Que diriez-vous d'aider le juge Gooka à récupérer son fils et sauver sa femme d'un mal inconnu ? Ca vous dit ? Et bien bienvenue dans Gooka : Le Mystère de Janatris, un jeu heroic fantasy où le héros dispose de pouvoirs télépathiques et peut entrer dans les rêves des gens. Si ce scénario vous dit quelque chose, c'est normal car le jeu est inspiré du livre Gooka et Yorimar de Vlado Risa. Hélas, nous allons voir que c'est une bien mauvaise adaptation de l'oeuvre littéraire.
Gooka : Le Mystère de Janatris devait être un jeu d'aventure d'après les communiqués de presse, le site officiel et même la boîte du jeu, mais en commençant une partie on se rend vite compte qu'on lorgne très fortement vers le jeu de rôle. Plusieurs aspects font penser à cela. Tout d'abord, votre personnage dispose de statistiques : force physique (influant sur la puissance de vos coups), force psychique (qui définit la qualité de vos sorts), santé (la vie dont vous disposez) et vitesse (je ne vous ferais pas l'affront de vous préciser à quoi cela sert). Evidemment, on voit tout de suite que c'est beaucoup moins complet que dans un Neverwinter Nights par exemple, surtout que l'on ne créé pas son perso au début du jeu : il est imposé. Tout juste peut-on privilégier la puissance physique ou mentale pendant les combats grâce à une jauge : lorsque vous voulez lancer un sort, il faut faire en sorte d'avoir une forte puissance psychique, alors que lorsque vous voulez utiliser une arme, mieux vaut vous doter d'une bonne puissance physique. Pour améliorer les caractéristiques par défaut de Gooka, c'est très simple. En fait, si vous utilisez surtout des attaques pendant une bataille, c'est votre force qui augmentera, si vous utilisez des sorts, c'est votre magie, et enfin, si vous êtes souvent blessé c'est votre santé qui s'améliorera. Ce dernier point est assez étrange. En effet, il implique que si vous voulez avoir beaucoup de points de vie, il faut vous faire toucher : paradoxal.
Les combats font aussi penser à un RPG. Ceux-ci se déroulent en tour par tour. Lorsque c'est à vous de jouer, vous sélectionnez une cible et un coup ou un sort parmi la liste qui s'affiche en bas de votre écran. Il est aussi possible de se refaire une santé grâce à des potions ou à la méditation et bien sûr, d'influer sur votre jauge puissance physique/mentale. Mais dans ces deux derniers cas, vous ne pouvez alors plus attaquer le monstre car votre tour sera déjà utilisé. Même si ce système à déjà fait ses preuves dans bien des jeux, il est ici très mal exploité car les coups et les sorts disponibles sont vraiment trop peu nombreux. On se retrouve donc souvent à faire la même chose ce qui fait que les combats se ressemblent tous. L'acquisition de compétences supplémentaires ne se fait pas en gagnant des niveaux, mais en accomplissant certaines tâches prédéfinies. Gooka a alors le choix entre plusieurs aptitudes physiques ou psychiques et choisi celle qu'il souhaite acquérir.
L'inventaire fait lui aussi penser à un jeu de rôle. Outre les objets nécessaires à la réussite de certaines énigmes, on trouve aussi les armes que vous possédez. Et je dis bien les armes, en effet il n'y a aucune armure, ni bouclier, ni amulettes... Et question variété des armes on n'est pas non plus très bien servi vu qu'il n'y en a que 11 ! Bref, le côté jeu de rôle aurait mérité d'être développé, parce qu'en voulant faire un mix aventure-RPG les développeurs s'exposent à simplement survoler les deux genres et à ne contenter personne. Et c'est bien ce qui se passe en l'espèce, car même si dans le jeu les énigmes sont bien présentes, elles sont bien trop classiques et empreintes de clichés pour vraiment intéresser les inconditionnels. Toujours est-il que vous pouvez régler leur difficulté dans les options. Ainsi, les indications seront nombreuses en facile et les puzzles simplifiés. Mais globalement, l'aspect aventure est tout aussi bâclé que l'aspect RPG. Les énigmes sont totalement inintéressantes : on est très, mais alors très loin d'un Myst sur ce point. Côté réalisation, on n'est pas en présence d'un chef d'oeuvre. Les graphismes semblent venir tout droit de la fin des années 1990 avec leur cortège de textures grossières, de décors cubiques et d'effets de lumière inexistants. Quant au son, ce n'est pas non plus la joie : les musiques sont fades, et les effets sonores quasi absents. Bref, on a beaucoup de mal à s'immerger dans cet univers et Gooka : Le Mystère de Janus n'arrive pas à nous faire ressentir le moindre plaisir. Lacunaire dans tous les domaines, il terminera sa carrière dans les profondes oubliettes du jeu vidéo.
- Graphismes5/20
C'est bien simple on croirait être en présence d'un jeu sorti à la fin des années 1990 : c'est moche, cubique, les effets de sorts sont risibles et les textures grossières.
- Jouabilité4/20
Le système de combat au tour par tour est vraiment très mal pensé, surtout que les coups et les sorts disponibles sont peu nombreux. En outre la jouabilité des phases d'exploration est pénible à cause des angles de caméra souvent très mal placés et de la grande linéarité de la progression. Pour couronner le tout, les quelques énigmes présentes sont totalement inintéressantes.
- Durée de vie5/20
La campagne solo du jeu est d'une longueur bien inférieure au standard actuel des jeux de rôle. Et en plus, on ne peut pas vraiment personnaliser son personnage ce qui fait que la rejouabilité est nulle.
- Bande son5/20
On dirait que les musiques ont été composées et jouées avec les pieds tellement elles sont sans personnalité et sans saveur. Quant aux bruitages, ils sont rares et mauvais.
- Scénario5/20
Si vous voulez savoir ce que peut donner un mauvais scénario heroic fantasy, vous êtes au bon endroit ! La mise en scène de ce Gooka est minable.
Suite d'un obscur jeu d'aventure sorti en 1997 (mais jamais édité dans nos contrées), Gooka : Le Mystère de Janatris est un bel exemple de ce qui se fait de pire actuellement dans le domaine des jeux de rôle-aventure. Que ce soit du point de vue du background minimaliste, des graphismes qui ont 5 ans de retard et du gameplay totalement insipide, le jeu fait très fort pour nous convaincre qu'il n'a absolument aucun intérêt.