Fin d'année 2001 sur une console nommée Dreamcast, nous découvrions la nouvelle bonne surprise de Sega. Son nom : Headhunter, son héros : Jack Wade. Fort du succès de ce titre, Sega eut la bonne idée de porter le jeu sur PS2, avant de travailler sur une suite. Aujourd'hui, l'instant de la rédemption est enfin là et c'est avec plaisir et appréhension que nous retrouvons Jack dix ans plus tard.
Ceux qui ont joué à Headhunter premier du nom s'en souviennent, le scénario constituait incontestablement l'un des points forts de ce titre. Chasseur de primes amnésique traqué par ses pires ennemis, Jack Wade partageait la vedette avec une certaine Angela Stern qui tentait de retrouver l'assassin de son père. Une fois cette mission menée à bien, Headhunter : Redemption nous apprend comment Jack fut amené à liquider le père d'une gamine de 6 ans et à épargner la vie de la petite. Dix ans plus tard, Leeza X, puisque tel est son nom, apprend la vérité et devient l'apprentie de Jack Wade dans un monde plus que jamais en proie au chaos.
Les événements terribles ayant frappé la ville ne se comptaient plus. Décimée par un virus, terrassée par un tremblement de terre, la population mit en place deux mondes distincts : Above, métropole ultramoderne bâtie dans les hauteurs, et Below, vaste réseau de colonies souterraines où vivent les indésirables. C'est ici que sont parfois envoyés les Headhunters, principaux représentants de l'ordre de Above, pour appréhender les criminels. C'est un Jack Wade plus mature que l'on découvre alors, arborant un look à la George Clooney mais qui semble n'avoir rien perdu de sa soif de justice. La jeune Leeza X paraît du coup bien terne à côté, mais c'est pourtant elle que l'on contrôle la plupart du temps, surtout au début du jeu.
Les fans du premier volet auront d'ailleurs d'autres raisons de se plaindre, puisque la belle Angela Stern ne fait plus partie des personnages jouables. Elle aussi semble avoir pas mal vieilli en dix ans. Les cheveux grisonnants relevés en chignon, elle dirige désormais d'une main de fer la Stern Corporation et n'a plus les mêmes idéaux que Jack. Autre disparition, les phases à moto. On se souvient que ces séquences-là constituaient l'une des principales caractéristiques du premier Headhunter, malgré une jouabilité largement perfectible. Un souci qui a été vite résolu par l'équipe de développement puisque, au lieu d'améliorer ces phases, elles ont purement et simplement disparu.
Le soft semble également avoir subi un changement d'orientation au niveau de la progression, avec davantage de phases de recherche et la présence d'énigmes à la Fear Effect. Sans doute, un peu moins tourné vers l'action, Headhunter : Redemption se révèle aussi plus difficile. Il faut dire que le système de visée n'est pas un modèle de précision, et on a beau disposer de techniques d'esquives et de discrétion, on est souvent contraint de s'exposer aux tirs ennemis pour venir à bout de ses adversaires. Autant dire que les gun-fights ne sont pas toujours très plaisants, même si le système de jeu intègre quelques bonnes idées. On peut par exemple recourir à une injection d'adrénaline pour stimuler le système nerveux afin d'améliorer la résistance de son personnage aux blessures physiques. La carte est toujours aussi indispensable et on dispose d'un scanner appelé IRIS qui permet d'analyser divers objets ou portions du décor pour en retirer des informations. Un outil qui révèle son utilité tout au long du jeu.
Dans l'ensemble, si l'on retrouve assez l'esprit du premier opus, Headhunter : Redemption apporte de nouveaux éléments qui ne se révèlent pas suffisamment efficaces pour compenser les modifications opérées. Un scénario moins prenant, des personnages moins charismatiques, des poursuites en moto absentes, des gun-fight d'une précision douteuse et une difficulté accrue, voilà qui pourrait faire hésiter même les inconditionnels du premier volet. Le retour de Jack Wade ne sera sans doute pas aussi mémorable qu'on aurait pu l'espérer.
- Graphismes15/20
Les graphistes ont opéré un changement de style, ajoutant un effet visuel artistique très efficace qui contribue à l'ambiance pesante du jeu. Dommage que les environnements soient si peu variés et si classiques dans leur composition.
- Jouabilité13/20
Le gameplay comporte de bonnes idées mais aussi pas mal de petits défauts. Outre l'absence totale de phases en moto, l'action est souvent gâchée par une manque de précision gênant au niveau des gun-fights. Les énigmes se font plus nombreuses et l'action moins prenante.
- Durée de vie14/20
Le jeu comporte un total de 14 missions pour une dizaine d'heures de jeu au total. La progression s'avère toutefois relativement ardue et pas forcément motivante.
- Bande son13/20
Les musiques tendent parfois vers l'épique, ce qui rappelle certains thèmes du premier volet, mais l'ambiance reste dans l'ensemble très classique.
- Scénario13/20
Pris seul, le scénario de Headhunter : Redemption semble assez riche, mais ceux qui connaissent l'efficacité scénaristique du premier volet resteront sur leur faim.
Là où le premier Headhunter avait su créer la surprise et se forger une bonne réputation auprès des joueurs, Headhunter : Redemption risque de décevoir non seulement les fans du premier volet qui déploreront les changements opérés et notamment l'absence de phases en moto, mais aussi les amateurs de jeux d'action en général qui n'y trouveront pas grand-chose de très innovant. A croire que Jack Wade commence à se faire vieux.