, les "artworks" illustrant les conversations manquent cruellement de finition, et l'on aurait parfois du mal à distinguer deux individus de même espèce (deux koalas par exemple, et je ne fais pas une fixation), s'il ne disposaient pas chacun d'un habillement particulier. Les enfants accrocheront sûrement rapidement, mais cela n'excuse pas pour autant la carence de perfectionnement. Au final donc, Ty 2 apparaît comme un titre convenable, mais qui ne sortira pas du lot des dizaines de jeux de plates-formes présents sur GBA. Skippy va faire la tête.