Qu'il semblait loin le temps où les jeux issus de licences télé ou ciné ne valaient rien. A force de nous gaver avec des produits aussi beaux que fun à jouer, Electronic Arts était parvenu à nous faire oublier qu'il n'y a pas si longtemps encore, on voyait d'un très mauvais oeil l'arrivée sur consoles d'une licence de cinéma, de comics ou des deux à la fois. En commençant à jouer à Catwoman, tous ces vieux souvenirs ressurgissent d'un coup, comme de vieux cauchemars qu'on aurait aimé ne plus jamais vivre. On se souvient alors de tous ces produits bâclés, sortis trop tôt dans l'unique but de profiter du buzz qui se créé autour des films dont ils sont tirés. Voilà donc Catwoman qui vient à point nommé pour accompagner la sortie en salles du long métrage du même nom. Dans le rôle titre, une certaine Halle Berry. Un facteur non négligeable dans la course aux dollars que n'a pas manqué de reprendre Electronic Arts en la modélisant à la perfection et en reproduisant fidèlement son déhanché, véritable point fort du jeu (c'est dire l'intérêt de tout le reste...).

Impossible de savoir ce qui est passé dans la tête de EA pour nous livrer une telle daube. L'hypothèse la plus logique semble que l'éditeur ai voulu copier le succès remporté par un certain prince de Perse, en développant un titre à la va-vite sans prendre le temps de vérifier si l'ensemble était cohérent et maniable. La seule préoccupation des développeurs se serait résumé à rendre leur produit aussi esthétique que possible. De ce côté-là, on peut dire que c'est réussi. La Catwoman virtuelle est de toute beauté. Malgré le costume ridicule dont elle est affublée (quelle drôle de design tout de même), ses animations félines sont suffisamment souples pour rendre justice à son animal fétiche. Les décors sont également bien sympathiques. L'effet de brillance, appliqué un peu partout, semble tout droit sorti de Need For Speed Underground. Ce-dernier ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais il donne une ambiance visuelle bien particulière qui pourra en charmer plus d'un. Par contre, un petit bémol concernant les personnages secondaires, les ennemis et les cut-scènes viennent rabaisser le niveau graphique du titre. Etonnant de constater cela dans un produit Electronic Arts qui a tout de même pour habitude de nous régaler les rétines de bout en bout.

On pourrait largement passer outre ces graphismes inégaux si Catwoman ne traînait pas derrière elle un sacré paquet de défauts plus gênants les uns que les autres et tous liés à la maniabilité. Pour reprendre la comparaison avec Prince Of Persia, Catwoman est capable d'effectuer pas mal d'acrobaties au sol, de s'accrocher aux murs et de se balancer à des barres. Cela dit, aucune de ses actions ne s'effectue facilement et instinctivement. D'une part, le choix des touches de la manette est fait très bizarrement (pratiquement tout se passe avec les gâchettes), d'autre part les caméras ne font rien pour nous montrer le droit chemin (caméras que l'on ne peut pas contrôler, bien évidemment). Tous les plans sont fait de cadrages cinématographiques, de plongées et de contre-plongées, délaissant complètement le côté ergonomique auquel on est en droit de s'attendre, à fortiori dans un jeu où la plate-forme tient un rôle majeur. Dans Catwoman, on se retrouve souvent suspendu à un mur, sans voir où il faut sauter puisque forcément, la prochaine destination se trouve dans notre dos. Et puis même lorsque par hasard, la caméra a la bonne idée de se tourner dans la direction souhaitée, la jouabilité complètement ratée vient s'en mêler. Un coup, le saut n'est pas assez puissant, un coup, il l'est trop. Bref, c'est du grand n'importe quoi, et je ne vous parle même pas des combats où il faut tout faire pour envoyer valdinguer dans des poubelles, des ennemis stoïques comme tout.

Non, il n'y a décidément rien à faire. La beauté de l'héroïne ne nous aveugle pas au point de ne pas voir qu'elle est complètement indomptable. Si vous appréciez le système "je recommence 27 fois la même séquence avant de comprendre que je ne le passerai qu'avec un gros coup de bol", alors il est possible que Catwoman vous plaise. Mais là je crains que l'on ne s'adresse qu'à une toute petite niche de joueurs, plus restreinte encore que l'amical de la choucroute basque (un sport mélangeant choucroute et pelote basque, pas intéressant pour un sou, mais très spectaculaire). Nous, on se passera volontiers de cette chatte ridicule dans son accoutrement en cuir.