La série des Conflict à toujours su se montrer opportuniste en se pointant au bon moment. Après deux volets consacrés à la guerre du Golfe dont le second est sorti pile poil au moment de la seconde guerre (allant jusqu'à porter le sous-titre subtile de Back To Bagdad aux US), la série profite aujourd'hui du succès actuel de la guerre du Viêt-Nam pour se refaire une beauté.
Le Viêt-Nam c'est le nouvel Eldorado pour les éditeurs. Après nous avoir fait bouffer de la seconde guerre mondiale à n'en plus finir, voilà qu'ils changent leur fusil d'épaule et nous livrent des titres remplis de rock des années 60, de hippies et de G.I's habillés en vert et tout mouillés. Conflict ne déroge pas à la règle et n'hésite pas à faire appel à tous les poncifs d'une oeuvre s'inspirant du conflit, mais également ceux d'un shooter lambda. Le background du jeu est donc centré sur un bleu à la formation médicale qui fait son arrivée sur le terrain ce qui lui vaudra bien entendu toutes sortes de quolibets peu gratifiants. L'une des nouveautés de cet opus est de mettre en valeur le scénario et les personnages. Bien, alors il eut été bon de ne pas focaliser l'histoire sur le type qu'on utilisera le moins dans le jeu, si je puis me permettre. Globalement comme je le disais, Conflict : Vietnam ne s'encombre d'aucune originalité dans son ambiance, c'est bateau au possible et de surcroît mal doublé avec une palme pour ce qui sert de héros au jeu.
Pour le gameplay, on ne change pas une équipe qui gagne (enfin qui gagne...) et c'est du Conflict tout craché. Les Desert Storms n'ont jamais eu l'ambition de se poser comme des références de l'action-tactique mais simplement comme des jeux d'action bien fichus et très linéaires, parfaits pour ceux qui n'ont pas envie de se lancer dans un Ghost Recon ou même un Rainbow Six. On retrouve ici toutes les ficelles habituelles et on serait tenté de résumer en disant que la principale différence c'est qu'au lieu d'avoir des environnements remplis de sable, on crapahute dans les fougères. Mais ce serait aller vite en besogne car de légers changements font leur apparition, tous n'étant d'ailleurs pas les bienvenus.
Le jeu est donc toujours aussi rectiligne, voir même encore plus qu'avant. En tout cas ça se voit plus tant les niveaux prennent des airs de couloirs. Les bases du système d'ordres, elles, non plus n'ont pas bougées et se montrent toujours aussi accessoires dans la mesure où placer ses soldats est souvent plus contraignant qu'utile. Toutefois leur puissance de feu n'est pas de trop lors des séances de gunfights. Le jeu se dote ceci dit d'un système "sensitif" qui permet de donner des ordres contextuels à nos hommes comme aller soigner un blessé, désamorcer un piège, couvrir un autre soldat, etc. L'option permet de déléguer certaines actions et nous évitera notamment de se faire trucider en voulant aller soigner un homme à terre, une mort stupide trop souvent rencontrée dans les autres Conflicts. Une idée fort louable mais qui ne suffit pas à faire avaler le reste.
Bourrins, les jeux de la série l'ont toujours plus ou moins été, mais là, on atteint des sommets dans la discipline. En fait, on retrouve une visée automatique encore plus performante que dans les autres volets. Pas la peine de savoir sur quoi on tire, votre arme le fait pour vous, vous avancez et le réticule bouge tout seul. Autant dire que ça cogite pas des masses. Vous me direz "ben t'as qu'à la couper la visée auto, hé couillon." Et moi je vous répondrais que finalement, quand on la désactive, on est bien embêté pour retrouver les vietcongs. On a affaire ici à 2 types d'ennemis. Les premiers ce sont les fonceurs au cerveau de mouche, bien sauvages. Les seconds, ce sont des campeurs. D'un coup, on vous tire dessus, et ce qui tire c'est un point rikiki qu'on voit à peine au fond de l'écran. Un peu comme si Pivotal Games avait souhaité retranscrire le côté guerilla/ennemi invisible. Seulement c'est raté, ça n'a rien d'angoissant, c'est juste très lourd en fait. Sauf si on laisse la visée auto, là il suffit de promener le réticule dans les fougères et on tombe sur le vilain. On a donc le choix entre le mode ultra-gros boeuf ou le mode ultra-gonflé par le petit machin qui gigote au fond. Dans les 2 cas, l'intérêt a du mal à poindre.
Pourtant, en soi, le jeu respecte la charte de nervosité de la série, le problème supplémentaire c'est que dans la mise en scène de l'action, une fois de plus, on renoue avec des choses bien trop classiques et sans surprises. Les scripts trop gros, la bande-son de piètre qualité (doublage, balance, mix, etc.), tout est là pour qu'on ait vraiment du mal à se passionner et à entrer dans le jeu qu'on traverse l'arme au poing et le neurone au fond du verre avec du Stéradent. Finalement, Conflict : Viêt-Nam aurait dû être plus intéressant que ses grands frères, c'est tout le contraire qui se produit. L'ambiance de la guerre du Viêt-Nam est retranscrite de manière simpliste et sans réelle profondeur. Le gameplay apporte de légères nouveautés bienvenues mais qui sont passent inaperçues à côté du caractère bien trop bourrin et simpliste du gameplay. Un shoot énervé pour joueurs peu regardants.
- Graphismes10/20
Le moteur de Conflict remanié mais vieillissant affiche une jungle pas super convaincante et des modèles 3D qui vont du potable (pour vos hommes) au mauvais (tous les autres.). Les textures sont correctes, de même que les effets. L'animation est par contre loin d'être irréprochable avec un frame-rate peu élevé.
- Jouabilité11/20
Dans le fond, Pivotal nous ressert le gameplay habituel mais dans la jungle et agrémenté d'une ou deux améliorations. Le jeu est pourtant devenu encore plus bourrin et l'intérêt décroît vis à vis des deux autres volets 128 bits. CV demeure un shoot nerveux mais que les habitués du genre vont trouver limité.
- Durée de vie13/20
Le niveau de difficulté n'est pas très élevé et en général on meurt plus par inadvertance qu'autre chose. La progression se fait l'arme au poing et gâchette enfoncée. On enchaîne les niveaux trop vite.
- Bande son9/20
Ouhlà, mais c'est quoi ce brouhaha ? Les voix sont à peine audibles, les effets se bouffent les uns les autres et le doublage est nanaresque. Je dis stop !
- Scénario/
Conflict : Vietnam a vraiment un mal fou à convaincre. Il faut dire qu'il a un sacré dossier sur le dos. Son ambiance est plutôt plate et ne captive guère, l'action est confuse et prévisible, le gameplay ne nécessite qu'un demi-neurone (j'ai réellement joué sans regarder à plusieurs reprises)... Finalement, seul le côté tout de même très dynamique de l'action permet de sauver les meubles et satisfera les joueurs les moins exigeants. Ceux qui attendent un soft inspiré du Viêt-Nam feraient mieux d'attendre le portage du très sympathique Vietcong.