K2000, Miami Vice, et présentement Sherif Fais-moi Peur, les vieilles séries ont le vent dans le dos ces temps-ci. Seulement le vent n'apporte pas toujours une fraîche brise estivale, il porte aussi les effluves les plus nauséabondes.
Chez Ubi, ils ont un problème, ils sont régulièrement obligés de faire des daubes qui se vendent bien pour avoir l'argent nécessaire au développement de leur bons jeux qui se vendent moins bien. Ca donne des choses comme Alexandra Ledermann ou Sherif Fais-moi Peur. Pour certains la perspective de renouer avec les frères Duke et la fameuse General Lee a fait couler beaucoup de bave. Sans oublier la cousine Daisy à qui le show doit probablement pas mal de records d'audimat (si on aime les grandes brunes qui s'habillent mal, perso j'aime autant l'inverse mais bien sûr vous vous en foutez).
Inutile de tergiverser, autant faire bref, ce Retour Du General Lee est immonde, à tous les points de vue. Après un premier niveau faisant office d'introduction et qui consiste à tourner comme un rat en cage dans une ferraille à la recherche de pièces auto, voilà que le véritable jeu se lance, nous laissant comprendre que tout le reste va être aussi imbuvable. En gros, le gameplay consiste à aller d'une mission à une autre en suivant un vague scénario, les deux frangins Duke cherchant à récolter de l'argent pour un orphelinat. Les missions ne font pas dans l'originalité, une poursuite, une collecte de trucs quelconques, une filature, une course etc. Un peu le principe Driver en somme. Seulement il se trouve que le soft est parfaitement injouable.
Avant toute chose, ce qu'on nous vend comme un monstre de puissance n'est qu'une vieille charrette poussive et on a autant de sensations extrêmes en jouant à Shérif Fais-moi Peur qu'en matant Derrick décrocher le téléphone (bien que dans certaines maisons de retraite la chose puisse engendrer des scènes d'hystérie collective, m'a-t-on dit). Pire, non seulement la General Lee est molle comme une figue trop mûre sous le sabot d'un âne, mais elle est de surcroît incontrôlable. Le moindre virage, le moindre écart et vous partez en sucette dans le décor. Même tenir droit sur une route goudronnée et rectiligne devient un calvaire. Inutile de signaler qu'on passe aussi pas mal de temps à essayer de se décoincer des murs dans lesquels on s'est bloqué en voulant pratiquer une manoeuvre aussi osée qu'une marche arrière. Ben oui aussi, je joue avec la mort moi.
Je vous laisse donc imaginer avec quel entrain on parcourt le comté de Hazzard. 3 plombes à essayer de tenir la route pour rejoindre la prochaine mission, mission qu'on sait d'avance ennuyeuse en plus. Ennuyeuse car molle, sans originalité et se déroulant au sein d'une map aux environnements tous identiques et moches. Se repérer est d'ailleurs assez pénible, les indications à l'écran supposées vous guider ayant la sale manie de ne pas être très correctes et s'il est possible de faire apparaître une carte, celle-ci est d'une précision toute relative. On perd donc un temps fou à essayer de retrouver son chemin. Temps qu'on pourrait consacrer à toutes sortes de choses nettement plus constructives, comme faire la sieste sur un divan (mais pas devant Derrick !). Enfin moi je dis ça, vous faites ce que vous voulez, vous pouvez aussi aller jouer à Alexandra Ledermann.
- Graphismes10/20
Du vert, de la boue et des bâtiments faits avec des outils de jardinage. Le bilan graphique est très, très moyen. La version PS2 se parant en plus d'un joli aliasing.
- Jouabilité6/20
La conduite est soporifique de mollesse et se paie aussi le luxe d'être impraticable. On part en vrille au moindre écart, un simple virage est une calamité et on peut donc dire, en résumé, que niveau jouabilité, Shérif Fais-moi Peur n'assure pas une bille.
- Durée de vie10/20
Les missions tiédasses peinent à stimuler l'intérêt et de toutes façons, on a très vite envie de balancer le jeu par-dessus son épaule.
- Bande son13/20
Le doublage est dans le plus pur style Redneck Simulator 1.0, c'est dans le ton de la série. Musicalement, vaut mieux aimer la country. Les effets mettront tout le monde d'accord : ils sont mauvais.
- Scénario/
Même pour un fan hardcore de la série, mieux vaudra éviter de se lancer dans cette adaptation misérable à la jouabilité résolument insoutenable. Shérif Fais-moi Peur ressemble à un simulateur de caisse à savon, tant par les sensations que par la conduite désastreuse. Un jeu qui dans ses meilleurs moments endort, les pires phases étant juste supra gonflantes.