Sammy se lance dans la parodie. Si si, la vraie parodie bien potache qui fait rire avec plein d'humour 1er degré dedans. Spy Fiction se moque des jeux d'action/infiltration, en puisant des gags bien sentis dans la comédie populaire. Le tout est de savoir si tout cela est fait consciemment...
Prenez une bonne dose de Metal Gear et une louche de Mission Impossible. Mélangez le tout en versant doucement trois gouttes de Monty Python. Voilà quelle pourrait être la détonante recette de Spy Fiction, un titre drôle malgré lui qui s'enfonce plus loin dans le ridicule à chaque nouvelle scène. Inutile de vous parler du scénario totalement accessoire. Ca part dans tous les sens en pompant sans honte dans tout ce qui peut se faire de plus cliché. Bien sûr, on n'échappe pas aux nanotechnologies fabriquées par un laboratoire pharmaceutique aux desseins plutôt noirs. On n'échappe pas non plus au grand vilain qui raconte n'importe quoi et qui préfère garder les gentils en vie encore un peu, juste le temps de leur raconter son plan machiavélique et de leur révéler son point faible. Contrairement à Metal Gear qui s'appuie sur une histoire forte, Spy Fiction prend donc la tangente. Cela dit, l'affiliation avec le jeu de Konami reste plus qu'évidente à de nombreux niveaux.
En tant qu'espion infiltré dans plusieurs environnements, on reçoit ses ordres directement dans l'oreillette, Delarue-style. Les objectifs nous sont donnés au fur à mesure de la progression, d'où la désagréable impression d'être vissé à des rails dont on ne peut se défaire. On se laisse promener par le scénario sans franchement l'apprécier (au contraire) et sans même profiter d'une quelconque finesse de gameplay. C'est là où Spy Fiction perd tout son potentiel. Ultra dirigiste, on se rend rapidement compte qu'il n'existe généralement qu'une solution à un problème donné, le tout est de la trouver et de l'appliquer dans la foulée. En ce sens, Spy Fiction pourrait s'apparenter à un jeu d'aventure, cela dit, le gameplay est tellement pauvre qu'il ne se gêne pas pour nous refourguer toujours la même soupe.
A la manière d'un grand carnaval, tout l'intérêt de Spy Fiction repose sur les déguisements. Grâce à un petit appareil photo top futuriste et à une combinaison adéquate, le personnage principal peut prendre l'apparence de n'importe quel autre personnage, du moment qu'il arrive à le photographier et à trouver un placard ou une poubelle pour se changer. En optant pour tel ou tel costume, on progresse tranquillement dans les niveaux. Un coup, l'habit de laborantin nous ouvre les portes d'une section, deux minutes après, c'est en cuisto qu'il faut être apprêté pour passer. Bien entendu, personne ne s'étonne de nous voir entrer dans un placard puis ressortir sous une autre apparence (en plus des vêtements, on peut modifier son visage et sa carrure). C'est là où le jeu sombre définitivement dans le ridicule.
Je veux bien que Spy Fiction ne joue pas la carte de la crédibilité (un message nous avertit même que les événements ne sont pas fictifs au cas où on aurait des doutes...), mais il y a quelques limites à ne pas dépasser. Le plus drôle dans l'histoire c'est que chaque costume dispose de son propre "mouvement de discrétion". En l'utilisant auprès d'autres personnages, on peut non seulement passer inaperçu, mais aussi, comble de la niaiserie, pouvoir écouter leur conversation. C'est-à-dire que si on se plante près d'un inconnu, comme ça, sans bouger, on entend rien, alors que si on active le mouvement de discrétion, on arrive à saisir des mots. Prenons un exemple vite fait. Disons que vous portiez le déguisement de cuisinier. Mettez-vous à côté d'un couple qui mange à une table, et activez votre mouvement. Votre personnage sortira d'on ne sait où une bonne grosse poêle et fera cuire une omelette, aussi naturellement que possible, et il pourra entendre ce qu'il se dit à la table. Si vous étiez déguisé en scientifique, vous l'auriez vu faire des dosages avec des éprouvettes. Voilà qui casse définitivement toute once de crédibilité que l'on est en droit d'attendre d'un jeu d'infiltration.
Et ce n'est pas tout. Spy Fiction, c'est aussi un système de caméra bien foireux (on ne voit pratiquement jamais à deux mètres devant soi), des ennemis léthargiques et des séquences de chutes libres dans lesquelles il faut éviter des bombes et récupérer des valises vertes pour regagner de l'énergie. Le jeu de Sammy s'enrobe d'une réalisation à la juste mesure de son gameplay. Graphiquement, on sent bien que le développeur a encore du mal à maîtriser la 3D et l'anti-aliasing. Les animations rappellent les pires productions que l'on peut trouver sur PS2. Les personnages se déplacent très lentement, en adoptant une posture absolument ridicule. Et je ne vous parle même pas de la bande-son (non doublée en français) qui achève définitivement ce jeu pour le classer directement comme l'un des titres les plus drôles de cette année. Le souci, c'est que l'on ne rit pas vraiment de bon coeur, mais plutôt par moquerie.
- Graphismes8/20
Le design des personnages n'a visiblement pas fait l'objet d'un gros travail préparatoire. Les héros, comme les personnages secondaires, sont tous aussi vilains les uns que les autres et souffrent d'un gros manque de charisme. Les différentes animations plongent le jeu dans une certaine forme de ridicule qui font que chaque action prête à sourire, à se moquer plutôt. La 3D souffre enfin de plusieurs bugs (de collision notamment) et d'un fort aliasing.
- Jouabilité9/20
Contrairement aux apparences, Spy Fiction est finalement ultra limité. On refait toujours la même chose sans prendre le moindre plaisir à le faire. Se déguiser, c'est marrant 5 minutes, mais même Patrick Sébastien a compris que ça devient lassant. Les problèmes de caméra deviennent vite très gênants. On se perd dans un simple couloir, c'est dire !
- Durée de vie8/20
Spy Fiction n'est pas vraiment difficile. On avance à une allure certaine. Les seules vraies difficultés sont à mettre sur le compte des caméras, encore une fois lamentables.
- Bande son6/20
Les acteurs ne sont visiblement pas dans le coup. Je ne sais pas s'ils savaient que leur boulot allait servir pour un jeu vidéo et non un soap opera de la télé ricaine. Les musiques... oh flûte, je les ai déjà oubliées, signe qu'elles ne sont pas marquantes.
- Scénario8/20
Nanotechnologies, laboratoire pharmaceutique, espions, méchant qui se la joue prof de philo... le tout saupoudré de déguisements et de situations ridicules.
Spy Fiction joue dans le secteur ultra concurrentiel de l'infiltration. Pour se démarquer, il mise pratiquement tout sur son gameplay carnavalesque malheureusement très limité. On s'ennuie comme c'est pas possible. Heureusement, on peut à tout moment se moquer de la production lamentable qui supporte le titre. C'est déjà pas si mal.