Très attendu par de nombreux joueurs qui voient en lui une petite alternative à la série Myst, Aura : La Légende Des Mondes Parallèles arrive enfin en France pour nous ouvrir les portes d'un univers mystique et mystérieux. Il n'y a plus qu'à se laisser happer pour profiter pleinement du voyage.
Il vient toujours une heure où l'élève est prêt, où sa formation touche à sa fin, où il peut enfin prouver ce qu'il vaut réellement. Cette heure est arrivée pour Umang, le jeune apprenti de Arakon. Après de longues années passées à étudier, le temps est venu pour lui de rejoindre la vallée d'Ademika et de poursuivre sa formation auprès du vieux Grifit. Pour l'étudiant, ce voyage marquera le début d'une longue aventure, et pour le joueur, le point de départ d'un jeu à l'ambiance certaine, faite d'alchimie, de magie, et de décors splendides.
Aura prend place dans un monde, ou devrais-je dire dans des mondes régis par une assemblée de vieux sages détenteurs d'anneaux sacrés. Ces anneaux confèrent à ceux qui les maîtrisent un pouvoir immense capable de créer de nouvelles réalités. Le parallèle avec les livres téléporteurs de Myst n'est pas si loin et effectivement, il y a un peu de ça dans Aura. Au fil de sa quête, Umang va passer de mondes en mondes et apprendre un peu plus ce qu'on attend de lui. Je vous passe le paragraphe où il se voit confier une mission de la plus haute importance que lui seul peut remplir, car bien sûr, les plus anciens sont déjà occupés à faire autre chose... Bref, Aura marche sur le chemin déjà tracé par la grande série que l'on connaît tous, mais on ne lui en tiendra pas rigueur car loin de simplement copier, il parvient aussi à trouver son identité propre.
La personnalité du jeu tient essentiellement dans tout ce qui caractérise son ambiance, graphismes et musiques. Les lieux qui se dévoilent à nos yeux sont empreints d'une bonne dose de magie. Même si la qualité des environnements n'est pas constante, même si parfois certains passages nous ramènent à un froide réalité (celle qui nous projette de nouveau en tant que joueur devant un simple écran de PC), on ne peut qu'apprécier le design général qui englobe et façonne le monde de Aura. La palette de couleurs, notamment, semble sortir tout droit d'un conte tandis que les machineries et autres engins étranges qui construisent les énigmes nous immergent dans un temps où la magie pourrait côtoyer une industrie naissante. Planant au dessus de cela, des musiques apaisantes et relaxantes nous plongent dans un état de réflexion constante, état idéal pour se confronter aux épreuves intellectuelles que nous réservent le titre.
Il est toujours difficile de juger le niveau des énigmes d'un jeu. Suivant la logique de chacun et en fonction de son expérience des jeux d'aventure, on peut les trouver plus ou moins faciles ou au contraire plus ou moins tirées par les cheveux. Celles de Aura se situent à un niveau qui satisfera le fan par leur originalité, tout en laissant la porte entrouverte afin de permettre au débutant de s'attaquer à leur résolution. Les indices sont multiples dans le jeu, la plupart seront consignés dans votre grimoire sous forme de schémas. Grâce à ces dessins, que l'on peut consulter autant de fois que voulu, on parvient à comprendre la logique que cache chaque levier, chaque symbole. La méthode est toujours la même à chaque nouvelle difficulté. On commence par faire l'enfant, à toucher à tout, en essayant d'appuyer sur les boutons, de tourner les manivelles, de placer les objets dans les emplacements que l'on pense être les bons. Puis, devant l'échec de la manoeuvre, on se pose tranquillement et on se met à réfléchir. Quel pourrait être le rapport entre le gros réservoir que l'on a devant soi et les piliers qui se dressent dix écrans plus loin ? On regarde les schémas du livre, on commence à émettre des hypothèses sur le lien qui unirait chaque élément du décor, et finalement, on entrevoit le début de la solution. C'est un peu comme ça que marche Aura. La réponse n'est jamais bien loin, ni bien compliquée, mais elle demande une compréhension quasi totale des éléments qui nous entourent.
Aura n'est cela dit pas exempt de défauts altérant un peu la vision de grand hit que l'on pouvait initialement avoir de lui. J'ai rapidement évoqué les graphismes inégaux pour les décors, mais je n'ai encore rien dit concernant les personnages. Aussi bien Umang (que l'on peut voir durant les cinématiques) que les quelques autres protagonistes, tous souffrent d'une modélisation peu élogieuse pour leur plastique. Ce n'est pas très grave pour un jeu de ce style, mais ça gâche un peu le plaisir visuel qu'une cinématique est censée procurer. D'autant que le doublage français n'est guère convaincant, lui non plus. Autre point qui peut en agacer certains : l'histoire peu passionnante et mal ficelée qui sert de fil conducteur. Bien que Aura trouve sa propre identité, le scénario avoue trop facilement ses influences (Myst, Le Seigneur des Anneaux en tête). Elles qui n'auraient pu être que de simples clins d'oeil deviennent du coup trop évidentes, presque témoins malgré elles d'un manque d'inspiration scénaristique. Dommage car en soignant davantage le déroulement des évènements et en trouvant un moyen d'impliquer plus fortement le joueur, on serait parvenu à un grand jeu. Les explorateurs seront ravis, mais le voyage n'est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances. C'est que nous sommes exigeants !
- Graphismes15/20
Aura se glisse dans de l'omni-3D classique mais réussi. La plupart des environnements sont magnifiques et nous envoûtent pleinement. Malgré tout, il reste quelques écrans moins enchanteurs. Et les personnages qui osent se montrer sont franchement affreux.
- Jouabilité15/20
On avance écran par écran, avec la possibilité de regarder tout autour de soi grâce à la vision à 360 degrés. L'ensemble reste très classique et ne cherche pas du tout à apporter une quelconque innovation à ce qui fonctionne déjà très bien comme ça.
- Durée de vie14/20
Aura nous sert un catalogue d'énigmes bien trouvé qui se permettent même parfois de sortir des sentiers battus. Ni trop dures, ni trop faciles, il y en a pour tout le monde. Grâce aux indices livrés dans le grimoire, on ne reste pas bêtement bloqué au même endroit indéfiniment.
- Bande son14/20
Dans un style moins easy listening, les musiques pourraient parfaitement convenir à un certain jeu télé dans lequel les candidats manient des chiffres et des lettres. Propices au calme, elles permettent de se concentrer sur les énigmes. Les dialogues sont, quant à eux, moins réussis. Les textes sont joués sans conviction.
- Scénario12/20
Il manque quelques détails pour s'immerger totalement dans le scénario de Aura. On a le sentiment que les événements nous tombent dessus, comme par magie. L'implication s'en ressent grandement.
Si vous aimez les jeux d'aventure, Aura a clairement de quoi vous séduire. C'est avec un plaisir non dissimulé que vous accompagnerez Umang et que vous l'aiderez à sauver sa réalité. Cela ne vous empêchera tout de même pas de trouver à redire sur certains aspects du jeu, notamment sur son scénario un peu léger.