Adulé par les joueurs, décrié par les détracteurs du jeux vidéo qui en font l'apôtre du Malin, GTA ne laisse personne indifférent. Et pour cause, entre le politiquement incorrect et le gameplay aussi ouvert qu'une fleur à la fin du printemps, Grand Theft Auto fait tout pour se maintenir au sommet.
Si les débuts de la série furent difficiles avec 2 premiers volets au succès discutable et surtout assez confidentiel, depuis GTA 3 et Vice City, Rockstar a tout simplement créé un genre qu'il maîtrise de bout en bout pour au final remporter cette fois un succès planétaire. De GTA 3 qui posa les bases, à Vice City qui y ajouta l'importance de l'ambiance. Aujourd'hui, oublions la réplique de Miami pour foncer droit vers le soleil de la Californie, cachée sous le nom d'une région immense : San Andreas. Au programme, non pas une mais 3 villes remplies de freeways, d'avenues, de ruelles en pente raide mais aussi séparées par des zones de campagne nanties de leurs chemins de terre et de leurs broussailles. La première de ces cités sera Los Santos, copie de Los Angeles dans laquelle on pourra, entre autres joyeusetés visiter le quartier mexicain où l'on trouvera en miniature le fameux Convention Center, église qui tient lieu de scène à l'E3. San Fierro n'est autre que San Francisco, forte de ses rues vallonnées et de ses maisons bleues. Enfin on trouvera en dernier lieu Las Venturas, alias Las Vegas, la ville du jeu parsemée de casinos et entourée d'un désert servant de dépôt à cadavres encombrants.Il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'en terme d'environnement, San Andreas explose les compteurs puisqu'à elle seule, la ville de Los Santos est déjà aussi vaste que celle de Vice City.
Ainsi après les mafieux des années 80, Rockstar s'oriente vers un univers adapté à sa nouvelle géographie, celui des gangsta des ghettos californiens. De retour de Liberty City, le jeune black Carl Johnson, aka C.J, sombre dans les ennuis. Voilà que des cops ripoux le menacent de le faire accuser du meurtre d'un flic, chantage à la prison pour petits services de truands. Mais pire encore, retrouvant sa bande, C.J apprend la mort de sa mère, assassinée par un gang rival, commencent alors la reconquête du territoire et la quête de vengeance. Tenez-vous prêt à entendre du "Yo Bro" et du "Wassup Nigga" à tour de bras, sans oublier le classique "I wanna ice those fools". On ne s'attardera par sur l'histoire et les nombreux personnages du jeu, mais pour faire simple, la qualité est toujours au rendez-vous avec des personnalités fortes et un doublage d'une excellence indubitable.
En l'espace de quelques nano-secondes on retrouve les sensations et les routines de la série. Liberté de mouvement absolue (même si certaines zones doivent être débloquées par la progression du scénario), missions principales et activités annexes en tout genre, qui vont des classiques missions de police, taxi ou autres à la recherche de tags rivaux à recouvrir, en passant par la simple balade dans un univers immense. Si vos premières missions principales demeureront gentillettes, avec une séance de tag visant à marquer votre territoire, on en viendra vite à des choses bien plus "gangsta style", règlements de comptes, passage à tabac d'un dealer, mais aussi vol de matériel militaire dans une base ou à bord d'un train et poursuites en moto dans les ruelles ou sur le freeway. Sans parler de tout ce qui peut suivre et qui ne manquera ni d'audace ni de diversité afin de maintenir un niveau de surprise quasi constant. En gros, c'est GTA, tout simplement et à l'heure actuelle, est-il encore nécessaire d'encenser un gameplay qui a fait ses preuves ?
Mais GTA en mieux, comme Vice City avait su parfaire le gameplay, ainsi fait San Andreas. Je ne vous ferai pas la liste des nouveaux véhicules parmi lesquels on citera tout de même les vélos, les tracteurs tondeuses ou surtout les avions, même si leur pilotage devra se mériter. Largement de quoi se distraire pendant les longues randonnées urbaines mais aussi campagnardes.
L'autre grande nouveauté de GTA : SA réside dans l'apparition d'aptitudes du héros que le joueur devra entretenir. Des skills directement appliquées au gameplay. Ainsi, il est possible de travailler son endurance et sa force physique, la meilleure solution étant pour cela de se rendre dans un club de gym pour se farcir de longues séances d'haltères ou de vélo en martelant une touche du pad. A terme, le gain d'endurance permettra de sprinter ou de nager plus longtemps (ah oui d'ailleurs on nage maintenant dans GTA). Pour la musculature il s'agit simplement d'infliger plus de dégâts dans les combats rapprochés. Votre alimentation comptera elle aussi puisqu'en mangeant, C.J rétablira sa santé et surtout entretiendra sa forme physique. Mais gare aux excès, car dans vos caractéristiques, le gras surnuméraire n'est pas à oublier. Ceci dit, il faut vraiment le vouloir pour transformer son personnage en Jabba The Hutt. En vérité, il en va de même pour le reste, quelques passages assidus en salle de sport pour gonfler un peu les pecs, et on peut oublier ça le reste du temps. Finalement, loin d'être un souci omniprésent, ces skills sont une partie minime du jeu qu'on oublie assez facilement.
Reste néanmoins la maîtrise des véhicules qui s'acquiert simplement en pratiquant. C'est de cette façon qu'on s'évitera les chutes de vélo ou de moto et les dérapages trop peu contrôlés. Idem pour les armes d'ailleurs. On appréciera que les compétences les plus utiles augmentent d'elles-même à l'usage, évitant de contraindre le joueur à de fastidieuses séances d'entraînement.
Si C.J sait faire tout ce que faisaient ses prédécesseurs, il sait aussi faire plus. Nager, mais également grimper sur un mur ou un grillage pour échapper à ses éventuels poursuivants. Les combats de mêlées ont subit un lifting pour leur part puisqu'on pourra maintenant réaliser des enchaînements de coups avec 2 boutons et appliquer le système de lock du tir aux combats rapprochés. Justement, le système de tir lui aussi a un poil changé. D'une pression sur R1, on pourra locker une cible et tirer avec L1. Chouette, si ce n'est que les gunfights restent aussi hasardeux qu'ils pouvaient l'être dans les 2 volets précédents avec un lock qui part en sucette dès qu'on se déplace un peu, ce qui peut à juste titre provoquer un certain agacement depuis le temps que les plaintes pleuvent à ce sujet.
L'intelligence artificielle pose elle-aussi un petit problème puisqu'elle n'a guère évoluée depuis Vice City. On assiste toujours à des scènes parfois dignes de Benny Hill, avec des voitures qui se rentrent dedans on ne sait trop pourquoi et des forces de l'ordre qui n'hésitent pas à se jeter du haut d'un pont pour vous poursuivre après une chute de 20 mètres. C'est héroïque. Mais le principal écueil vient clairement de la réalisation qui se situe tout juste au niveau du dernier opus en date. Les environnements sont cubiques, certaines textures minimalistes et les modèles de personnages assez simplistes, sur les nombreuses cut scenes, on peut précisément constater qu'ils sont pourvus de grossières paluches de playmobiles. Quant au frame-rate, il prend des claques lorsqu'on booste la vitesse. Ceci étant, on parvient facilement à s'expliquer cette relative faiblesse par l'immensité des zones de jeu, l'équation est simple : PS2 vieillissante + zones vastes factorisées par une quantité de chargements plus que réduite = une qualité graphique fatalement handicapée. Heureusement, le design est de son côté une réussite magistrale de diversité et de complexité.
Mais s'il n'est pas beau, San Andreas n'en reste pas moins électrisant comme peut l'être un GTA. Toujours quelque chose à faire, des missions qui surprennent, et quand on fait un break, il est toujours bon d'aller jouer au billard à Las Venturas, de survoler les environs en jet, de s'adonner au cambriolage de maisons ou de participer à une compétition de VTT !! Tout ce qu'on aime en somme. Cependant toutes les nouveautés ne sont pas aussi transcendantes que prévu. Il en va ainsi du mode multijoueur qui a tant fait parler. En fait de mode coopératif, il s'agit en vérité de certaines missions particulières qui peuvent être accomplies à 2, à condition de rester solidaire à l'écran. Ce n'est pas encore cette fois qu'on aura droit à un vrai mode multijoueur finalement. La prochaine fois ?
- Graphismes14/20
Si le design, la richesse et l'envergure de San Andreas des villes sont des réussites indéniables, il faut en payer le prix par un niveau technique qui n'a pas changé depuis Vice City et GTA 3 et une quantité de bugs assez affolantes, de collision notamment. Gageons que Rockstar a fait ce qu'il a pu, mais il faut reconnaître que San Andreas est loin d'être le plus beau soft de la console.
- Jouabilité18/20
Marque de fabrique de la série, la prise en main est rapide, simple et intuitive. San Andreas reprend des bases solides qu'il enrichit encore pour nous offrir un gameplay d'une richesse toujours aussi enthousiasmante. En marge des missions liées à l'intrigue, le nombre de distractions annexes est encore plus colossal qu'auparavant. On regrettera le système de tir encore peu convaincant, voire archaïque.
- Durée de vie18/20
On peut tabler sur une bonne cinquantaine d'heures de jeu en ajoutant les missions principales et tout le reste. GTA étant de surcroît un parfait client pour ce qui est de la rejouabilité ultérieure.
- Bande son18/20
Les radios diffusent de quoi satisfaire tout le monde, des amateurs de hip hop à la country en passant par le rock ou le metal, le reggae ou autre. Quant au doublage, il est assuré par des pointures de haut vol du cinéma.
- Scénario16/20
Un scénario qui emprunte aux références du genre, qu'on pense à Scarface ou Boyz In The Hood. Mais plus que l'intrigue, c'est bien la retranscription de l'ambiance et le soin de l'univers qui confèrent sa chair au jeu.
C'est vrai qu'il fait pâle figure, peine à voir parfois même, que certains détails agaçants l'entravent toujours comme sa visée encore pénible ou son IA déroutante mais bigre, quelle grandeur il a ce San Andreas. Rockstar a une fois de plus réussi un coup de maître en livrant au monde un jeu aux milles facettes qu'il est impossible de résumer. Explorer totalement l'univers de cette Californie virtuelle, voilà une expérience dont on aurait tort de se priver.