Même les meilleures choses cachent parfois une dualité évidente. Dans le cas de Wario Ware, le concept extrêmement audacieux et provocateur mis en place par Nintendo sur GBA ne bénéficie plus de l'effet de surprise qui l'avait favorisé lors de sa sortie. Aujourd'hui, on a bien du mal à se laisser prendre au jeu de ce méli-mélo chaotique d'épreuves insolites mettant à contribution nos réflexes, l'objectif consistant toujours à surmonter une série d'épreuves qui ne dépassent pas les trois secondes de jeu et qui s'enchaînent rapidement. Lors de l'annonce par Nintendo d'une version 128 bits de Wario Ware, on s'attendait à du grand, du très grand. Mais le moment venu, ce titre nous laisse comme une désagréable impression de déjà-vu.

Loin de moi l'idée de remettre en cause l'originalité du concept de Wario Ware. Il vous suffit d'ailleurs de relire le test de l'épisode GBA pour comprendre que je fais partie des plus fervents défenseurs de ce titre. Pourtant, il apparaît évident que la plupart des joueurs qui s'étaient mis à genoux devant la version portable resteront de marbre face à ce portage pur et simple du jeu original, exception faite du multijoueur.

Je vais même confirmer le sentiment d'angoisse qui vous traverse probablement l'esprit à la lecture de ces quelques lignes. Oui, cette version GameCube comporte bien 200 épreuves délirantes, mais ce sont les mêmes que sur GBA. C'est-à-dire que non seulement la réalisation, déjà très pauvre sur GBA, est identique (ce qui d'ailleurs ne dessert pas le jeu mais au contraire lui donne sa touche graphique caractéristique), mais surtout que les mini-jeux sont tous déjà connus par ceux qui ont joué au soft original. De plus, je ne crois pas trop m'avancer en disant que le concept se prête davantage au jeu sur console portable que sur console de salon, ce qui nous laisse finalement très peu de raisons de nous tourner vers ce portage GameCube.

Les raisons, les voici. D'abord il y a le fameux mode multijoueur. Wario Ware comporte ainsi plusieurs types de compétitions qui, vous allez le voir, ne sont finalement pas très différentes. Dans tous les cas, on se retrouve toujours à jouer alternativement aux mêmes épreuves qu'en solo, à cela près que des règles viennent pimenter quelque peu le déroulement de la partie. Par exemple, celui qui ne joue pas pourra se déplacer sur l'écran pour cacher la vue à son adverse, ou alors les joueurs devront faire en sorte de passer la main aux autres avant qu'une bombe n'explose à l'écran. Finalement, ces règles n'apportent rien de révolutionnaire au concept de Wario Ware, mais c'est surtout le fait d'avoir l'opportunité de se réunir jusqu'à quatre joueurs devant son écran qui est intéressante. Quant à la possibilité d'utiliser la GBA en guise de manette, on aurait aussi bien pu s'en passer. Remercions tout de même Nintendo de ne pas nous l'avoir imposé ! L'autre bon point en faveur de Wario Ware sur Gamecube, c'est son prix. A 30 euros, soit deux fois moins cher qu'un jeu lambda, ce simple portable devient sans doute un peu plus attractif.

Je crois que vous aurez compris que ce titre n'aura pas vraiment créé l'émeute au sein de la rédaction. Entre les fans du jeu original, désabusés par l'absence de nouveautés, et ceux qui restent de marbre devant le concept lui-même, on s'est longtemps demandé si Wario Ware méritait la moyenne. Finalement, j'ai pris le parti, puisque le verdict m'incombe, de couper la poire en deux avec une mise en garde qui se traduit par un 12/20. Si Wario Ware demeure toujours le soft audacieux et désopilant qu'on a connu sur GBA, on ne peut guère conseiller à ceux qui connaissent l'opus original de se le procurer sur GameCube, le multijoueur constituant la seule nouveauté du soft qui se contente par ailleurs de reprendre exactement les mêmes mini-jeux. Pour les autres, l'acquisition de cette "nouvelle"version peut être justifiée à condition de garder à l'esprit que le concept très particulier du jeu pourra aussi bien vous rendre fou que vous laisser de marbre, et qu'il est plus intéressant d'y jouer à plusieurs.