Ce Spy Hunter déboulant sur PC dans un "toc toc badaboum c'est moi" à la Belmondo, incarne un peu la mode de personnalités retirées dans l'ombre d'un couvent depuis des temps immémoriaux, et décidant de retourner au grand jour de leur célébrité. Mais il y a un moment où il faut savoir cultiver le silence et le calme afin de ne pas foncer dans un mur que l'on s'est soi-même dressé. Mais comme Midway n'a peur de rien, nous allons assister ensemble à la post-décadence d'une non-légende. Rien que ça.
Les années 2000 sont décidément une source de crainte sans limite. Elles symbolisent même dans le jeu qui nous intéresse aujourd'hui la fin de la société humaine telle que nous la connaissons. A la tête d'un groupe secret nommé Nostra International et basé en Israël, Daemon Cury, Paco Rabane local, annonce la fin du monde dans un futur peu lointain selon les dires de Nostradamus. A la différence de notre ami Paco, Daemon prend les choses en main lorsque ses prédictions se révèlent inexactes. Du coup il construit quatre satellites, baptisés de manière originale "les quatre cavaliers" (sous entendu de l'Apocalypse) devant logiquement paralyser toutes les structures électriques de la Terre. Mais le fourbe ne sait pas qu'il va avoir à faire au meilleur agent de l'I.E.S, appartenant à la prestigieuse organisation Spy Hunter, c'est à dire votre avatar de pixels. Et bien ce n'est pas rassurant.
Trop classiques et obsolètes, les cocktails et les costumes deux pièces d'un noir profond, agrémentés d'un noeud papillon de rigueur, s'avèrent remplacés par une voiture dernier cri. Sorte de mélange habile entre Kit de K2000 et un transformer sur le retour, votre bolide sera votre seul allié durant la guerre qui se prépare à votre insu. Parcourant des décors très différenciés les fonctions spéciales de votre véhicule ne seront pas de trop pour vous adapter aux changements brutaux d'environnements. En effet, juxtaposant sans arrêtes domaines terriens et aquatiques, le soft cherche à surprendre à tout moment le joueur trop plongé dans une habitude instinctive. De ce fait il vous arrivera fréquemment de rouler sur une piste sablonnée avant de faire une chute vertigineuse dans un gouffre profond, s'étant ouvert sous vos roues, et rempli d'eau. Votre belle monture se modifie alors à la vitesse d'un éclair pour devenir un bateau du plus bel effet. Vous n'avez rien à faire, tout est automatique. Les plus anciens qui se rappellent de la série Pole Position verront exactement de quoi je veux parler. Une fois sur les flots, le gameplay s'adapte à votre nouveau terrain d'affrontements, d'une manière immédiate et douce sans être révolutionnaire pour autant, et vous permet de continuer à traquer du malfrat sans être choqué par la transition. Clairement arcade dans son fonctionnement, Spy Hunter laisse la part belle aux situations dynamiques et pourrait-on dire simplistes. En fait, vous disposez de trois types d'engins différents, évoluant au gré des situations. Nous avons déjà évoqué les deux premiers, le troisième étant une moto, s'extirpant immédiatement de la voiture lorsque celle-ci encaisse trop de dégâts. Une idée intéressante, pourtant pas assez mise à profit. La monture équipée de deux roues ne se révèle pas forcément plus rapide et fait étal d'une maigre défense. Plus un sursaut qu'un véhicule à part entière.
En outre chacun des modèles transporte divers types d'armes d'assauts contre Notra, allant du lance-missiles à la mitrailleuse en passant par la projection de boules magnétiques provoquant l'arrêt immédiat des autres engins vous importunant. Les munitions sont suffisamment nombreuses pour que l'on ne se retrouve pas face à un char d'assaut les barillets vides, et il est possible de récupérer des balles au gré des caisses brisées, le long des niveaux. Votre sens de le vie se résumera donc à la distribution de coups de feu à tout va, et d'une conduite habile et leste afin de ne pas rentrer en collision avec les éléments bordant routes et fleuves. Si beaucoup de choses sont destructibles et que vous semblez avoir une liberté conséquente du fait du choix des routes à emporter, il est triste de devoir faire demi-tour face à un buisson et à un camion en mal de gestion des collisions convenables. Vous perdez ainsi tout espoir de terminer le stage de la meilleure façon, possible. Si vous échouez, effectivement,vous revenez au début de votre calvaire sans avoir pu sauvegarder en milieu d'épreuve. Sachant que les missions vers la fin sont assez étendues et assez peu aisées, vous aurez souvent à réessayer un stage dans sa totalité. Surtout que vous pourrez observer un découpage entre objectifs premiers et secondaires, ces derniers devant être suffisamment bien réussis pour débloquer votre progression. Une attention de tous les instants donc, initiée par une maniabilité intuitive et accessible immédiatement.
Pas de changements de vitesse, de gestion de l'environnement, mais une conduite nerveuse, basée sur la glissade, mais un tantinet trop permissive pour convaincre. L'arcade est un sujet à manier avec soin, en tentant de ne pas sombrer dans le gouffre de l'inintérêt en essayant d'être trop laxiste. C'est ce qui arrive à Spy Hunter, malheureusement. Coincé entre un principe de jeu intéressant incluant une mise en place de transformations à adapter aux écueils rencontrés et de nombreux clichés, Spy Hunter suit le chemin du jeu "fun"durant les premières heures, et auquel on ne revint plus qu'un jour de temps en temps par nostalgie, et encore. Il aurait pu se faire une petite place aux côtés des grands noms de la course automobile déguisée en jeu d'action, mais ne parvient pas à la cheville des passages en voiture dans les James Bond d'EA. Le problème vient en fait de la réalisation graphique qui l'empêche définitivement de faire jeu égal avec ses concurrents.
Et oui, quand on a trois ans de retard dans les roues on ne peut plus vagabonder le long des routes comme les jeunots mon pov' monsieur. Effectivement, accusant un âge assez avancé, du moins dans le domaine de la 3D sur PC, Spy Hunter ne parvient plus à suivre la cadence. Evoluant dans des décors utilisant des textures peu convaincantes et réutilisables à l'infini visiblement, vous croiserez des voitures civiles modélisées simplement, laissant entrevoir des arrêtes polygonales assez désagréables, et semblant sorties de fêtes foraines. Avançant par à coups comme si leurs roues étaient composées de quadrilatères (en même temps ce n'est pas vraiment faux), elles ne serviront qu'à vous ralentir lors de vos poursuites effrénées. Dans le même ordre d'idées, si vous avez le malheur de tirer sur un opposant roulant à vive allure devant votre pare-brise bien propre, une fumée épaisse se dégagera de sa personne, et viendra complètement masquer votre champ de vision. Vous ne pourrez alors plus vous diriger et raterez parfois un des objectifs importants de la mission. Handicapant. De plus, et cela même sur un Athlon 2100 + avec 512 mo de Ram et une carte graphique compétitive, j'ai eu de gros problèmes d'affichage, quand ce n'était pas des démarrages avortés. Le clipping est omniprésent, et la matière de l'eau ou encore l'horizon n'apparaissent qu'à une distance relativement proche. Une honte pour un soft aussi âgé. Rien n'a été fait pour le réactualiser. De même, les explosions s'avèrent mal décomposées et dignes de l'explosion des boss des premiers RPG. Ne gérant même pas la souris, et proposant une bande-sonore assez répétitive, Spy Hunter sent le bon vieux portage irréfléchi sur PC. Jeu correct sur console, il en devient très dispensable sur ordinateur.
- Graphismes8/20
Voici l'illustration d'un portage brute raté. La qualité graphique ne tient pas du tout compte du support et nous assaille de bugs, de clipping, et de problèmes d'affichage flagrants. Rien n'a été fait pour donner raison au joueur de se pencher sur le soft, ce qui est bien dommageable. A noter les explosions catastrophiques et les scènes cinématiques à la mise en scène peu enviable.
- Jouabilité14/20
La prise en main ne pose vraiment aucun problème, cela étant du à l'orientation purement arcade du titre. Tout se passe de manière intuitive et vous n'aurez que très rarement des problèmes au niveau de la direction et du lock. Pour autant, on ressent vraiment un vide navrant dans cette jouabilité qui ne propose jamais vraiment d'évolution, sauf durant les diverses transformations redondantes. On aurait aimé un peu plus de variété, même si le tout demeure très amusant à jouer.
- Durée de vie10/20
Plus d'une dizaine de missions vous sont proposées dans ce Spy Hunter, mais aucune ne semble à même de passionner. Essayant de varier les plaisir avec une seule étape de protection, le jeu de Paradigm tourne un peu en rond, et ne vous poussera pas à finir la quête pour le plaisir. La présence d'un mode deux joueurs augmente un tantinet le potentiel ludique, mais de manière artificielle. Décevant.
- Bande son10/20
Les divers thèmes distillés au gré du soft ne sont pas très intéressants au niveau des sonorités, et les mélodies, très classiques et issues du vénérable ancêtre ne sont pas très originales. Les effets sonores quant à eux s'avèrent corrects, sans plus, et ne représente parfois pas vraiment la violence des chocs.
- Scénario9/20
Un homme qui veut détruire le monde en se fiant sur les prophéties de Nostradamus, et répétant des phrases de la Bible qui font peur à tour de bras au coin du feu avec des disciples. Très classique et mis en scène de manière anecdotique.
Petit jeu d'arcade honnête sur console, Spy Hunter, victime d'un portage scandaleux ne respectant aucunement les joueurs et les laissant seuls face au massacre, fait figure désormais de soft mauvais accusant un âge trop canonique pour pouvoir s'imposer. Il est incompréhensible de gâcher de l'argent (pas beaucoup visiblement) pour adapter un jeu de façon si mauvaise. Désolé Spy Hunter, ce n'est pas de ta faute, juste un dommage collatéral.