Jackie Chan, le plus sympathique champion de kung-fu de tout Hollywood, renouvelle l'expérience du jeu vidéo. On se souvient de sa première prestation plutôt mitigée sur PSone, et toute la question est de savoir si cette seconde tentative sera plus convaincante.
En plus de faire le pitre au cinéma, Jackie Chan est aussi un pro de la télé où il a depuis quelque temps déjà sa propre série animée relatant ses aventures. C'est de cette même série que s'inspire le jeu. Du coup, on y retrouve tous les personnages clés qui l'accompagnent habituellement. Il y a Jade, sa petite nièce, son oncle philosophe, la Section 13 ainsi qu'une belle brochette de méchants qui ne cherchent que la bagarre. L'histoire tourne autour de talismans magiques à récupérer. Chaque pierre porte le sceau d'un animal du zodiaque chinois et confère à son porteur un pouvoir très spécial. Le talisman du coq accorde un double saut, celui du lapin augmente la rapidité de mouvement tandis que la pierre du boeuf décuple la force de frappe de celui qui la possède. Il y a comme ça douze talismans à trouver aux quatre coins du globe, et vous vous doutez bien que c'est exactement la mission qui incombera sur les frêles épaules du casse-cou.
Les trois premiers artefacts vous attendront en pays maya. Ce prologue sud-américain sera l'occasion de se familiariser avec le titre et de découvrir ainsi qu'il ne se cantonne pas à jouer dans un seul et unique registre mais présente au contraire un cocktail assez vaste mêlant plusieurs styles de gameplay. Comme prévu, on n'échappe pas aux scènes de bagarre où Jackie peut faire son show (facile...) et cogner contre les méchants venus le défier. Les combats sont malheureusement très décevants car tout à fait plats. L'action semble se dérouler au ralenti alors que le nombre de coups disponibles se répartit sur deux stupides touches de la manette. Ces deux composantes rendent les affrontements mous et sans vie. Heureusement pour le titre, le studio Atomic Planet a eu la bonne idée de ne pas tout miser sur les combats et est parti à la recherche de plusieurs autres composantes susceptibles de relever le niveau de leur jeu.
C'est là où le mot "Adventures" du titre prend tout son sens. Entre chaque voyage à l'étranger, Jackie retrouve son chez lui en plein centre de San Francisco. En plus de pouvoir visiter quelques pièces dans son appartement, de s'entraîner au dojo et de tailler le bout de gras avec son oncle et sa nièce, il peut sortir dans la rue et même changer de quartiers. Dehors, justement, Chan pourra participer à plusieurs petites activités telles que sauter à la corde avec des gamines ou parler aux passants qui déambulent sur les trottoirs. Tout au long du jeu, Jackie trouvera aussi des cartes qui lui donneront accès à un petit jeu contre Jade. Puisque la version fournie pour le test ne comprenait pas de notice et que nulle part il est dit comment jouer avec ces maudites cartes, je ne pourrais me prononcer sur le réel intérêt de la chose. Ca ressemble à une version simplifiée du jeu de cartes de Final Fantasy 8. C'est tout ce que je peux dire. Plusieurs fois au cours de l'aventure, des mini-jeux se déclenchent. Certains sont tout à fait classiques, d'autres font appel à l'EyeToy, la caméra de Sony (sans caméra, il est tout de même possible de jouer) pour des séquences basées sur le rythme ou sur les réflexes. Grâce à ces petits à-côtés, le jeu parvient à trouver un rythme légèrement plus soutenu que celui des combats, pardon d'insister, vraiment raplapla. Cependant, ce n'est pas encore ça, et il manque un petit quelque chose qui ferait de Jackie Chan Adventures un titre plus nerveux.
Même la réalisation tend à calmer le jeu et à le rendre presque soporifique. Les animations semblent obéir à une limitation de vitesse pour le moins frustrante. Là où on aimerait voir Jackie se déchaîner comme une bête, on le voit courir presque au ralenti, avec même l'étrange impression de le voir flotter, notamment lors des réceptions de sauts. Les contrôles sont très imprécis, merci aux caméras absolument imbuvables. Graphiquement, le titre fait un choix esthétique très particulier faisant appel à la technique du toon-rendering (des gros aplats de couleurs délimités par de grossiers traits noirs). Cela aurait pu être réussi s'il ne régnait pas une certaine approximation dans les décors. Plus grave, il y a aussi plusieurs bugs dûs à la fois aux caméras, à la jouabilité et à quelques oublis stupides. Exemple très énervant : au Japon, Jackie se retrouve coincé dans une chambre et doit utiliser un talisman pour se libérer. Or, l'utilisation de chaque pouvoir pompe un peu de "chi" (énergie) au personnage et si le malheur veut que vous n'ayez plus de chi à ce moment là, vous serez condamné à tout jamais dans cette fameuse chambre (obligation de quitter la partie et de charger une précédente sauvegarde).
Au final, Jackie Chan peine franchement à trouver son équilibre entre les phases de combats léthargiques et les mini-jeux courts mais sympa. La réalisation aurait pu faire pencher la balance dans le positif et nous permettre d'apprécier comme il se doit les aventures de ce "Jacky des arts martiaux", mais les soucis de jouabilité et les bugs rencontrés nous en empêchent.
- Graphismes11/20
L'esthétique a fait le choix d'un dépouillement total. Cela aurait pu être payant si les caméras avaient mis un peu plus de coeur à filmer l'action correctement. Les animations auraient aussi gagné à être un peu plus nerveuses, notamment lors des combats.
- Jouabilité9/20
Les caméras sont grandement responsables de la mauvaise jouabilité du titre. Il faut sans cesse batailler pour les replacer correctement, surtout avant les sauts au-dessus du vide. Les combats sont pour leur part navrants et ne proposent qu'un nombre très restreint de coups à porter.
- Durée de vie11/20
Retrouver les douze talismans ne vous prendra pas bien longtemps. Vous pourrez par contre vous pencher sur la collecte de toutes les cartes à jouer ainsi que sur les mini-jeux EyeToy, si tant est que vous accrochiez au concept.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux sont pour le moins variés. Du Japon au Mexique, les instruments utilisés diffèrent du tout au tout. Le doublage n'est pas exceptionnel, mais au moins c'est en français.
- Scénario/
Le mélange de plusieurs styles de jeux aurait pu être payant, mais il manque l'étincelle qui aurait pu embraser le tout. En clair, Jackie Chan Adventures manque de rythme et cela se ressent tout au long de la progression. Dommage aussi qu'il faille se taper une maniabilité bien souvent crispante.