Alors que Konami a déjà bien installé sa position sur le créneau des duels de cartes en éditant un grand nombre de titres Yu-Gi-Oh! sur consoles, Atari se lance dans la course avec Duel Masters. Il s'agit là encore de l'adaptation d'une série animée en provenance du Japon, et l'invasion annoncée passe notamment par la GBA.
Dans la lignée d'une série telle que Yu-Gi-Oh!, Duel Masters : Sempai Legends est un titre basé à la fois sur une série animée et un jeu de Trading Cards distribué par Wizards of the Coast, à qui l'on doit notamment l'inépuisable Magic : l'Assemblée. Le soft s'appuie donc sur les règles du jeu de cartes officiel mais aussi sur son extension intitulée "Jeux d'ombres d'une nuit aveuglante" (ou Evo-Crushinators of Doom en VO). La boîte du jeu comprend d'ailleurs cinq Trading Cards officielles ainsi qu'une notice récapitulant les règles de Duel Masters. Même s'il est évident que les fans de la série et du jeu de cartes seront les premiers intéressés par ce titre, celui-ci demeure malgré tout accessible aux néophytes.
Tout commence par le choix du deck qui représente le paquet de 40 cartes disponibles au départ. Le joueur est invité à sélectionner une couleur liée à un certain type d'éléments. Un choix qui n'est pas anodin puisqu'il déterminera dans une certaine mesure le style de jeu qu'il faudra adopter. Ainsi, si les créatures de feu sont plus rapides et favorisent l'initiative, elles ne comportent pas de cartes de parade, alors que les créatures de l'eau se révèlent subtiles et difficiles à parer, tandis que les créatures de lumière sont lentes mais puissantes. Enfin, les créatures des ténèbres et de la nature se démarquent par leur coût élevé compensé par leur grande puissance. L'idée est donc de gagner suffisamment de cartes pour pouvoir combiner les différentes couleurs afin de former un deck homogène.
Ceux qui pratiquent assidûment les duels de cartes reconnaîtront là l'une des composantes essentielles de Magic : l'Assemblée, un jeu qui a visiblement servi de référence pour Duel Masters puisqu'on y retrouve quelques-unes des particularités. Le système de couleur ou de type élémentaire est ainsi directement lié à une réserve de mana qu'il faut entretenir en sacrifiant des cartes afin de pouvoir ensuite invoquer des créatures ou lancer des sorts. On retrouve également la notion d'engagement et de désengagement, ainsi que le mal d'invocation qui empêche une créature d'attaquer le tour où elle entre en jeu.
Mais ce qui caractérise principalement les règles de Duel Masters, c'est surtout la présence des boucliers. En fait, les cibles potentielles ne sont pas seulement les créatures ennemies et le joueur adverse, mais aussi les boucliers qui le protègent. L'objectif principal du duel consiste avant tout à briser les boucliers de son adversaire pour le rendre vulnérable et le mettre à genoux. Les parties font ainsi intervenir cinq cartes qui constituent autant de boucliers protecteurs, et donc autant de cibles pour le joueur adverse. Au final, les créatures sont là autant pour les protéger que pour détruire les boucliers adverses. Toute la stratégie des duels réside donc dans le bon dosage entre l'attaque et la défense, dans la mesure où une créature qui vient d'attaquer se retrouve en position engagée et ne peut donc pas protéger les boucliers pendant le tour de l'adversaire à moins de posséder une capacité de parade. La résolution des combats consiste en effet à comparer les points de force des deux belligérants, la notion de points de défense étant remplacée par une parade qui n'existe que pour certaines créatures. A cela s'ajoutent quelques subtilités relatives aux différentes cartes dotées de diverses capacités spéciales.
Les amateurs de duels de cartes devront admettre que la recette fonctionne, mais pas aussi bien que les duels de Magic ou de Yu-Gi-Oh! En plus de cela, seuls les inconditionnels de la série sauront faire l'impasse sur le design très particulier des personnages et des créatures qui, pour certaines, ne ressemblent quasiment à rien. Malgré tout, les amateurs ne résisteront pas à l'envie d'enchaîner les duels pour rassembler les 180 cartes disponibles dans le jeu. La connexion en link permet également de participer à des duels avec un autre joueur, mais aussi de faire des échanges de cartes. Enfin, il est indispensable de terminer la quête principale pour déverrouiller la salle de duels. Tout ça nous donne un résultat acceptable mais pas vraiment convaincant, un peu à l'image de la série en somme.
- Graphismes10/20
Entre le design "particulier" des personnages, le manque de prestance des créatures qui constituent la plupart des cartes, et la réalisation générale très moyenne, le résultat n'est guère attirant. La résolution des combats se traduit de façon assez pitoyable, et le détail des cartes s'affiche de la manière la plus austère possible.
- Jouabilité13/20
Une interface surprenante mais qui fonctionne finalement plutôt bien au vu des règles proposées. Le soft comporte un tutorial et demeure donc tout à fait accessible aux néophytes, mais les fans du genre lui préféreront les bons vieux duels de Magic : l'Assemblée.
- Durée de vie12/20
Le joueur est censé enchaîner les duels pour accroître sa réputation afin de participer aux différents tournois, mais le gain de cartes se révèle finalement presque plus motivant que le déroulement de l'histoire. Si l'aventure vous fatigue, vous pouvez toujours vous rabattre sur les duels en link.
- Bande son8/20
Vu leur fréquence, les musiques lassent rapidement, d'autant plus qu'elles ne font guère passer la tension qu'on imagine lors des duels.
- Scénario9/20
Une aventure qui consiste à retrouver une carte puissante dérobée par un mystérieux individu. Seuls les fans de la série se sentiront impliqués dans cette histoire.
Avec Duel Masters : Sempai Legends, la GBA se dote d'un nouveau jeu axé sur les duels de cartes. Puisant certaines idées dans les règles de Magic : l'Assemblée, ce titre ne parvient malheureusement pas à nous séduire autant que le concurrent Yu-Gi-Oh!, et seuls les fans de la série y trouveront leur compte. Les amateurs de duels de cartes peuvent toutefois tenter l'expérience pour découvrir un autre style d'affrontements par créatures interposées.