Avant même d'avoir pu y jouer, ou même de l'avoir vu tourner de loin, Fable faisait déjà rêver. Des promesses de révolution et de doux rêves de liberté. Pourtant au fil du temps, les ambitions s'émoussent Fable sera-t-il la révolution attendue du RPG, ou "juste" un grand RPG ?
Si, comme écrivit Corneille : "Le désir s'accroît quand l'effet se recule", vous imaginez notre impatience de mettre enfin la main sur une version jouable de Fable, le RPG signé Peter Molyneux pour la Xbox. Annoncé dès la sortie de cette machine, on peut dire que ce titre se sera fait attendre, perdant en cours de route son titre initial "Project Ego". Dès qu'on leur demandait de parler de leur nouveau bébé, les développeurs (donc Molyneux, instigateur du projet mais aussi Dene et Simon Carter) se lançaient dans une course effrénée au superlatif. Fable devait être le RPG le plus immersif, le plus permissif et le plus créatif qu'on n'ait jamais vu sur consoles. Après quelque temps passé dans le jeu tel que vous le verrez à partir de novembre, un premier bilan s'impose.
Rappelons que Fable vous offre de diriger la destinée d'un personnage durant la majeure partie de sa vie. Enfant, il rêve déjà de devenir un aventurier et cette vocation va se trouver d'autant plus motivée qu'il assistera au massacre des habitants de son village, y compris de son père. Devenu membre de la Guilde des Héros, le personnage apprend différents modes de combat : rapproché à l'épée, à distance avec un arc ou en s'aidant de la magie. A ce niveau, on note l'une des innovations les plus importantes de Fable. En fait, il ne s'agira pas de choisir d'emblée une classe de personnages entre les traditionnels "Guerrier", "Ranger" ou "Magicien" pour ensuite n'utiliser que les capacités spécifiques à chaque spécialité. Ici, on mène les combats de la manière qu'on préfère et chaque victoire amène, comme il se doit, son lot de points d'expérience. A chaque passage de niveau, on distribue ces points dans l'une des catégories disponibles : force, adresse ou magie. Mais comme on ne décide plus de ce que sera notre personnage dès le début, on peut dire que le principe de base de tant de RPG est ici comme inversé. Ce qui le rend d'ailleurs plus réaliste puisque votre héros semble se construire.
Autre point fort du jeu : l'interactivité avec le contexte. Tout ce que fait votre héros influe sur la manière dont les autres le voient. Massacrez un bourg et désormais tout le monde vous fuira ce qui rendra votre quête plus difficile puisque personne ne pourra plus répondre à vos questions ou vous donner des renseignements. Comportez-vous comme un ange, bienveillant envers votre prochain, cherchant toujours à défendre la veuve et l'orphelin et des petits cœurs significatifs apparaîtront au-dessus de toutes les personnes que vous croiserez. Ces changements se traduisent également par l'évolution de votre personnage. Ses cheveux blanchissent avec l'âge et il finira d'ailleurs par les perdre. Plus marquant, si vous décidez de faire le mal, votre peau pâlit peu à peu et votre front s'orne de petites cornes qui ne demanderont qu'à grandir si vous continuez dans cette voie.
Un des systèmes du jeu vous permettra également "d'apprendre" certaines attitudes avant de les utiliser pour résoudre les problèmes qui se présenteront à vous. Les armes ne seront donc pas toujours la seule réponse qu'on attendra de vous. Vous pourrez même vous racheter une conduite, au sens propre du terme. Poursuivi par les autorités pour avoir mal agi, il vous suffira de vous acquitter d'une amende pour que les habitants oublient votre passé douteux. Ce premier contact nous a donc amenés à penser que, sans être la révolution annoncée, Fable sera un grand RPG et devrait entrer au panthéon de la Xbox, au côté de Knights of the Old Republic et autres Morrowind.