Non, ce que vous voyez ne vient pas de votre téléviseur. Ces images viennent d'un monde au-delà de l'espace et du temps, d'une dimension aux contours flous, différente de notre réalité. Ceux qui ont eu l'honneur, ou le malheur d'y pénétrer évoquent un renversement des valeurs habituelles de nos connaissances. Vous pénétrez maintenant dans une strate au sein de laquelle des personnes sont enfermées dans des châteaux de façon consentante, afin de déblatérer des insultes et des imbécillités devant la moitié d'un pays fixé à leurs lèvres. Bienvenue dans la quatrième dimension (générique).
Rarement un jeu a aussi bien porté son titre. Ayant entre-aperçu le premier volet malgré moi, je tentais de trouver le mot correspondant à l'état d'esprit définissant mon appréhension d'un test tel que celui-ci. Le seul terme qui me vint à l'esprit fut "un défi". Pas un combat, ni une souffrance, mais un défi. Surmonter les appels de mes goûts musicaux et télévisuels dans le but de les mettre de côté et d'accéder à ce titre d'un oeil neuf et naïf. Et dans cette pupille dilatée se reflète les lumières éclatantes d'un menu principal à la sobriété salvatrice. Un vain espoir qui se solde rapidement par une désillusion à la vue du nombre de modes de jeu disponibles. En résumé, vous n'en aurez à votre disposition qu'un seul et unique. Il est vraiment dommage que sous le couvert d'une licence aussi porteuse rien n'ait été fait pour donner l'occasion à plusieurs personnes de participer en implémentant quelques principes multijoueurs. D'une part dans le but de rendre l'expérience plus conviviale, et d'autre part afin de remédier au plus grave écueil du soft, à savoir l'intérêt. Mais je reviendrai sur ce point plus tard. Pour l'instant voyons comment élever votre poulain fougueux.
La grande aventure débute en effet par la création pure et simple de votre avater de pixels. Après avoir défini son sexe pour le destiner vers une carrière à la Jennifer ou à la Jean-Pascal, il vous incombera de peaufiner son apparence physique. Et déjà les limites apparaissent. Seuls le buste et les jambes sont modifiables, et ce de trois ou quatre manières seulement. Alors que les MMORPG permettent souvent monts et merveilles de ce côté-là, on se trouve ici bien désemparé. Une fois que votre être difforme est prêt à subir les vexations du show business, vous devez le nommer, puis lui construire une maisonnette lui servant à accueillir les nombreuses personnes désirant être son ami après sa popularité récente. Les amateurs de Sim City ne seront pas perdus car l'interface de construction demeure pratiquement identique à celle du soft d'Electronic Arts. Ce qui implique une interface accessible et intuitive, permettant de réveiller vos instincts d'architecte et de décorateur d'intérieur. Edifiant vos pièces de manière à délimiter différentes salles spécialisées (une pour le chant, une chambre, un salon, etc...), ou alors complètement aléatoirement, vous devrez garder à l'esprit qu'il vous faudra impérativement des fonds pour aménager votre petit "chez vous".
En effet, si vous désirez évoluer, vous devrez acquérir des compétences via les divers objets présents dans votre habitation. Du micro sur pied pour accentuer votre fluidité vocale, jusqu'à un mannequin vous servant de terrain d'expérimentation sur le souffle, en passant par des barres parallèles pour mettre en place une chorégraphie, il vous sera parfois obligatoire de posséder tel ou tel instrument. Un aspect qui nuit un tant soit peu au sentiment de "liberté" que l'on aurait espéré découvrir. On se sent vraiment cloisonné par ces obligations amenant un côté sérieusement dirigiste. Les erreurs du précédent opus n'ont visiblement pas été reprises, ni même remarquées. Mais l'argent ne dirige pas entièrement la vie du jeune homme/femme que vous admirez changer sous vos yeux ébahis. En fait, il est également impératif de jouer sur les relations humaines pour espérer décrocher le pactole. De ce fait, le téléphone sera votre meilleur allié dans cette bataille d'hypocrisie notoire.
Une fois un correspondant de votre liste de contact joint, il se rendra immédiatement chez vous pour discuter de ce qu'il peut vous apporter. Néanmoins, il ne se pliera à vos bonnes grâces qu'à condition de bien s'entendre avec vous. Toujours à la manière des Sims, vous aurez alors le devoir de le chatouiller, lui raconter des blagues, ou encore le complimenter, pour qu'il vous apprécie et vous enseigne son art. Même débuter une amourette à une vitesse effarante. Pour preuve, mon petit Jean-Guy a emballé la spécialiste rattachée à la danse en moins de deux minutes. Comme je le signalais au-dessus, les techniques qu'ils vous feront découvrir demeurent sous la forme de pas acrobatiques, effets spéciaux divers qui vous serviront ensuite lors du concert. A ce sujet la mise en forme d'un spectacle se révèle vraiment simplifiée, et ne posera aucun problème à ceux qui n'auraient pas joué au premier épisode. Toutefois, il ne faudrait pas confondre accessibilité avec carence, comme c'est le cas ici. Le nombre de possibilités est dramatiquement restreint, et toutes les "scènes" se ressemblent dans les grandes lignes. De même, s'il vous est donné le pouvoir de changer de look, ce qui aura une influence sur vos relations, n'espérez pas bénéficier d'un traitement artistique de faveur. Des bonnes idées très inspirées des Sims donc, mais vraiment mal exploitées. Ainsi l'intérêt s'égraine au fur et à mesure des longues minutes qui passent. Rien ne change, ne progresse. On a l'impression de réitérer dix fois les mêmes actions en une heure sans vraiment en modifier l'aboutissement. Rien n'est fait pour diversifier les situations, et des sortes de schémas ludiques se répètent à longueur de temps. Parler à quelqu'un, chanter, s'entraîner, se reposer, parler, etc.... Rien n'attire l'attention ailleurs. Le jeu commence à tourner en rond seulement au bout de trois à quatre heures ce qui n'est pas vraiment un bon signe. Il est cruellement insuffisant de se baser simplement sur un étage de gameplay, et ne pas chercher à le développer simplement parce que la licence Star Ac' amènera les acheteurs à pencher dans une direction plutôt qu'une autre. Encore un titre au fond éludé par le souci du marketing. Espérons voir les développeurs sur un projet moins guindé pour vraiment apprécier leur travail.
Ici, en effet, on ne peut pas véritablement dire que le titre tire parti des performances des PC actuels. Non seulement vis à vis de l'i.a, qui donne la capacité aux PNJ de changer d'avis sur vous en moins de quinze secondes, mais aussi de la qualité graphique générale qui n'a pas progressé du tout par rapport à la version précédente. Les intervenants disposent d'une modélisation imprécise, laissant apparaître des raccords évidents et s'avèrent dépositaires de polygones saillants qui rappellent d'anciennes productions PSone. Les décors quant à eux sont dépouillés au possible, et même si quelques détails apparaissent lors d'un zoom puissant, l'absence de réel peaufinement nuit sincèrement à l'ensemble du produit. On sent vraiment que tout cela n'est qu'une opération, et que rien n'a été fait pour répondre aux attentes légitimes des joueurs. Un jeu qui apparaît d'une symétrie parfaite lorsqu'on le place en face de la chaîne possédant l'émission de laquelle il se trouve tiré. Pour finir, il est bon de noter une abondance de morceaux musicaux disposant de sonorités très correctes, et tirés de l'émission phare de la première chaîne de France (non qualitativement). Une sélection que certains détesteront, mais ce ne sont pas eux qui achèteront le soft. Les fans par contre seront aux anges. Au final donc, et malgré quelques trouvailles dignes d'intérêt, Star Academy : Le Nouveau Défi ne parvient pas à convaincre, et s'enlise dans les mêmes lacunes que son prédécesseur. Le merchandising n'est décidément pas synonyme de qualité.
- Graphismes9/20
Nettement plus attachants et "mode" dans la réalité, les habitants du château de la Star Academy n'ont pas dû valider le design général du jeu, et les visages destructurés des intervenants. Modélisés de manière lacunaire, et n'utilisant pas les ressources graphiques des PC parus de nos jours, les avatars de votre jolie maison de poupées sont en adéquation avec les environnements dépouillés les accueillants en leur sein. Il est dommage de ne pas pouvoir profiter d'un meilleur rendu pour un titre qui pourtant est destiné à un public de connaisseurs de l'émission.
- Jouabilité11/20
L'interface est vraiment intuitive et facile d'accès, mais le nombre de possibilités présentes se retrouvent trop limitées pour parvenir à étirer l'intérêt sur un longue période. Le soft ne se renouvelle jamais, et rien ne vient perturber le déroulement tranquillement installé du jeu. Une sorte de Sims mal adapté, qui en conserve les points forts, mais en multiplie les points faibles. On aurait également apprécié plus de variété dans les chorégraphies.
- Durée de vie11/20
Seuls les plus grands amateurs ou les acharnés de la souris parviendront à supporter la monotonie pour accomplir le rêve de leur poulain, à savoir devenir célèbre et organiser des concerts dantesques. En effet devant un tel manque de nouveauté, et une telle carence de revirements, nombre d'entre vous abandonneront l'aventure en cours de route, essayant de détruire les murs à coups de pied de micro. Linéarité quand tu nous tiens.
- Bande son14/20
Les morceaux présents disposent d'une bonne qualité sonore et plairont assurément à ceux venant chercher les émotions d'une Emma Daumas, ou alors d'une Vanessa Carlton. Les autres passeront leur chemin et préféreront insérer un petit CD de Radiohead ou Led Zep dans leur lecteur attitré, en rêvant d'un Robert Plant Academy. La relative absence de voix se fait également sentir.
- Scénario/
C'est l'histoire d'un mec qui veut devenir chanteur et qui est obligé de se faire insulter par des personnes censées lui faire partager leur passion pour le métier.
En l'état, Star Academy : Le nouveau Défi apparaît comme l'un de ces titres qui modifie son statut d'oeuvre en celui de produit marketing sans saveur, simplement destiné à promouvoir la nouvelle saison de la Star Ac'. Sans ce poids nivelant la qualité vers le bas, les développeurs auraient sans doute eu plus de liberté et auraient pû peut-être concevoir un soft plus intéressant. Mais nous nous trouvons là devant un jeu qui ne renierait pas sa place entre un gel douche Jennifer, et un paquet de gâteaux Emma Daumas. Dommage pour le domaine vidéoludique.