C'est ainsi qu'après avoir usé la caisse à savons de l'ami Fievel sur plusieurs centaines de kilomètres que Walnuts City m'ouvrait ses portes. Cette petite bourgade du Montana n'était pas nécessairement reconnue pour son architecture baroque et élancée mais plutôt pour son championnat du monde des éleveurs de rongeurs. "Hum", me dis-je d'une façon songeuse. Mais après tout, il convenait d'en savoir un peu plus sur cette étrange convention appréciée des autochtones avant de pouvoir la juger. Je décidais donc de me présenter au monsieur Loyal qui dirigeait l'étonnante fête foraine qui abritait l'événement.

L'entrevue fut courte à défaut d'être festive. L'homme m'expliqua que la fête foraine de Walnut City était reconnue pour offrir à son public un spectacle qui allait au delà de la présentation du simple freak de base. La femme à barbe, Hercule, les puces savantes, tout ceci était fort plaisant mais complètement démodé. Non, ce qui fonctionnait aujourd'hui se résumait à une chose : les courses. Et puisque le cirque ne pouvait s'offrir de canassons élevés aux carottes pleines de stéroïdes, ce serait les rongeurs qui feraient le show. Le principe était simple. Après s'être entraîné sur plusieurs parcours, les choses pouvaient réellement débuter dans un simili championnat composé de 30 parcours. 15 rongeurs aux caractéristiques différentes (de vitesse, d'intuition, de force) étaient sur les rangs, mais il n'en fallait choisir que cinq, cinq compagnons d'infortune formant une équipe de choc qui allait devoir faire preuve d'intelligence. Je ne doutais point de la faculté d'adaptation de mes futurs compagnons de jeu mais je cherchais malgré tout à en savoir un peu plus sur ces fameuses courses.

Très aimablement, le directeur me tint à peu près ce discours : "Et bien voyez-vous monsieur Little, nous vivons dans un monde en 3 dimensions et nos courses profitent bien sûr de cette représentation. Bien entendu, certains jugeront vieillotte notre qualité visuelle et ils auront sans doute raison puisque nous n'avons pas eu beaucoup de moyens à notre disposition. En contrepartie, nous proposerons au spectateur plusieurs thèmes graphiques, ceux-ci allant du casino, à la fête d'Halloween en passant par un château médiéval, un univers futuriste. Inutile de m'apesantir sur cet aspect de notre divertissement sachant que les photos publiées dans la presse parleront pour moi. Mais je vois que vous doutez encore monsieur Little. Permettez-moi donc de poursuivre la démonstration.

Comme vous le savez, les choses les plus simples sont parfois les meilleures. Ceci est notre devise et c'est naturellement que nous l'avons mis en pratique. Pour résumer, vous aurez, vous et vos 4 amis, un temps imparti pour terminer les labyrinthes de notre attraction. Chaque niveau pourrait être assimilé à un labyrinthe différent avec ses pièges et ses particularités. Le but de la course sera donc d'amener à la sortie votre team de rongeurs en influant sur les pièces mobiles des parcours. Vous pourrez faire monter vos rongeurs dans des petits trains, tourner des tourniquets, activer des passerelles, les faire sauter sur un trampoline et bien plus. En sus, plusieurs objets seront à votre disposition pour aiguiser la rapidité de vos compadrés. Rien de tel par exemple qu'un bon morceau de fromage pour faire venir une souris, mais je ne vous apprends rien mon cher Stuart. Pour conclure, nous dirons que notre Mouse Trophy est l'avenir du jeu de sport, apprécié des petits et des grands, le tout se rapprochant fugacement, dans le concept, d'un Lemmings.

Plus j'écoutais et plus le discours me semblait suave, enrobé et surtout commercial. Je me demandais alors si tous ces propos, certes véridiques, ne masquaient rien d'autre qu'un produit minimaliste dont l'entrée presque donnée (14.95 euros) ne suffisait pourtant pas à convaincre le chaland. Je prenais alors sur moi en mentant d'une façon éhontée à l'homme en face de moi en lui affirmant que j'allais y réfléchir. Mais s'il y avait une chose de sûr c'est que je me voyais mal apparaître dans un tel spectacle qu'on nous faisait payer alors que des dizaines et des dizaines d'attractions similaires peuplaient le monde virtuel qu'on appelle Internet.