Rome Total War vient étoffer la série qui nous avait déjà donné, dans l'ordre, Shogun Total War et Medieval Total War. Et d'après ce que nous avons pu en voir lors de la présentation organisée par Activision, ce nouvel arrivant méritera pleinement son titre infiniment belliqueux en mode multijoueur.
C'est d'ailleurs par cet aspect que nous débuterons notre première visite de ce RTS à tendance wargame. En multi, il ne sera question que de batailles menées faction contre faction, sans aucune notion de construction et de gestion de base. L'hôte de la partie fera le choix du type de bataille, soit "ouverte" soit "siège" où il s'agira de défendre ou de prendre une ville mais surtout, le maître du jeu déterminera la somme dont les participants disposeront pour lever leurs armées. Dès lors, chacun d'entre eux devra décider de la nation qu'il représentera avant de sélectionner ses unités parmi un vivier fort d'une trentaine de spécialistes. Les différents pays possèdent des unités qui leur sont propres. Citons rapidement les Carthaginois et leurs éléphants, les chiens de guerre des barbares ou assimilés (Goths, Gaulois) ou les chameaux des Egyptiens. Il en va de même pour les armes : les peuples du Nord, région boisée, ont une prédilection pour la hache tandis que les Romains et les Egyptiens sont de fervents utilisateurs de l'arc et de la lance. On sent déjà poindre la volonté de faire dans "l'historiquement correct".
A l'arrivée, et selon les ressources financières dont on dispose, on emmène environ une vingtaine de sections sur le terrain. Signalons qu'il est possible d'offrir à ses hommes une forme d'expérience qui les rend plus efficaces face à l'ennemi mais que, bien entendu, cela ponctionne d'autant votre budget. Le terrain choisi joue lui aussi un rôle primordial. Tant qu'elles ne bougent pas, certaines unités peuvent se rendre invisibles dans les hautes herbes d'une savane, les chameaux courront plus vite que les éléphants sur le sable mais seront défavorisés en montagne, les archers sont moins efficaces en forêt, etc. Quand on doit prendre autant d'éléments en compte, on comprendra que la phase de préparation d'une partie en multijoueur de Rome Total War puisse demander un certain temps. Mais que les indécis ou les débutants ne s'inquiètent pas. Certaines étapes comme le choix des unités peuvent être gérées d'un clic par l'ordinateur. Passons aux batailles proprement dites.
Ça commence avec le déploiement de vos troupes, autre prémisse de la tactique que vous allez employer. Les hommes à pied au centre, les armes de siège (balistes, catapultes…) en arrière, les troupes rapides (cavalerie…) sur les flancs, voilà la mise en place la plus courante. On a l'impression de disposer ses pièces avant une partie d'échecs. Entièrement réalisé en 3D Rome Total War pourra afficher environ 10 000 hommes à l'écran. Evidemment, vous ne dirigez pas chacun d'entre eux mais la section dont il fait partie. Les déplacements se font du traditionnel clic droit de la souris sur le terrain. On avance en marchant ou en courant ce qui permet de charger et donc d'influer sur deux autres variables du jeu : l'état physique des hommes et leur moral. Un bataillon frais et dispo à la motivation intacte affrontera sans ciller tous les dangers. Au bout de quelque temps, pour peu qu'ils subissent la charge des cavaliers adverses, ces hommes brisés et épuisés s'enfuiront sans plus écouter vos ordres. Autre exemple : une catapulte qui lance des rochers fera moins peur à ses cibles qu'une catapulte les bombardant de projectiles enflammés. Les adversaires subissant ce déluge de feu deviendront subitement moins impatients d'en découdre. Ajoutez à cela toute une pléthore d'attitudes de combat, comme de demander aux archers de dégainer leurs épées quand ils n'ont plus de munitions, de formations allant de la ligne qu'on tentera de refermer autour d'un bataillon adverse pour l'encercler au carré permettant de mieux résister aux charges de cavalerie.
Vous l'aurez compris, Rome Total War s'annonce comme une référence du wargame. Et nous n'avons fait que décrire le mode multijoueur. En solo, le jeu vous proposera de revivre près de trois siècles de la Rome conquérante, du début des guerres Puniques à l'avènement du Christianisme. La guerre telle que nous l'avons vue aura bien sûr une place prépondérante sur ce processus d'hégémonie européenne. On connaît peu de peuples acceptant de céder sans coup férir leur territoire au premier Caïus venu. Mais il vous sera également possible de préférer la voie diplomatique afin, par exemple d'ouvrir des routes commerciales essentielles à l'expansion de vos cités ou de vous allier avec un autre souverain afin d'aller taper sur un troisième. Cette partie visible de l'iceberg n'empêchera pas les plus viles bassesses telles que l'espionnage ou l'assassinat pur et simple. Une fois son souverain mort, un peuple se déstabilise et devient une proie facile pour qui s'intéresse aux ressources du pays en question… Tous les personnages importants de l'état qui sont vos émissaires sur les champs de batailles ou dans les palais étrangers mènent une existence plausible. Ils naissent et ils meurent. Entre les deux, ils accomplissent les tâches que vous leur imposez et acquièrent de l'expérience dans leur spécialité. Mais attention, là aussi Rome Total War gère le proverbial revers de la médaille. Un général pourra par exemple tirer le meilleur de ses hommes en se montrant avenant et en n'hésitant pas à festoyer en leur compagnie. Problème : à force de lever le coude, il a toutes les chances de devenir un ivrogne et il perdra rapidement toute loyauté de la part de ses troupes qui se démotiveront plus vite au combat. Le mode solo de Rome Total War regorge de petits détails tels que celui-ci et proposera un modèle de gestion économique qui, malgré que nous n'ayons pas pu l'explorer dans ses moindres détails par manque de temps, nous a semblé très complet. Bref, préparez vos toges et vos couronnes de laurier, la sortie de Rome Total War est prévue pour le 08 octobre 2004.