Après Le Secret du Kiboa qui a connu un relatif échec commercial à cause de l'obligation qui était faite aux joueurs de se connecter à internet pour franchir chaque niveau du jeu, Gibcom Multimedia n'a pas renoncé à développer des jeux basés sur l'univers de Kipulkai. Avant la sortie au milieu de l'année 2005 de leur prochain titre massivement multijoueur nommé Boaki Le Territoire Des Brumes, le développeur nous convie à entrer dans le monde merveilleux des jeux d'aventure-action avec La Légende des Trois Masques qui, comme tous les titres de l'univers Kipulkai, est principalement destiné aux enfants.
Même si la cible visée (les 6-12 ans) peut laisser croire que nous sommes en présence d'un jeu ludo-éducatif, il n'en est rien. En effet, la progression du joueur n'implique nullement l'apprentissage de telle ou telle notion de math ou de géographie. Bien au contraire, on est plongé en plein univers fantastique. Nous sommes à Pulpao, un territoire peuplé par des êtres sensibles et intelligents. Tous vivaient en paix jusqu'à ce que les trois masques légendaires soient volés. Depuis, le mal semble être apparu. Terrorisés, les autochtones vous confient la mission de retrouver les trois masques et de rétablir la paix. Pour cela, il vous faudra franchir des épreuves variées et vaincre l'infâme PoGo, le méchant de l'histoire. Le jeu est divisé en 18 niveaux qui proposent chacun différentes épreuves. Lorsqu'un level est basé sur l'exploration, dans un autre il vous faudra résoudre de petites énigmes pour arriver à avancer et il y a même un peu d'infiltration. Evidemment, on n'atteint pas le niveau d'excellence de jeux dédiés à ces styles, mais cette variété des épreuves est bienvenue pour ne pas lasser les enfants. Cependant, les séquences que semblent préférer nos chères têtes blondes sont bien celles où il s'agit de participer à des courses à dos de Pitukai (animal semblant être le fruit d'un croisement entre un dromadaire et un crapaud). Ces courses sont d'ailleurs aussi praticables sur des oiseaux ou des skate-boards à réaction. Hélas, l'impression de vitesse n'est pas assez présente pour que l'on ressente de vraies sensations.
Si l'univers du jeu très coloré est original et plaira certainement aux enfants, Kipulkai n'est pas exempt de défauts. Ceux-ci concernent surtout le gameplay. On voit tout de suite que l'intuitivité n'est pas de mise. On n'est ainsi pas libre d'orienter comme on le souhaite la caméra. Au lieu de ça le jeu nous propose plusieurs angles de vue prédéterminés. On aurait bien aimé pouvoir lever la tête, la baisser comme on le souhaite mais ce n'est hélas pas possible. En outre, il est impossible de modifier l'affectation des touches. Dommage ! De plus, l'inventaire se révèle très peu pratique à utiliser. Ainsi, avant de prendre un objet au sol il faut d'abord ranger celui que l'on a en main en cliquant dans une case vide du sac. C'est vraiment lourd et on aurait préféré que les objets ramassés viennent automatiquement s'ajouter dans l'inventaire. Et concernant l'objet que vous avez en main, celui-ci s'affiche en bas à droite de l'écran mais on ne le voit pas concrètement dans les mains du héros. C'est le genre de petits détails qui, accumulés, pénalisent le jeu. D'autant que la prise en main du héros n'est pas non plus très soignée. Par exemple, dans les phases de course, votre monture glisse beaucoup trop dans les virages. Pourtant, on ne semble pas aller très vite. C'est vraiment bizarre et très déstabilisant. Autre détail gênant : il est impossible de zapper les cinématiques. Enfin, les quelques phases de plates-formes sont très délicates à cause de l'imprécision des commandes.
La réalisation non plus n'est pas fantastique. Les graphismes ont visiblement été faits pour s'adapter aux plus petites configurations si bien qu'ils sont très loin de ce que l'on peut voir chez la concurrence actuellement. Manque de finesse dans les décors, textures grossières, effets de lumières et d'ombres risibles. Ce n'est vraiment pas la joie ! Côté son, si la qualité des musiques et des bruitages est acceptable, le problème est que ces deux éléments ne sont vraiment pas assez nombreux et variés. On nous ressert le même thème musical tout au long de l'aventure par exemple. Il est sympa au début, mais au bout d'une heure on en a rapidement marre. Quant au narrateur qui vous accompagne tout au long de la partie, sa prestation est plutôt bonne et on a même droit à un peu d'humour dans certaines de ses remarques. Vous voulez un exemple de cet "humour" très particulier ? Bon, mais c'est bien parce que c'est vous ! Alors à un moment le comédien nous sort "fais un clic droit pour sauter comme un cabri ! Cabri, c'est fini, et dire que c'était la..." Bon, vous voyez le genre. Mais bon, ça fait toujours plaisir de voir que les développeurs ne se sont pas pris au sérieux !
Cependant, malgré son univers original Kipulkai n'arrive pas à convaincre. Il faut dire que dans le genre action-aventure, d'autres titres s'en sortent beaucoup mieux et peuvent aussi convenir à la cible visée par le soft de Gibcom : les enfants. Je pense entre autres à Rayman 3 ou à Beyond Good & Evil qui offrent tout deux des niveaux variés et un plaisir de jeu bien plus grand.
- Graphismes11/20
Si les décors psychédéliques ont un style bien à eux, ils manquent cruellement de polygones, si bien que l'on remarque un fort aspect cubique. Les ombres et les lumières non plus ne sont pas au top et la profondeur de champ est limitée. De plus, l'animation des personnages et des montures est très moyenne.
- Jouabilité8/20
Le gameplay du jeu n'est pas des plus intuitifs. L'utilisation de l'inventaire est lourd, on ne nous laisse pas assez de liberté avec l'angle de caméra et les déplacements dans les phases de course s'avèrent être assez laborieux.
- Durée de vie12/20
Les 18 niveaux se terminent assez vite. Les 25 heures de jeu que vante la boîte du jeu sont très loin de la vérité et il semble qu'il faille aux joueurs les plus médiocres 10 heures au grand maximum pour terminer le jeu. Heureusement, Gibcom Multimedia nous promet de proposer des missions additionnelles en téléchargement régulièrement.
- Bande son12/20
Si le comédien qui narre l'histoire s'en sort relativement bien grâce aux remarques décalées qu'il prononce souvent, les bruitages et les musiques ne sont vraiment pas assez variés pour nous plonger dans une véritable atmosphère.
- Scénario12/20
L'univers de Kipulkai a été pensé pour les enfants et cela se voit. Le scénario est donc très simple et on regrette un peu que les rebondissements ne soient pas plus nombreux et que tout soit aussi prévisible.
Kipulkai : La Légende des Trois Masques à beau être vendu à bas prix, il n'en reste pas moins que l'on trouve beaucoup mieux sur le marché. Le jeu est en effet déficient sur bien des points : le gameplay est lourd et peu pratique, les graphismes sont très moyens, les musiques et bruitages ne sont pas assez variés et pour couronner le tout, le jeu est assez court. C'est dommage car il y avait de l'idée ! L'univers est sympa et les épreuves auxquelles on est confronté sont diversifiées. Bref, c'est marrant deux minutes mais le cumul de tous les défauts plombe un jeu qui s'annonçait pourtant rafraîchissant.