Dans une discipline sportive qui n'intéresse plus personne du fait de l'omniprésence de Schumacher, la seule solution pour connaître encore quelques sentiments de plaisir et de tensions reste le jeu vidéo. Assis tranquillement devant son écran, une manette dans les mains et des "cahuètes" sur la table basse en formica, il ne reste plus alors à l'ancien fan des monoplaces effilées qu'à se consoler en amenant à une première place disputée Olivier Panis. Une larme à l'oeil, le passionné se dit, songeur, que cette basse vengeance n'est peut-être pas une finalité. Du coup il n'achètera pas ce VGP 2. Peut-on l'en blâmer ?
Se plaçant dans le créneau des simulations pures et dures, Virtual Grand Prix 2, édité par Nobilis, arrive tout beau, tout frais, du haut de ses 20 euros. Outre la surprise que cause la parution d'un jeu à si petit prix, adapté aux PC les moins gourmands, on ne peut retenir un sourire amical en coin, à la vue de la jaquette, qui semble découler d'un logiciel graphique utilisé avec un peu trop de rigueur. Pas de mépris, juste le sentiment de la certitude de l'impossibilité d'avoir quelque chose de plus accrocheur à un coût défiant toute concurrence. Dépassant les préjugés, et insérant avec espoir le cd-rom dans le lecteur d'un ordinateur qui ne demande qu'à découvrir des petites perles de studios méconnus, on se voit soudain pris d'un hoquet d'étonnement à la vision des modes de jeu proposés. Seulement trois, et des plus classiques. Espérant seulement que les développeurs avaient décidé d'appréhender l'art de l'épure, vous continuerez avec joie à dénicher le véritable fond de ces choix cornéliens, à savoir le vide. En effet, affublé pudiquement d'un championnat, d'un mode course simple, et d'un dernier utilisant le jeu en réseau, le soft de Lago ne pousse pas spécifiquement à un intérêt immédiat. D'autant que l'aspect des menus n'est pas vraiment un vecteur allant dans ce sens. Très froids (ce qui peut être une bonne chose, mais pas dans le cas présent) et dépositaires d'une sorte de texture à l'allure désagréable, ils demeurent assez rédhibitoires. Mais courageux comme vous êtes, vous ne vous laisserez pas arrêter par si peu.
Continuant dans cette épopée, vous découvrez que l'habillage est des plus dépouillé et que l'interface générale est plus que mal pensée. Vous connaissez beaucoup de softs vous, qui cachent la sélection des personnages/pilotes dans le menu option ? Moi non plus. En outre c'est en ces lieux que vous devrez définir votre goût de la conduite en choisissant comme il vous sied simulation ou arcade. Juste une petite parenthèse avant d'approfondir les différences entre ces deux dernières notions pour signaler que vos réglages se trouvent parfois désactivés sans que vous ne vous en rendiez compte, aboutissant à des surprises parfois désagréables. Un point assez énigmatique, qui demanderait presque l'intervention du FBI, s'il n'était pas occupé sur le complot extraterrestre visant à détruire la race humaine avec des presse-légumes. Comme indiqué précédemment, la préférence pour l'arcade ou la simulation va modifier concrètement les tenants et les aboutissants de votre façon de jouer. Mais pas autant qu'on aurait pu le penser. Ainsi les seuls réels changements restent sujets aux chocs divers que vous supporterez. Autant dans un cas votre véhicule sortira indemne d'accidents titanesques, autant dans l'autre la moindre sortie de piste se soldera par une roue voilée, un "nez" brisé, ou encore un aileron plié. De même, l'attention envers les instruments de bord, concernant la température des pneus, et autres attentions techniques n'apparaît pas en arcade, ce qui vous obligera à une plus grande concentration.
Malgré tout, et curieusement, vous ne ressentirez pas de révolution dans la prise en main de votre bolide. Disposant d'une physique peu convaincante, prouvée par les sauts démesurés qu'effectue celui-ci lors d'une escapade dans les graviers, votre véhicule de course fait également montre de réactions un tantinet troublantes. Semblant monté sur vérins, ce dernier bondira du côté opposé à celui où vous venez de pivoter dès que vous essaierez de sortir d'un virage. Une attitude pseudo-réaliste, certes, mais complètement disproportionnée. On éprouve vraiment du mal à remettre la formule 1 dans le droit chemin, et ces glissades intempestives stressent tout au long des courses, rendant par la même ces dernières fort désagréables à l'essai. Et ce dans les deux modes. S'il est logique de se plier à un freinage intelligent avant une courbe dans le but de fournir une accélération brute en sortie dans un contexte de simulation, ça l'est beaucoup moins dans le cas antagoniste. La maniabilité n'est pas mauvaise en soi, mais le déséquilibre omniprésent, ajouté à l'absence de différenciations évidentes nuisent à l'ensemble. L'appellation simulation ne sera donc justifiée que par la complexité des menus de réglages à l'austérité avérée, aussi précis qu'exhaustifs. Néanmoins, comme prouvé précédemment, ce n'est pas cette "poudre aux yeux" qui fait les bons jeux. Soit, les passionnés furieux y trouveront leur compte, mais les novices seront un tant soit peu perdus. Fort heureusement le très bon manuel explicite les divers réglages, mais pas suffisamment pour plonger le joueur désireux de s'amuser, dans la fureur de la course. Un ajout louable, bien entendu, mais qui aurait mérité d'être entouré par une qualité plus conséquente. On a le sentiment qu'il sert d'excuse à VGP 2.
Dans le même ordre d'idées, la qualité graphique de l'ensemble n'est pas exempte de reproches, loin de là. Après avoir poussé les molettes de réglages des divers paramètres liés aux graphismes dans leurs derniers retranchements, ayant même le vice de choisir un anticrénelage conséquent (x6), je m'attendais honnêtement à un festival de polygones lissés, de décors photo-réalistes et autres formes joyeuses tributaires d'un PC nerveux. Et pourtant, rien ne se passa comme prévu. Effectivement, vous aurez à votre disposition des bolides modélisés très simplement, n'accusant que peu de reflets, et disposant d'une vue intérieure fort avare en détails, plongée dans une ambiance cubique incontestable. Mais le plus rebutant reste la représentation des environnements. Les diverses textures font preuve d'un manque de finition flagrant, et ne donnent pas du tout l'impression qu'elles doivent véhiculer. L'herbe ressemble à un tapis sans relief, et le public présent dans les gradins évoque plus un amas de viande hachée (l'avis de beaucoup de personnes à la rédac) qu'un groupe de passionnés. Les arbres et les bâtiments quant à eux, semblent tout droit tirés du mythique, mais terriblement âgé, V-Rally, supprimant les dernières onces d'implication.
Au final donc, et malgré le pilotage assez technique, pierre de voûte inébranlable du soft, VGP 2 expose trop de défauts et d'errances pour vraiment faire partie des simulations à conseiller sur PC. Pourtant dépositaire de bonnes idées relatives au online (téléchargement de voitures, etc...), il ne peut convaincre, du seul fait de sa réalisation générale complètement dépassée. Un essai peu concluant qui sombre dans les méandres de l'actualité vidéoludique. Dommage.
- Graphismes6/20
Découvrant une qualité graphique peu à la mesure des productions sortant récemment sur PC, VGP 2 évoque souvent les premières productions PSone lissées sur PS2. En effet, on ne relève pas vraiment d'aliasing, ni de polygones saillants, mais le tout est tellement dépouillé qu'on ne peut s'empêcher de retourner voir dans les options graphiques pour vérifications. Par contre l'animation ne souffre d'aucun ralentissement. Le public est à voir.
- Jouabilité13/20
La jouabilité, si elle possède certains aspects clairement poussés dans le sens de la simulation de grande qualité, accuse un déséquilibre trop important qui nuit au plaisir pris globalement. Les réactions démesurément violentes, et l'absence de distinction incontestable entre arcade et simu ne donnent pas l'envie nécessaire à la poursuite d'un championnat terriblement soporifique. Les nombreux réglages disponibles sont par contre relativement impressionnants.
- Durée de vie11/20
Le championnat n'est vraiment pas long, et seuls les acharnés désirant le terminer en mode simulation accompagnée d'une i.a professionnelle trouveront une résistance conséquente. Par contre, vous disposez d'un mode online, vous donnant accès à des courses sur le net, en concurrence avec le monde entier. Par contre je n'ai pas eu cette chance, car personne n'était connecté à mon arrivée.
- Bande son8/20
Les compositions présentes sont redondantes au possible, et n'évoluent véritablement jamais. Restent les effets sonores relatifs aux environnements et aux bolides qui sans être vraiment corrects, demeurent passables et suffisant à l'immersion. On aurait souhaité des sons plus prenants.
- Scénario/
On est pas dans Michel Vaillant non plus !
Loin de la qualité des softs axés sur les sports automobiles actuellement présents sur PC , Virtual Grand Prix 2 affiche une somme de défauts trop handicapante pour espérer s'extraire des flots sombres où il se trouve plongé. Déséquilibré, offrant une approche graphique de très mauvaise qualité, il ne trouvera pas écho dans votre coeur de joueur occasionnel, ni dans celui des fans de F1 par ailleurs. La bonne odeur de gomme brûlée s'est envolée.