S'il est un point sur lequel on ne peut pas blâmer EA, c'est bien sur la qualité de ses jeux à licence. L'éditeur nous a habitué ces derniers temps à soigner ses jeux dès lors qu'ils portent une mention cinématographique quelconque. Catwoman est là pour nous rappeler que toute règle a ses exceptions. Et elle le fait bien.
Avec Catwoman, Electronic Arts renoue avec la bonne vieille tradition de la licence cinéma et nous sert une classique bouse bien opportuniste. Quelque part, Catwoman c'est un peu comme si Davilex avait développé un clone de Prince Of Persia. Difficile de croire que l'on est bien ici face à un jeu EA, car on peut leur reprocher beaucoup de choses, mais quand on voit l'allure d'un Seigneur Des Anneaux, on ne peut qu'admettre qu'il est l'un des seuls éditeurs à ne pas se contenter d'un nom pour vendre un jeu. C'est finalement à se demander si la qualité du titre n'est pas directement fonction de la qualité du film.
Ce n'est pas tant que le jeu soit buggé ou esthétiquement immonde, non, mais il est totalement injouable, pour faire simple, on dira que c'est une véritable insulte à l'ergonomie. Oubliez le jeu au clavier qui se montre tellement ignoble que je le soupçonne d'être mentionné dans les livres de l'Apocalypse. L'idéal sera de brancher un pad PS2 via un hub USB. Mais même avec l'ustensile, la maniabilité reste catastrophique. Le gameplay de Catwoman se présente comme un PoP-like. Les niveaux sont en conséquence une succession de petites zones que l'on traversera en s'accrochant aux murs, sautant sur un grillage, le tout avant de lancer son fouet sur un bidule qui nous permettra d'atteindre une barre sur laquelle on prendra son élan pour retomber derrière un autre mur. Et là, surprise on se bat.
Avant même d'en arriver au vrai, au grave problème du jeu, je peux déjà en noter d'autres comme son obstination à fourrer des scripts complètement débiles dans tous les coins. Voilà qu'il faut faire exploser un tonneau au fond de la cour pour que la grille s'ouvre de l'autre côté !? Gné ?? Vous avez dit absurde ? Et il en va de même pour les combats puisqu'on doit latter les ennemis de manière à les projeter dans un élément du décor, au hasard, une poubelle, celle-ci se refermant et vous ouvrant un nouveau chemin.
D'ailleurs, bravo pour le level design super inspiré et ses grosses ficelles bien voyantes. Chacun appréciera à sa façon le fait qu'on se retrouve contraint à faire un détour immense pour aller de A à B, quand tout ce qui les sépare, c'est une infranchissable gouttière en zinc. Ah ben oui quand même, une gouttière.
Mais encore, cela on pourrait s'en accommoder. Seulement voilà Catwoman est probablement l'un des softs les plus injouables de ces derniers mois, un titre absolument horripilant ou tout concourt à vous faire exploser le pad et la petite veine qui palpite sur votre tempe. Cette nouvelle héroïne vêtue comme une maîtresse de donjon SM (oui, en plus c'est ultra-classe) a 3 types d'actions possibles. Commençons par le fouet, qui fonctionne dans 4 directions, attribuées aux boutons du pad. Ce dernier servira aussi bien à se battre qu'à se suspendre mais son utilisation est confuse au possible. En plein saut, il sera fréquent de rater le lancer. Mais c'est encore ce qui marche le mieux dans le jeu, étonnamment. Le mode combat est déjà plus tortueux. Il faut ici maintenir la touche "accroupi" tout en manipulant les touches de combat, qui elles aussi sont directionnelles, une pour l'avant, une autre pour l'arrière etc. Encore une fois, c'est un pur bonheur et on se retrouve à frapper dans le vide comme un idiot en se faisant courir après par des ennemis qui sont eux aussi assez peu subtils. Les affrontements sont donc hautement stimulants.
Pourtant, là encore, ce n'est pas le vrai fond du problème (ah on est surpris là). Ce qui rend Catwoman résolument minable et pas simplement mauvais c'est la conjugaison subtile de sauts "approximatifs", de contrôles imprécis et de caméras lamentables. On passe ici un temps conséquent à jouer les acrobates. Mais pour faire cela correctement, encore faudrait-il avoir une caméra décente qui adopte des angles de vues qui permettent... de voir ! Ici, la plupart du temps, on ne voit ni où on doit aller, et encore moins comment tant qu'on a pas fait 5 tentatives de sauts infructueuses. N'allez cependant pas croire que vos ennuis soient terminés uniquement parce que vous savez où vous allez Ah, ah, vous me faites bien rigoler bande de petits êtres naïfs. Non, maintenant il faut y aller. Et c'est là que l'on se rend compte que cette idiote de chatte est limite impotente finalement. D'abord, dès qu'on saute trop près d'un mur, il faut qu'elle s'accroche dessus, ce qui donne rapidement envie de lui filer des claques à cette gourde. Par contre, bien évidement, il suffit que l'on veuille qu'elle s'accroche pour qu'elle tombe. Tomber est en fait l'activité principale de Catwoman. On attendait un personnage gracile, une femme pleine d'élégance féline, en fait, elle rappelle plutôt un vieux poulet qui se lancerait bêtement contre mur et irait s'écrouler comme un vieux flanc 10 mètres plus bas dans une ruelle sombre. Enfin un poulet habillé en cuir quand même, c'est plus classe.
Non seulement on a du mal à savoir si la "belle" va coller ou non à la paroi, mais en plus le moindre saut au-dessus du vide est un calvaire à effectuer. D'abord, l'orientation des sauts est incroyablement pénible à définir et même un malheureux saut en ligne droite est un calvaire qui se conclura souvent par une chute. Poulet-style donc. Les contrôles sont de manière générale d'une imprécision redoutable et d'une raideur déplaisante. Alors c'est fatal, lorsque l'on manoeuvre en haute altitude, entre un parapet et un poteau de téléphone, jongler avec des contrôles brouillons et un angle de caméra qui cadre plus le fil du téléphone ou éventuellement les fesses de l'héroïne que le plan de l'action, c'est pas évident. Résultat on saute, et on n'a pas la moindre idée de ce vers quoi on s'est projeté. Le vide 1 sur 3. Et c'est reparti, plus qu'à se taper de nouveau la séquence.
Pour ce qui est de la réalisation, Catwoman fait dans le simple. Le minimum syndical pour qu'on puisse le qualifier de joli. Des textures correctes et une animation des personnages assez détaillée. Ce qui n'est pas forcément le cas des modèles 3D dont on flaire vite l'origine console. Les cinématiques sont pour leur part très moyennes et recouvertes d'un flou pas artistique mais plutôt là pour arrondir les angles.
En bref, avec Catwoman, EA nous gâte en nous servant une soupe parfaitement imbuvable qui m'a personnellement filer un ulcère. Dans le genre super-héros, on se jettera plutôt sur le récent Spider-Man 2, certes moins beau, mais nettement plus fun.
- Graphismes14/20
Plutôt joli, le jeu fait toutefois dans le simple, pas d'effet bluffant, mais un rendu graphique correct.
- Jouabilité5/20
Cherchez des antonymes à maniabilité ou ergonomie, vous tomberez sur Catwoman. Une véritable plaie. On se demande comment EA a pu laisser sortir un jeu pareil.
- Durée de vie5/20
Le jeu étant impraticable, on met 2 heures pour avancer de 3 pas, alors forcément dans l'absolu il faut un moment pour en venir à bout. Dans la pratique, on a envie de briser les CD du jeu en miettes au bout de 10 minutes
- Bande son10/20
Le doublage est assez bon mais on signalera tout de même que la voix suave de Catwoman qui passe son temps à faire des commentaires inspirés peut vite fatiguer. Pour ce qui est des effets in-game, l'ambiance se veut cinématographique et y parvient plus ou moins. Les cut scenes sont par contre complètement creuses d'un point de vue sonore, à se demander si quelqu'un n'a pas oublié d'intégrer les SFX.
- Scénario/
Après nous avoir agréablement surpris avec des licences soignées, EA s'en revient aux bonnes vieilles habitudes. En dépit d'une réalisation correcte, bien que faiblarde sur PC, Catwoman atteint un rare niveau de médiocrité en termes de maniabilité, se posant comme un véritable anti-Prince Of Persia. A fuir, vite, très vite.