Mes A flottent*. Toutes mes désoléances. Depuis le temps que je crie que l'EyeToy tourne en rond et que le concept de la caméra n'évolue pas, je suis bien obligé de reconnaître mon erreur avec la sortie de Sega Superstars. Non seulement le titre se paye le luxe de ressortir une pléiade d'icônes du jeu vidéo made in Sega, mais il cherche aussi à rendre la caméra plus intéressante que jamais en l'écartant de sa rengaine habituelle "lavage de vitres / Kung Fu". Je ne vous cacherai pas que quelques-uns des mini-jeux de Superstars rappellent encore ce genre de gameplay, mais ils sont en minorité et n'arrivent pas à faire d'ombre aux jeux plus méritants.

On commence le tour d'horizon par le héros le plus emblématique de Sega : Sonic. Quand on pense à Sonic, on pense immédiatement à des courses ultra rapides dans des niveaux alambiqués. Comment retranscrire cela en se servant de l'EyeToy ? Tout simplement en nous projetant dans un tuyau rempli de pièces avec un Sonic surexcité qui court devant nous. Au joueur de lui indiquer où aller en bougeant les bras. Le hérisson répond du tac au tac et suit nos directives sans broncher. En étant assez agile, on parvient à lui faire attraper un maximum de pièces et de joyaux tout en évitant les mines qui jonchent le parcours mais mieux vaut avoir de sacrés réflexes car la vitesse augmente très régulièrement.

Autres héros, autres concepts. Avec Samba De Amigo ou la délicieuse Ulala de Space Channel 5, on goûte aux joies du déhanché endiablé sur des musiques latino ou électroniques. Dans le premier jeu, il faut viser les cibles en même temps que les pointeurs qui défilent à l'écran, dans le second, il faut d'abord mémoriser une séquence mimée par un alien avant de la reproduire en suivant le rythme de la musique. Comme vous pouvez le constater, on reste toujours très proche du jeu d'origine, l'élément EyeToy ne venant jamais perturber l'esprit initial de la série.

Si pour Virtua Fighter (combat), Virtua Striker (foot), ou House Of The Dead (tir), il était facile d'imaginer une variante EyeToy, l'exercice devient plus difficile dès que l'on évoque Nights, Super Monkey Ball, Puyo Pop, Billy Hatcher, Chuchu Rocket! ou même Crazy Taxi ! Et oui, comment trouver quelque chose de rigolo à faire tout en respectant la licence ? Pas facile, n'est-ce pas ? Pourtant, les têtes pensantes de Sega sont parvenues à résoudre cette problématique. Pour Crazy Taxi, on joue le rôle du client qui doit attirer l'attention du chauffeur en gigotant sans relâche devant l'objetif et en lui criant de s'arrêter (précision : l'EyeToy n'est pas juste une caméra, l'objet possède aussi un micro). Dans Billy Hatcher, l'objectif est de faire rouler un oeuf géant pour écraser les ennemis avant de rejoindre la sortie. Bien que fidèles à leur série, ces deux mini-jeux sont peut-être les moins passionnants puisque assez chaotiques dans leur déroulement.

De son côté, Chuchu Rocket! est déjà plus subtile. Comme dans le vrai jeu, il s'agit de guider un maximum de petites souris vers leur fusée tout en évitant que les vilains chats ne les croquent. Avec des interrupteurs, on ouvre ou on ferme des passerelles et tout l'intérêt consiste à laisser passer les souris et faire tomber les chats. Croyez-moi, ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air lorsque les rongeurs sortent par centaines et qu'il faut gérer quatre interrupteurs simultanément. Puyo Pop Fever est tout aussi stressant, mais tellement fun qu'on y revient sans cesse. Sous une pluie de Puyo, le joueur doit tant bien que mal se servir de son corps pour ranger les bulles de gelée selon leur couleur respective. Je vous renvoie directement vers le premier screen de la page qui vous donnera une idée plus précise de la chose.

Les deux derniers mini-jeux ont en commun une jouabilité inédite et plutôt bien trouvée. Que ce soit pour Monkey Ball ou Nights, on dirige le personnage en bougeant nos deux bras. Chaque position correspond à un mouvement (avant, stop, à gauche, à droite...). La méthode n'est pas sans rappeler le travail d'un technicien qui guide un avion sur la piste d'un aéroport. Fatiguantes à la longue, ces deux séquences sont pourtant bien amusantes. Voler à travers les anneaux de Nights devient rapidement instinctif, voire même immersif de part la position de nos bras, identique à celle des ailes d'un oiseau.

Rempli de trouvailles, Sega Superstars a largement de quoi séduire, bien qu'il ne soit pas non plus dénué de tous défauts. On peut déjà trouver que 12 jeux c'est assez peu, puisque U-Move Super Sports en contient, lui, 15 sans compter sa dizaine d'activités supplémentaires. On peut aussi lui reprocher de nous assommer avec des chargements énormes avant chaque jeu. Même pour rejouer au titre que l'on vient de terminer, il faut se taper un loading énorme. Malgré tout, si tant est que vous aimiez l'EyeToy, je vous encourage vivement à passer outre ces deux défauts car jusqu'à présent, Sega Superstars est ce qu'il y a de mieux en la matière. Comme quoi, avec des idées, on peut faire plein de choses !

*Merci à Dinowan pour cette variante à Mea Culpa (mes A coulent pas donc mes A flottent).