La preview ayant laissé un arrière-goût de "si j'aurais su, j'aurais pas venu", il devenait donc légitime d'appréhender ce WRC 4 avec prudence afin de jauger la dangerosité de ses épingles acérées. Négocier ce virage, et apercevoir une sortie libre de toute contrainte amène la lumière sur les changements opérés. Débouler dans une chicane l'air hagard et le pied au plancher en essuyant sa visière pleine de buée n'est effectivement pas le meilleur moyen d'analyser une situation. Néanmoins, on pourrait aisément se laisser tenter par la fureur d'un gameplay.
Après avoir émis des doutes et autres réflexions désobligeantes sur le compte du nouvel opus de la série de softs de rallye d'Evolution, je pensais que celui-ci me regarderait d'un oeil distant, ne me laissant pas l'occasion de l'approcher et de l'examiner attentivement. Néanmoins, peu rancunier, il se décida promptement à me dévoiler ses secrets les plus enfouis. Heureux que j'étais, car obtu il n'était plus. Après cette phrase d'une parodie douteuse d'une publicité pour une eau minérale, vous allez plonger dans les méandres d'un titre pour le moins surprenant. En tout premier lieu, s'il est un aspect qu'il est bon de remarquer, c'est bien le design général, qui sans égaler ceux de Colin 2005 et de Richard Burns Rally, demeure de très bonne facture. Des menus épurés, une atmosphère immaculée, et un choix de couleurs judicieux, agrémentés de petites vidéos dépeignant diverses courses, composent ce dernier de manière fort agréable. On remarque immédiatement qu'un grand soin a été apporté à la mise en place d'une rigueur qualitative de bon aloi. De ce fait, on rentre avec joie dans le monde furieux de la course automobile sans aucun a priori.
Pour ce faire, vous aurez à votre disposition plusieurs choix différents dès l'apparition du menu général. Malheureusement, le classicisme est de rigueur. Un mode championnat, basé sur une collecte de points au gré de courses chronométrées, un mode course immédiate qui porte admirablement bien son nom, suivi du légendaire contre-la-montre, en passant par une possibilité online (nous y reviendrons plus tard) et surtout l'énigmatique mode épreuve. Seule véritable innovation, celui-ci vous proposera de vivre la dure existence d'un pilote professionnel au gré de défis plus ou moins difficiles correspondant à des étapes cruciales d'une formation spécialisée. Véritable parcours du combattant disposant de jantes en aluminium, il ne tiendra qu'à vous de suffisamment vous entraîner afin de parvenir au niveau requis. Un conseil, préparez-vous bien à ne pas avoir de copilote. En effet, les premières tâches à exécuter se font sans ce dernier. Des réflexes et une observation longuement expérimentés seront vos seuls atouts. Obtenant à chaque réussite un nombre défini de points, allant de 40 à 200, l'aboutissement de ce mode en nécessitera 750. La chance ne sera pas une donnée à mettre de côté.
Une idée intéressante mais qui rappelle tristement l'absence d'un vrai mode carrière à la V-Rally 3, sincèrement immersif et qui donnait furieusement envie de poursuivre plus en avant l'expérience approchée. Ici rien de tout cela. Et même si le championnat suffit largement à occuper les heures passionnées de la majorité des joueurs, il est quand même regrettable de ne pouvoir vraiment se plonger dans le titre. Ne croyez pas pour autant que l'on se sépare de la tension de la compétition aisément. Que nenni ! Arborant une difficulté suffisamment élevée pour pousser à la progression sans rendre chaque tour de roue horripilant, WRC 4 sait attiser les passions et agripper le frêle pilote amateur dans ses filets. Se déroulant sur l'ensemble des étapes WRC de la planète, réparties sur la plupart des continents, vous aurez à votre disposition plus de 100 courses au challenge notable. De la Suède, au Japon, en passant par la France, vous devrez adapter votre style de conduite à chaque pistes, ce qui vous obligera à connaître sur le bout des doigts les réglages à adopter dans telles ou telles situations. L'ennui poindra peu lors de ses séances de modification technique. Toutefois, on regrettera un tant soit peu l'absence d'une gestion plus précise des changements apportés aux véhicules. On ne peut intervenir que sur peu de paramètres, et il est dommage d'être obligé de se créer ses propres bases de données pour pouvoir choisir plus correctement. En effet, les configurations par défaut, ne sont souvent pas parfaites, bien qu'il n'y ait rien de vraiment grave. Heureusement, le technicien ne vous conseille pas des pneus slicks sur un sol verglacé. A part s'il fait partie d'un complot bien sûr. En revanche vous aurez l'agréable surprise de bénéficier de séances d'essais pour mettre votre manière de voir la mécanique au défi de résister à certains types de pistes. Neige, terre, gravier, chaque surface fera les frais de votre entêtement à trouver l'équilibre idéal.
Tout naturellement, surgit donc le pilotage global qui va faire grincer des dents d'un côté et provoquer de radieux sourires de l'autre. Effectivement, la conduite des bolides de WRC 4 se rapproche plus de celle de Colin McRae 2005 que de celle d'un Richard Burns à cheval sur les principes. Juste mélange entre arcade et simulation, celle-ci permet à chacun de prendre du plaisir lors des premiers tours de pistes, tout en laissant suffisamment d'espace à un apprentissage et une évolution. En fait, et pour bien vous faire comprendre les impressions que l'on ressent à l'essai des véhicules puissamment motorisés présents en ces lieux, je dirais que l'on sent sincèrement le poids des voitures, sans pour autant deviner le prochain survirage qui nous enverra dans des sapins. Il faut sans cesse rester concentré sur les réactions et vraiment anticiper chaque embardée. Une nervosité constante donc, qui offre un feeling un peu moins "physique" que dans CMR, mais qui confère des sensations vraiment intéressantes et savoureuses. Le modèle physique des véhicules demeure assez réaliste, et le travail des amortisseurs et des barres anti-roulis se ressent au creux des courbes. Lorsque la voiture bascule dans une ornière, je peux vous dire que vous allez subir le choc et devoir gérer la sortie de cette dernière en sécurité. De même, il est fascinant d'appréhender l'asphalte sèche avec dynamisme, et avoir l'impression que les pneus agrippent la route. Un rendu sincèrement bluffant, qui vous convaincra du travail conséquent opéré sur la gestion des revêtements. Par contre, on ne retrouve pas complètement cet aspect sur la terre ou la glace, où les dérapages se font un peu trop fréquents, sans pour autant poser de réels problèmes.
Enfin, il est important de noter la qualité incontestable de l'environnement graphique du soft. Certes, le clipping et l'aliasing ne sont pas absents, loin de là, le moteur du jeu affichant même des cailloux à deux mètres de vos roues subitement, mais ce serait oublier les fantastiques décors parsemant le jeu. Des landes de Finlande aux pinèdes japonaises, chaque écosytème traversé propose son lot d'essences naturelles modélisées avec soin, et affiche un nombre de détails assez affolant pour une PS2. Etant donné l'âge du monolithe noir, ceci explique cela. Je ne pardonne pas les défauts inhérents à cette version, mais j'avoue avoir été agréablement surpris par une quantité importante de paysages. En outre, les illustres montures, telles que la Subaru, ou encore la 206, s'avèrent réalisées avec un soin tout particulier et démontrent une gestion des dégâts fort réaliste, incluant des légers bris de vitres, et des éléments détachables à tous les coins de la carrosserie. Cette dernière, reflétant fidèlement l'environnement, connaît des salissures en temps réel et arbore des textures détaillées et fidèles à la réalité. On regrette un tant soit peu la vue confinée dans l'habitacle, qui ne nous dévoile pas le tableau de bord, à défaut de nous faire profiter d'une mise en forme des gouttes d'eau sur le pare-brise impressionnante. Les obstacles "mobiles" sont animés au gré des chocs avec votre voiture et heurtent la piste avec fracas et réalisme. Au final donc, et grâce à son mode online vous permettant de vous confronter à 15 autres joueurs dans des championnats et courses rapides de folie, WRC 4 vous promet de longues heures de plaisir.
- Graphismes16/20
Moins abouti que notre cher Colin, mais affichant beaucoup plus d'obstacles interactifs, WRC 4 fait quasiment jeu égal avec ce dernier. Néanmoins, moins chaleureux et accusant davantage de clipping, le soft d'Evolution il ne plaira certainement pas aux habitués de l'écossais. Ceux qui n'ont pas de préférence première se laisseront facilement attirer donc par les sirènes du titre qui nous intéresse aujourd'hui. Fluide et disposant de bolides modélisés de manière fantastique, ses atouts sont on ne peut plus aguicheur.
- Jouabilité17/20
Accessible tout en étant sujette à évolution, précise tout en étant assez permissive, la conduite de WRC 4 permet à chacun de s'y essayer avec plaisir. Clairement orientée vers le grand public, elle satisfera bien plus les amateurs de Colin McRae 2005 que ceux de Richard Burns. Détenteur d'un gameplay accrocheur retranscrivant avec fidélité les chaos récurrents des pistes les plus abruptes et acérées, WRC quatrième du nom s'impose comme le digne concurrent de l'écossais le plus célèbre du Monde. Dynamique et agressif, il saura contenter les petits pilotes en manque de sensations fortes et d'épingles négociées dans une gerbe de terre.
- Durée de vie16/20
Ce que l'on peut dire avec assurance, c'est que vous n'aurez pas le temps de vous ennuyer avec WRC 4 entre les mains. Entre le championnat comportant un nombre conséquent de circuits, le mode défi vous confrontant avec les heures âpres du perfectionnement, et les modes multijoueurs, des heures et des heures défileront devant vous à une vitesse effarante. A noter que vous aurez la possibilité de vous affronter à quatre chacun votre tour, ou à deux sur écran splitté lors des Super Spéciales. Le mode online quant à lui permet à 16 joueurs de prendre le volant. Préparez à manger.
- Bande son16/20
Les bruits de moteurs hurlant et des pneus crissant sur le bitume sont vraiment convaincants, mais semblent un tantinet étouffés pour une raison inexpliquée. Les sonorités ayant trait à l'environnement naturel sont quant à elles suffisamment réalistes pour impliquer le joueur, tout comme les compositions musicales, qui si elles sont rares, dynamisent tout de même le soft et collent parfaitement à l'ambiance.
- Scénario/
-
Après un troisième volet peu convaincant, WRC nous revient en pleine forme, et malgré sa maladie de "je roule contre les murs à la verticale" demeure un titre de grande qualité, offrant un gameplay vraiment accrocheur et travaillé, permettant aux novices comme aux spécialistes de prendre du plaisir de manière équivalente. Mettant en avant la gestion des surfaces et une modélisation des véhicules surprenantes, le soft phare édité par Sony parviendra à coup sûr à vous entraîner dans la fureur de la compétition et du risque. Pas exempt de défauts, mais certain de ses qualités, son arrogance est véritablement attrayante.