Les plus vieux d'entre vous, et surtout les plus friands d'originalité, se souviennent sûrement d'un jeu d'aventure, aux limites du Survival-Horror, et nommé Galerians. Ce dernier donnait la possibilité aux joueurs d'expérimenter pour la première fois de leur vie l'utilisation de pouvoirs psychiques liés à des expériences malvenues. Il en résultait un gameplay novateur exploitant la cruauté de chacun dans une soif de pouvoir. Mais il manquait à cette expérience une plus grande liberté dans les châtiments infligés aux ennemis. Second Sight d'abord, et ce Psi-Ops en plus, dépassent ce constat et proposent une approche plus permissive. Quelle est donc la limite de celui-ci ?
Vos premières heures au sein de ce nouveau monde encore plein de mystères sont plutôt dures. Soldat d'une armée en pleine déroute face à une horde de corps sans vie dirigée par un grand manipulateur "psi", vous vous trouvez rapidement submergé par ce flot de guerriers aveuglés. Vous êtes dans la foulée fait prisonnier et emmené au QG de vos adversaires, appelés plus communément "Le Réseau". Une fois sur place, enfermé dans une geôle à cause de votre esprit rebelle, vous rencontrez un agent double incarné évidemment par une jeune femme blonde au corps de rêve. Cette dernière, après vous avoir injecté une substance dans le bras à votre insue vous demande de la suivre, et de mettre à bas le régime tyrannique espéré par le général du Réseau. Encore tout émoustillé de votre situation, vous tombez soudainement dans une sorte de transe, ressentant d'immondes frissonnements dans tout votre corps. A partir de ce moment précis, vous retrouvez tout ce qui vous avait fait souffrir des années auparavant, vos capacités psychologiques supérieures. C'est à cet instant que le gameplay change radicalement et dévoile toute sa force ludique. Il s'étoffera tout au long de votre progression, et gardera jalousement ses côtés les plus attractifs. Ils seront en quelque sort distillés intelligemment. Mais le tout est il encore de savoir s'en servir à bon escient.
Une phrase qui sonnera d'ailleurs longtemps dans vos tympans lors des premières minutes de jeu. En effet, emporté par la fougue de posséder enfin des possibilités psychiques dignes d'un maître en la matière, vous permettant de soulever des objets et des êtres sans aucune dépense physique, vous deviendrez vite dépendant. Tentant de jeter à tout va des caisses et des bidons d'essence, vous vous apercevez que les personnes contre lesquelles vous tentez vainement de résister ne sont pas dupes, et savent très bien qu'un objet volant par des moyens aussi non identifiés que les vôtres demeure étrange. Ce point se révèle pour le coup problématique. Effectivement, l'intelligence artificielle n'est pas des plus probante. S'il est toujours surprenant de voir un garde accourir vers vous parce qu'il a vu le corps de son compatriote au fond d'un couloir, il est plus décevant par contre, et je pèse mes mots, de se retrouver à grimper sur une échelle tandis que votre opposant qui vous a vu avec certitude, attend tranquillement au sommet de cette dernière sans vous lancer une grenade ou même ouvrir le feu. On remarque ainsi de grosses lacunes dans les réactions en général, et mis à part les pauvres scientifiques donnant l'alerte dès qu'ils se rendent compte de votre présence, on a vraiment l'impression de se battre contre un ensemble de clones sans âme et surtout prêts à tout. Vous me direz que cela colle parfaitement à la trame scénaristique du soft et que de ce fait ce n'est pas un écueil. Si c'est une opinion qui se défend, je pense plus à une absence de sérieux majeur de ce côté-là.
Dans le même registre, et suivant l'orientation actuelle, Psi-Ops propose un gameplay à deux visages. L'un axé sur l'action, avec échanges de coups de feu dynamiques à grands renforts d'armes automatiques, et l'autre basé sur l'infiltration, tel un petit Snake à la barbe naissante. Ce qui est dommageable c'est que tandis que l'une est exploitée admirablement, la seconde pèche en de nombreux points. En premier lieu, la jouabilité, si elle est bien adaptée aux combats armé, permettant de locker un adversaire afin de pouvoir se mettre à couvert sans perdre sa cible lors de rixes un peu trop compliquées, elle ne convient plus vraiment lorsqu'il s'agit de longer un mur en silence. Pour demeurer furtif, il faut d'une part marcher accroupi, et d'autre part se coller contre les divers murs afin d'avoir une vue sécurisée des rondes des gardes présents à cet instant. La difficulté vient du fait que les ennemis vous repèrent extrêmement aisément si vous vous dissimulez derrière une caisse, même si vous aviez pris toutes vos précautions auparavant. Dans le même style, il vous sera impossible de passer baissé sous une fenêtre. Vous serez aussitôt remarqué et pris à parti. La seule chose positive reste le regard en coin à l'arrivée d'une intersection, mais ne suffit pas à faire oublier les meurtres silencieux qui ne peuvent être effectués que si vous touchez quasiment votre cible. Il faut être aplati contre elle pour espérer l'assommer. Et encore, ça ne marche pas à tous les coups. Vraiment handicapant. En revanche l'utilisation de la force "psi" est bien mise en valeur. Possédant la plupart des fonctionnalités que peut offrir un tel don, vous aurez accès à une liberté d'appréhension des situations imposantes : Soulever un objet et le lancer violemment sur un ennemi, supporter ce dernier dans les airs et lui tirer dessus tant qu'il ne bouge plus, aspirer la force psychologique d'un individu jusqu'à ce que sa tête explose, ou bien encore prendre le contrôle de l'esprit d'autrui ne sont que quelques unes des perversités malsaines que vous pouvez faire subir à vos kidnappeurs.
Mais bien au delà de cela, la plus grande innovation proposée dans le titre est le fait de pouvoir se déplacer par le biais de sa conscience, afin de repérer la ronde des différentes sentinelles, et surtout leur placement dans une pièce voisine. Vous jouerez alors sur l'effet de surprise et économiserez de précieuses balles et points de vie. Il est toutefois regrettable d'être capable de passer au travers d'une porte de cette manière, et de ne pas pouvoir dépasser une fenêtre. Mais ce n'est qu'un détail dans le flot de contentements que procure ce jeu. La gestion des énergies "psi" est véritablement jouissive, permettant de résoudre une situation avec simplicité et sans heurts. Ayant une utilité réelle, ces capacités spécifiques ne sont jamais surfaites ou inutiles. Il faudra vous en servir le plus souvent possible pour mener à bien vos missions. A ce sujet d'ailleurs, vous rencontrerez à de nombreuses reprises des passages au sein desquels il vous faudra faire marcher vos neurones dans l'espoir de résoudre un cas désespéré. Ne tentez jamais, à part dans les combats bien entendu, une approche irréfléchie. Demandez-vous toujours s'il n'existe pas un moyen secondaire pour continuer votre avancée. Un principe intéressant et bien mis en scène, contrastant avec l'aspect violent des "gunfights". Il existe en tout évidence une gestion des dégâts, mais pas assez précise pour vous pousser à la précision. On peut même dire sans arrière-pensées que la mise en place de la force psychique, s'avère plus intelligente dans ses aboutissants que celle présente dans Second Sight. Fascinant.
Tout comme l'aspect graphique qui ne démérite pas, bien au contraire. Bien que les expressions faciales du héros soient parfois un tant soit peu surjouées, l'animation des protagonistes principaux et la représentation des émotions à travers le visage et les mouvements du corps s'avèrent de qualité. On remarque à ce sujet un net fossé entre la manière relativement fluide et bien décomposée de se déplacer de notre sauveur et de son amie, et celle des gardes et autres adversaires qui demeurent assez rigides. La modélisation des intervenants n'est pas sujette à critique, et s'insère habilement dans l'atmosphère générale du soft. Les traits tirés, la démarche lente, les polygones bien cachés, notre ami le guerrier "psi" surdoué ne souffre d'aucune carence véritable. Mais le plus ahurissant reste la gestion des corps, ou plutôt des cadavres. Le moteur employé restitue à la perfection le relief sur lequel ces derniers se trouvent, et les chocs qu'ils encaissent. Poussez un ennemi neutralisé dans un escalier, et vous le verrez rouler le long des marches de manière très réaliste. Un petit tour de force en soi. De même, les environnements traversés, bien qu'adoptant tous une thématique métallique (du moins où je me suis arrêté) disposent d'un niveau de détail convaincant, et proposent une cohérence respectable. Les textures sont de plus bien choisies, et donnent vraiment l'aspect froid inhérent à l'acier. Un souci nécessaire dans le désir de "poser" l'ambiance, qui allié à une bande sonore correcte et à un travail sur les effets sonores recherché permet d'amener le joueur à se rendre compte de lui-même qu'il se trouve devant un jeu d'exception.
- Graphismes15/20
Psi-Ops met en avant une qualité graphique sincèrement convaincante, mais qui connaît tout de même quelques désagréments l'empêchant de se hisser dans les plus hautes sphères. Exposant une gestion des corps inertes impressionnante pour une Xbox, le titre estampillé Midway parvient à surprendre agréablement et à faire oublier le design des personnages pas très original, et la raideur certaine dans l'animation des personnages secondaires. Un enrobage très appétissant malgré tout.
- Jouabilité16/20
Poussant plus loin que Second Sight l'utilisation intelligente des pouvoirs psychiques, Psi-Ops reste pourtant un cran en dessous de son prédécesseur à cause d'une prise en main générale moins recherchée et un tantinet moins intuitive. Mais ne croyez pas que vous allez être déçu, loin de là. Le nombre de possibilités est effarant, et deux parties ne se ressembleront pas. Par contre évitez de chercher à tout prix la furtivité, vous seriez déçu.
- Durée de vie15/20
Le jeu se termine relativement vite, dans la moyenne du genre dirons-nous, mais dispose contrairement à Second Sight d'un mode coopératif qui permettra à l'un de vos amis de participer à l'aventure en votre compagnie. Un ajout très sympathique qui relance du même coup l'intérêt du jeu
- Bande son13/20
Les compositions musicales se font assez discrètes dans leur nombre et leur qualité, mais l'instrumentalisation se révèle correcte, et les morceaux collet bien à l'ambiance. Les effets sonores quant à eux participent activement à l'immersion dans le "Réseau".
- Scénario14/20
Je ne peux pas vraiment me prononcer, n'étant pas allé suffisamment loin pour comprendre le fin mot des complots et expériences en pagailles, mais le background est très prenant, et la mise en scène bien pensée. Seul le côté un peu destructurée dans l'enchaînement des passages scénarisés fait un peu défaut, mais rien de vraiment grave. Par contre, on n'évite pas certains clichés.
Concurrent direct de Second Sight sur un terrain pratiquement vierge il y'a encore peu de temps, Psi-Ops tient ses promesses avec panache, et propose une aventure riche, au gameplay attirant et à l'ambiance prenante. Sans égaler le côté "torturé" de son confrère de chez Codemasters, le dernier titre de Midway met lui plus en avant l'utilisation des pouvoirs psychiques face à l'inconnu, et privilégie l'action. A vous de choisir votre camp. Une dernière chose, vous aurez parfois à faire avec de la violence assez gratuite qui nuit un peu au plaisir pris.