Quand on cherche l'originalité vidéoludique, il faut souvent se tourner vers le Japon, où naissent des concepts dépaysants, parfois incompréhensibles pour nous autres pauvres occidents habitués dès notre plus jeune âge à un certain classicisme de pensée, ou du moins un formatage créatif bridé par un bon goût qui nous interdit de penser Noir quand on nous montre du blanc. Ribbit King, s'il peut être vu comme un simple jeu de golf (pardon de Grolf) dans la veine d'un Mario Golf est bien plus déjanté que cela et si le titre est loin de confiner au génie, il a malgré tout pour lui une bonne dose d'humour, un décalage certain et des idées intéressantes.
La planète Hippitron va mal ! Sa principale source d'énergie, la super-rubbinite, commence à manquer. Sans plus attendre le monarque de Hippitron vous convie, vous, Scooter, seul être capable de traverser le cosmos afin de visiter les différentes planètes qui jouxtent la vôtre pour en ramener la précieuse substance. Et vous voilà donc parti avec votre ami Picwick vers des aventures qui s'annoncent mouvementées. Voici en quelques lignes le scénario de départ du mode Scénario de Ribbit King, jeu se passant sur le principe du golf pour en sortir une toute nouvelle épreuve du nom de grolf. Si vous retrouverez également l'habituel mode Tournoi (scindé en deux challenges : Coup et Match où 1 à 4 joueurs pourront s'affronter, du moins dans le premier challenge nommé), attardons-nous principalement sur le mode Scénario, le Tournoi tournant uniquement autour du nombre de trous réussis pour déclarer le vainqueur.
Le Mode Scénario, va donc vous permettre de rencontrer plusieurs joueurs (tous plus loufoques les uns que les autres) sur les 5 planètes du système et de les affronter sur plusieurs trous afin de gagner le titre de champion du Super Ribbinite ce qui vous permettra de sauver votre planète d'origine. Si de prime abord, le jeu ressemble à s'y méprendre à un jeu de golf, il n'en est rien. On retrouve bien de longs parcours herbeux et un trou (ici renommé grou) à atteindre pour finir la partie mais les similitudes s'arrêtent là. Premièrement, point de balle à envoyer en l'air dans Ribbit King mais une grenouille à frapper pour la faire avancer. Ensuite, le but du jeu va bien être de mettre la grenouille dans un grou mais pas nécessairement en un minimum de coups.
Ce qu'il va vous falloir prendre en compte est que tout le jeu repose sur un système de points que vous allez engranger en faisant passer votre grenouille sur des zones rapportant des bonus, en lui faisant avaler des mouches, en réalisant des combos de coups, etc. Tout le système de jeu est basé sur cette architecture et si il est vrai que vous aurez droit à un bonus de points en rentrant, par exemple, votre grenouille en trois lancers, il faudra avant toute chose bien calculer votre coup (c'est le cas de le dire !) pour essayer d'envoyer votre grenouille à des endroits précis du parcours qui rapportent énormément (quitte à ne pas prendre le chemin le plus court) avant de finir le trou. Mais attention car si vous trouvez des zones à bonus, plusieurs pièges vous attendront également comme des zones à malus, des serpents qui essaieront de vous avaler, des éléphants qui n'auront de cesse de vous aplatir et d'autres choses de cet acabit, chaque planète apportant avec elle son lot de surprises. Il conviendra aussi de surveiller la santé de votre grenouille puisque cette dernière pourra s'épuiser et être moins compétitive. Pour éviter tout ceci, vous disposerez de plusieurs objets qui boosteront vos grenouilles (leur permettant de voler, de sauter plus loin, de plonger profondément) et vous aurez la possibilité de choisir 5 objets et 3 grenouilles différentes avant chaque début de parcours. A ce titre, les points que vous aurez amassés dans le mode Scénario vous donneront le droit d'acheter plusieurs items en vous rendant dans la Grolfette, endroit où vous pourrez également sauvegarder votre partie ou élever vos œufs de grenouille, que vous aurez au préalable acheter à un adversaire battu.
Le graphisme n'a semble-t-il pas été le principal souci des développeurs, le soft n'exploitant absolument pas les capacités de la PS2. Cinq planètes (de feu, de glace, de roche, de métal et enfin la planète Hypnotron) sont au programme mais disons-le tout net, le jeu est moche, les graphismes ont des années de retard, les Sfx sont quasi absents MAIS le tout jouit d'un aspect totalement délirant et plein d'humour qui rend le tout très amusant. Ceci vient en partie du look des personnages qui se situe au niveau du design d'un Playmobil sauce japonaise et qui parvient parfois à soutirer quelques rires de part les expressions des protagonistes ou les mises en situation absolument hilarantes. J'en veux pour preuve la rencontre avec un Panda qui vous défiera dans un duel, l'écran se dotant alors de jauges de vie typiques des jeux de baston, le tout revenant en ordre via la stupéfaction de Scooter demandant alors à son adversaire, résigné, si le tout ne doit pas plutôt se jouer à l'aide d'une partie de Grolf, excellent ! Et tout le jeu est rempli de ce type d'humour, l'auto-dérision étant aussi présente, notamment au sujet du design simpliste des personnages. Bref, le jeu assume son manque de finesse au niveau graphique et question bande-son, le doublage anglais est bien réalisé et totalement dans le ton.
Malheureusement, si le jeu est frais et drôle comme tout, la jouabilité est vraiment trop basique pour qu'on accroche pleinement. En somme, vous devrez uniquement gérer l'achat d'items qui influeront sur les performances de vos grenouilles, choisir l'angle, ou plutôt la courbure de votre tir (pour éviter les obstacles du parcours qui s'ils sont percutés vous feront perdre des points) et gérer la force de votre lancer à l'aide d'une jauge de puissance. Après, le reste est une question de tactique (en calculant vos coups pour avoir un maximum de bonus) et si vous devrez parfois appuyer au bon moment sur un bouton ou agiter le stick de droite à gauche pour vous sortir de situations dangereuses, on fait très vite le tour du gameplay. Ribbit King arrivant un peu de nulle part, on est plutôt surpris de se retrouver devant un pt'it jeu plutôt marrant et disposant de bonnes idées et de beaucoup d'humour. Certes, la qualité graphique n'est pas au rendez-vous et le gameplay est vraiment très basique mais on obtient tout de même un soft agréable à parcourir surtout si vous adhérez à l'ambiance qui ne se prend absolument pas au sérieux !
- Graphismes9/20
Les parcours sont assez nombreux et éparpillés au travers 5 planètes mais leur représentation laisse à désirer. Le design des personnages est kitsch comme tout mais le jeu s'amuse beaucoup de cet aspect-là en le déformant et en s'auto-critiquant. Reste que la 3D est elle aussi complètement cheap et que le jeu a des dizaines de parcours de retard sur ses concurrents.
- Jouabilité9/20
Le gameplay est basique comme tout et hormis la gestion de vos grenouilles et items, les parties en elles-mêmes se résument à doser la puissance de votre lancer et à influer sur la courbure ou la hauteur de votre tir. Un peu limite.
- Durée de vie12/20
Les modes multijoueurs (de 1 à 4 grolfeurs) sont assez moyens et le scénario est bien fichu, via plusieurs cinématiques, une difficulté bien dosée et énormément d'humour.
- Bande son14/20
Le doublage anglais est inspiré et dans le ton, les musiques guillerettes, quant aux bruitages, rien de bien particulier à signaler.
- Scénario13/20
Le mode Scénario est truffé de trouvailles débiles, de personnages loufoques, d'un humour décapant et on se prend bien au jeu.
Un souffle de fraîcheur qui apporte originalité et drôlerie que ce Ribbit King. Maintenant, il est dommage que le gameplay soit si limité et les modes multijoueurs plats et sans réelle consistance. En somme, le titre aurait mérité un peu plus de réflexion dans sa jouabilité pour réellement convaincre. Par contre, son humour reste sa meilleure arme et puisqu'on évolue plaisamment dans le jeu, pourquoi ne pas tenter l'expérience en occasion ?!