"Tiens si on profitait de la sortie du coffret DVD Star Wars pour lancer un jeu ?"Ben tiens, et puis si possible on va pas trop se fatiguer à inventer un truc nouveau, on va juste piquer la formule qui marche du tonnerre en ce moment, développer ça sur PS2 et le porter sur PC. Et hop !
Depuis le temps qu'on vous en parle, vous devez forcément savoir que Battlefront est un clone de Battlefield 1942 arrangé à la sauce Star Wars. Un mélange qui a de quoi allécher le fan qui sommeille en chacun de nous (si, Star Wars c'est un message universel, on a tous un fan en nous, puisque je vous le dis). J'explique donc le principe pour ceux qui ne connaîtraient pas : chacune des deux équipes en lice dispose d'un nombre X de bases qui font office de points de respawn. Le but est de conquérir les bases adverses en les occupant pendant un certain laps de temps et si possible en évitant de se les faire reprendre ensuite. Accessoirement, le nombre de bases occupées permet d'augmenter le nombre de tickets de respawn, qui définit le nombre de réapparition de joueur qu'une équipe peut se partager. Pour gagner il faut donc au choix amener ce chiffre à zéro ou bien contrôler l'ensemble des bases d'une map. Cette formule simple (couplée à des engins motorisés) donne pourtant lieu à des affrontements épiques depuis plus de deux ans sur les serveurs de Battlefield 1942 et plus récemment de sa suite Vietnam.
Battlefront reprend donc exactement le même principe, ainsi que l'usage des véhicules. Toutefois, le soft de Pandemic tente de se doter d'un mode solo plus stimulant que celui de DICE, enfin en théorie. Pour être exact, on trouve 2 modes. Le premier est un mode campagne qui propose de suivre le déroulement historique des films à travers diverses batailles. Le second, nommé Conquête, consiste à se battre pour l'une ou l'autre des factions en présence pour aller dominer des planètes, chaque conquête permettant d'accéder à un bonus planétaire qu'on pourra employer lors de la prochaine bataille : intervention d'un Jedi contrôlé par l'ordinateur et pratiquement aussi invulnérable qu'agaçant, sabotage des véhicules ennemis, cuves bacta pour les soins etc. Louable tentative pour rendre le jeu viable en solo, mais dans la pratique, on fait la même chose qu'en jouant online mais contre des bots pas malins pour deux sous, capables d'envoyer une grenade au milieu d'une plaine vide et de se poser comme des lapins dans un couloir.
Qu'importe, le online c'est de toutes façons la véritable essence du jeu alors zou. Premier contact : pas bon, on doit jongler avec un browser de serveurs complètement à l'ouest, incapables de dénombrer le nombre réel de joueurs connectés, résultat on subit de fréquents refus de connexion. Sans parler de la lenteur avec laquelle on accède à la liste des serveurs.
Enfin bref, restons-en au jeu qui comporte au total 16 cartes sur lesquelles peuvent s'affronter 4 factions, mais seulement par couples. N'espérez pas que les Rebelles se battent contre les droïdes de la Fédération du Commerce ou que l'Empire affronte L'Ancienne République (Lucas n'aime pas qu'on fasse les fous avec ses oeuvres). Chaque clan dispose de 5 classes identiques. Un homme d'infanterie avec blaster, un ingénieur avec arme lourde, un pilote, une troupe d'élite (sniper chez les rebelles, Dark Trooper chez l'Empire, Droideka chez la FC etc) et un soldat spécifique en sus, tel le Wookie pour l'Alliance ou l'éclaireur de l'Empire. Premier souci de gameplay, ces classes sont mal balancées et à moins de sortir le lance-missiles, on ne voit pas toujours une différence énorme de l'une à l'autre. Le Dark Trooper par exemple (que les joueurs de Dark Forces connaissent bien) est loin d'être aussi terrifiant qu'il y paraît avec son jet pack. Certes, une fois bien maîtrisé, on peut tomber dans le dos d'un rebelle et lui exploser la tronche avec l'espèce de shotgun-blaster mais la puissance de l'arme est à relativiser. D'une manière globale, c'est d'ailleurs un problème récurrent dans Battlefront : les armes d'infanterie n'ont aucune patate et on a trop le sentiment de tirer avec un jouet lumineux. Problème en partie dû aux impacts très mous d'ailleurs qui n'empêchent pas des ragdolls exagérées à la limite du ridicule. L'autre ennui vient de la précision des tirs, trop aléatoire. Sans parler du fait qu'en dépit de la présence d'une classe de sniper, la plupart des armes dispose d'une lunette et qu'on peut très bien sniper avec un blaster à répétition impérial, à condition de sacrifier un peu sur la portée de tir.
Certaines classes se démarquent tout de même. Le wookie par exemple, dispose de sa fameuse arbalète à tir chargé qui explose en un faisceau multiple. Du côté des droïdes, le Droïdeka aperçu dans l'Episode 1 est une classe originale à contrôler de par sa faculté à se rouler en boule et à recourir à son bouclier énergétique. Malheureusement, sa lenteur en mode "sur patte" et surtout sa très grande vulnérabilité en cas de coupure du bouclier gâchent un peu la fête. On citera le pilote qui a pour lui de permettre aux véhicules qu'il utilise de voir leurs dégâts se dissiper. Mais cela ne change rien au fait que les divers types de personnages manquent de complémentarité. J'ai cité le cas du sniper, mais on pourrait croire que l'artilleur saurait se montrer indispensable face à un AT-ST, et pourtant, il peinera à se débarrasser d'un appareil si petit soit-il. Alors finalement on aime autant éviter les engins trop volumineux. C'est que l'on comprend vite notre douleur en découvrant que la suprématie des véhicules est totale face à l'infanterie. Il faut mettre un sacré coeur à l'ouvrage pour dégommer un appareil ennemi. Pour sa part, un chasseur manié par un joueur un tant soit peu expérimenté incarnant un pilote, fera des ravages considérables au sein des troupes au sol. Venir à bout d'un engin adverse demande des efforts et une certaine coordination, malheureusement, cette entente mutuelle entre joueurs ne semble pas être la préoccupation première des occupants actuels des serveurs. A côté de l'intensité des combats et de la tactique qu'on trouve dans BF : Vietnam, dans Battlefront, on tombe au beau milieu d'un chaos indescriptible de combats qui font plus penser à une deathmatch party qu'à autre chose.
Du côté des maps, on trouve de tout. Du bon et du moins bon. Le moins bon étant réservé à certaines cartes dédiées à l'infanterie, telle que Bespin qui se présente comme un enchevêtrement de couloirs et de plates-formes mal pensés. Il est impossible ici de contourner l'ennemi, de le prendre sur les flancs ou autre. Non, tout ce qu'on peut faire c'est avancer jusqu'à un goulot d'étranglement (une allée couverte) et se tirer dessus les uns les autres en espérant qu'une brèche s'ouvre et qu'on puisse avancer. Chacun campant sur ses positions puisque des renforts arrivent en flot continue de zones imprenables. On peut toujours tenter une percée de brute, en souhaitant que personne ne lance une grenade, puisque la configuration de l'allée vous condamnera à la prendre sur la tronche. Heureusement on trouve d'autres maps plus inspirées et plus ouvertes, faisant la part belle aux engins motorisés. Comme je le disais, les véhicules sont dévastateurs. Au moins sont-ils ardus à manipuler à l'image du terrible hélicoptère de Battlefield Vietnam ? Pas vraiment non. La prise en main d'un walker impérial est simpliste, alors même que ce type d'engin est particulièrement puissant. Mais simple à piloter ne signifie pas pour autant agréable. Même si Battlefont a beau mettre en avant les engins de l'univers Star Wars les plus réputés, on ne prend pas vraiment de plaisir à les utiliser. Le maniement d'un walker n'a rien à envier à ce qu'on pouvait faire en cheatant dans Jedi Knight, les speeders sont trop nerveux et ingérables (presque injouables pour le coup) et le pilotage des appareils volants tel qu'un X-Wing est poussif quand on a goûté à un Rogue Leader. Il en va de même pour l'ensemble des engins.
L'aspect technique du jeu ne le sauvera pas vu qu'il sent à plein nez le méchant portage d'un développement trop orienté console. Les modèles 3D sont anguleux et cheap, couverts de textures pas super détaillées. Certaines maps se dotent d'un horizon qui n'est qu'une grossière texture très pauvre. L'ensemble est dissimulé sous un effet de flou peu esthétique et que je soupçonne de servir à arrondir des angles un peu trop droits. L'animation des personnages est ultra limitée et seuls quelques effets d'explosion donnent le change. Même si Battlefront n'est pas horriblement laid, il fait peine à voir à côté du moteur de BF. Et il n'y a pas que sur ce plan d'ailleurs car au final, Pandemic nous livre un soft mal goupillé, qui pourra satisfaire les moins regardants ou les fans désireux de renouer une fois de plus avec leur univers favori, un jeu d'action online un peu bancal.
- Graphismes12/20
En dehors des explosions assez réussies, le moteur de Battlefront est vraiment une feignasse qui se contente du mnimum. Les modèles 3D des personnages sont très moyens et les véhicules vont du correct au simpliste. Les textures sont pauvres en dépit de l'effet de blur. C'est très moyen et en plus le frame-rate n'est pas fluide.
- Jouabilité10/20
Sur un concept pourtant dévolu au teamplay un tant soit peu réfléchi, Battlefront prend des allures de deathmatch, la faute à des classes mal équilibrées et sans réelle complémentarité. L'aspect confus des combats et le manque de pêche des armes, la conduite peu satisfaisante, tout cela fait nettement chuter l'intérêt du gameplay.
- Durée de vie14/20
On passera vite sur le mode solo et ses bots au QI de sardine pour se concentrer sur le online. De ce côté, on a de quoi se distraire sur les 16 maps et 4 factions.
- Bande son16/20
On a rarement de mauvaises bandes-son sur les jeux Star Wars puisqu'on retrouve les excellents thèmes musicaux et effets sonores des films. Les vois sont toutefois très en retrait et plates.
- Scénario/
Clone de Battlefield, Battlefront a du mal à tenir la comparaison avec son modèle. Mal balancé au niveau des classes, avec des véhicules à la conduite peu gratifiante et pourtant ravageurs, le titre cumule les tares au point de se contenter d'être un gros jeu d'action plutôt primaire et bancal. En étant fan, Batllefront peut toujours jouer sur la corde sensible, mais il ne faudra pas être trop exigeant.