Peu mis en avant par son distributeur européen, Codemasters, Bunjingai Swordmaster n'en est pas moins un excellent titre d'action qui, nous l'espérons, trouvera son public lors de sa sortie en septembre prochain. Si le titre de Red Entertainment pique à droite et à gauche plusieurs aspects de gameplay de nombreux jeux, la cohésion finale du soft fait qu'on s'y attache dès les premiers instants. C'est ainsi qu'un mélange de conte chinois, d'action et d'envolée graphique réussit sans aucun mal à hypnotiser le joueur qui va de surcroît entrer dans un univers imaginaire où le plaisir de jeu sera, lui, bien réel.
Derrière Bunjingai Swordmaster, se cache un beat'em all matiné de notions de RPG. Avant toute chose, il convient de dire ici que si de plus en plus de jeux ajoutent un aspect jeu de rôle à leur titre, la plupart d'entre-eux ne font que survoler ledit aspect, ce dernier se réduisant à l'état de petit plus qui tend davantage vers le commercial (pour ameuter plus de monde) que le concret, un peu à l'image de la notion de furtivité qui intervient dans 80% des jeux d'action. Bref, commençons par le commencement en disant que Bunjingai s'il intègre quelques brèves notions de RPG (l'évolution des armes notamment), ne met nullement ceci en avant et se montre avant tout comme un pur jeu d'action, ce qu'il est bel et bien pour le plaisir de ceux et celles qui aiment croiser le fer. En fait, Red mise beaucoup plus pour promouvoir son titre (du moins au Japon) sur le fait que votre héros est incarné par le chanteur hypeeer branché et hypeer mignon du nom de GACKT (entre autres responsable des génériques des dernières OAV de Shin Hokuto No Ken), un pt'it minet propre sur lui, capable de faire tomber sous son charme des milliers de donzelles. Vous me direz, ce n'est pas vraiment le public qui s'adonne le plus souvent au beat'em all, mais allez comprendre, les commerciaux ont leurs raisons que la raison ne connaît pas. Pour nous autres européens qui ne connaissons pas nécessairement sur le bout des doigts la variété japonaise, cet aspect du soft est des plus anecdotiques (ce qui était aussi le cas pour Glass Rose de Capcom) et c'est surtout ce que renferme le jeu qui nous intéressera et là, aucun problème il y a de quoi faire et de quoi voir.
De prime abord, ce n'est pas vraiment la progression de Bunjingai qui va nous emballer puisque pour résumer, vous allez enchaîner les niveaux à la suite qui feront évoluer l'histoire, le point central étant le dojo où vous vous êtes entraîné et qui comprendra après la première mission un portail magique qui vous enverra vers votre prochaine destination. A noter, que vous aurez également le choix de reprendre n'importe quelle mission déjà terminée pour faire évoluer vos armes, récupérer tous les artefacts d'un stage ou tout simplement pour le plaisir des yeux. Pour tout dire, ce qui ne peut que plaire dans ce titre est bien la prétention de ses ambitions qui est très élevée et qui apporte au sujet, un cachet savoureux et délectable. Comme je le disais lors de la preview, Bunjingai Swordmaster emprunte à pas mal de jeux (PoP, Devil May Cry, Otogi) et une ribambelle de wu xia pian aussi divers que variés, d'Histoires de Fantômes Chinois à Hero en passant par les oeuvres de notre maître à tous l'illustre Tsui Hark. Ce melting-pot représente assurément le point le plus intéressant de l'entreprise, puisque le reste est assez peu original, la traversée des niveaux étant synonyme d'affrontements contre plusieurs ennemis (des boss intervenant à la fin de chaque level), de collectes d'orbes de santé, d'objets magiques vous offrant divers pouvoirs et de déblocages de portes en faisant disparaître des sceaux magiques après avoir tué tous les ennemis d'un niveau par exemple. Si ce n'est pas dans sa narration constructive que Bunjingai se défend le mieux, l'aspect graphique et le gameplay le sortent aisément du lot de nombreux beat'em all un rien trop fades pour briller en société.
Le design tout d'abord témoigne d'une réelle qualité et d'une recherche graphique très soignée, magnifique si tant est que vous soyez amoureux des mythes chinois et du cinéma HK. Si on n'évitera pas quelques niveaux (du moins le premier) un peu trop ancrés dans un univers contemporain, les suivants baignent dans une ambiance féerique (une forêt de bambous perdue dans la brume) ou mystique (un temple bouddhiste) au cours desquels plusieurs monstres ayant bénéficié d'un superbe crayonné vous mèneront la vie dure, surtout si vous choisissez le mode Normal ou Hard d'entrée de jeu. A l'image des décors, les monstres vont du "bon" au "fabuleux", les êtres humanoïdes constitués de métal, revenant à intervalles réguliers, étant les moins convaincants. Ceci dit, un bon pourcentage du bestiaire est incroyable de beauté et ce ne sont pas les bêtes mythologiques (le tigre tenant un sabre dans ses dents étant un des plus beaux), les ninjas aux griffes géantes (qui me font penser à un personnage de Toshinden), les samouraïs géants ou encore les boss hallucinants (voir dernier screenshot) qui me feront changer d'avis. Mais ce n'est pas tout puisque le jeu regorge d'effets visuels en tout genre, le moindre de vos gestes étant décrit par des spirales de lumière multicolores volant et dansant dans l'arène de combat, enrobant vos mouvements et se voulant de vrais plaisirs pour nos mirettes. Le titre de Red Entertainment fait donc la part belle à l'esthétique et à moins d'être insensible à la pureté graphique ou de clamer que certains environnements sont un peu vides, il n'y a pas grand chose à critiquer sur ce point. Certes, nous n'atteignons pas le niveau de Prince Of Persia ou du premier DMC mais Bunjingai reste malgré cela un très beau jeu, d'autant plus agréable qu'il est parsemé de nombreuses cinématiques en GC d'une excellente qualité.
Ce qui fait également plaisir se situe au niveau de la jouabilité qui est beaucoup plus étoffée qu'on aurait pu le penser. On dispose en effet de plusieurs mouvements et techniques et si on a souvent tendance à un peu bourriner, nous n'en disposons pas moins de capacités propres à embellir les combats. Pour en connaître toutes les subtilités, vous n'aurez d'autre choix que de passer par le tutorial détaillé et très bien expliqué via de multiples vidéos. Pour faire court, en tant que héros pétri de pouvoirs surhumains vous aurez la possibilité de planer un court instant, d'effectuer des doubles sauts, de marcher sur les murs ou de réaliser des cabrioles en vous servant de barres pour passer des endroits en un minimum de temps (vous enchaînerez ici des galipettes pour passer d'une barre à une autre). Pour l'aspect purement offensif, vous pourrez à loisir enchaîner des combos de coups (avec la possibilité tel un Dante d'envoyer un ennemi en l'air tout en continuant de le frapper), utiliser plusieurs pouvoirs (tornade, boule de feu, vrille surpuissante...), renvoyer les attaques magiques de vos adversaires après les avoir contenu (du pur Dragon Ball Z !!) ou encore contrer vos adversaires. Ce dernier aspect est d'autant plus génial qu'il se fait le plus simplement du monde et qu'il est toujours sujet à de superbes scènes visibles via un cadrage différent de l'action. La gestion des caméras est plutôt bonne (même si on aurait aimé une vue un peu plus éloignée parfois pour mieux cerner les ennemis) et le recentrage derrière le personnage à l'aide d'une simple pression ou le niveau de zoom modifiable font que nous n'éprouvons pas vraiment de difficultés à ce niveau. La seule ombre au tableau est que le jeu comportait une fois encore les bugs de traduction déjà évoqués lors de la preview. Si les textes demeuraient toujours en français lors des cinématiques en synthèse, il n'en était pas de même lors des phases de jeu où l'italien se mêlait au français !
Bunjingai se doit d'être reconnu pour ce qu'il est : un beat'em all classieux, jouissant d'un superbe design et d'un gameplay tout dédié à des affrontements titanesques. Il serait ainsi dommage de passer à côté de ce soft si vous avez aimé Devil May Cry ou PoP, le titre de Red leur prenant plusieurs idées tout en injectant de nouvelles pour un résultat exotique, onirique. Voici donc une agréable surprise que tout fan d'action et de légendes chinoises se devra d'essayer.
- Graphismes15/20
Des décors variés, vastes et disposant d'une belle touche artistique. Le design des monstres est superbe, les boss gigantesques et les cinématiques en CG sont en grand nombre et fort bien réalisées. On saluera aussi l'animation du héros qui dispose de mouvements coulants amenant de belles chorégraphies de combats faisant la part belle aux poses charismatiques de notre bel éphèbe.
- Jouabilité15/20
L'animation ne rame pas, la gestion de la caméra est relativement bonne (malgré un ou deux points de détail qui relèvent de l'anecdote) et nous disposons de plusieurs techniques de combats pour varier les affrontements. Les contres se font aisément, le maniement du personnage est simple et on prend un plaisir immédiat à réaliser des figures gracieuses et esthétiques. Le principal problème viendra des bugs de traduction, l'italien et le français se mélangeant lors des phases de jeu.
- Durée de vie12/20
Trois modes de difficulté et vu que l'avancée dans les niveaux se fait rapidement (à l'aide notamment d'un judicieux système de sauvegarde qui vous évite de tout refaire), privilégiez dès le départ le mode Normal ou Difficile.
- Bande son14/20
Le doublage anglais est honnête, les musiques hétéroclites (le traditionnel faisant parfois écho à des sonorités plus électroniques) et les bruitages sont le plus pur style arcade.
- Scénario13/20
L'histoire n'est pas bien originale mais l'emprunt à plusieurs pièces maîtresses du 7ème art hong-kongais est un atout des plus importants. Ceci est une très bonne chose puisque après Rise To Honor qui était un hymne au cinéma policier made in Hong-Kong (ha bordel le remake de la scène mythique de l'hôpital de Hard Boiled, vraiment jouissif !!), Bunjingai pioche dans le Chambara, le Wu xia pian et tire la quintessence de l'imagerie chinoise.
Voici un jeu qui n'a pas vraiment fait parler de lui jusque là et qui se révèle d'autant plus une agréable surprise. Beat'em all esthétique, très jouable et jouant sur les contes et légendes chinoises, Bujingai Swordmaster est un excellent contre-exemple pour qui se dirait que le beat'em all est un genre éculé qui n'a plus rien à raconter. Si vous voulez connaître l'histoire, vous n'aurez plus qu'à attendre le 17 septembre pour tourner les pages du livre.