S'il faut reconnaître une qualité à la petite console de Sony, c'est bien sa témérité légendaire et son courage homérique face à ses adversaires pour qui la qualité graphique n'est qu'une donnée à gérer simplement. En effet, comment rivaliser contre les géants que sont la Xbox et le PC, lorsque l'on ne peut soutenir la comparaison techniquement parlant ? Le remède est une hargne avide qui octroie même aux plus faibles le droit de siéger au festin des plus imposants. En espérant que Toca Race Driver 2 conserve le même goût.
Pour commencer, je tiens à signaler que le démarrage n'a pas été optimal avec cette version preview, tout simplement à cause de la suspicion ambiante chez les éditeurs, qui nous proposent des copies toujours plus protégées, aboutissant à des jeux de pistes dispensables, quand il ne s'agit pas d'un dysfonctionnement général. Fort heureusement, la plupart dispose d'un personnel très compétent, apportant une aide notable, mais qui n'a peut-être pas que ça à faire. Après une manipulation digne d'un King Of Fighters, on se retrouve enfin devant ce que tous les fans de Toca, adeptes de PS2, attendaient de pied ferme, à savoir l'adaptation de ce dernier sur leur machine adulée.
Ressenti comme libération, ce fait rassure l'ensemble des frustrés du volant (ce n'est pas péjoratif), encore sous le choc de l'annonce de la sortie du titre uniquement sur la boîte noire de Microsoft et sur PC. Mais dans sa grande mansuétude, Codemasters nous place devant les yeux cette mouture "allégée", propice à une passionnante implication. Je rassure tout de suite les plus inquiets, vous retrouverez exactement les mêmes modes de jeu que ceux présents chez ses deux illustres grands frères, à savoir la gestion d'une carrière professionnelle d'un côté, et un ensemble de championnats thématiques de l'autre côté, incluant également un très classique time-trial. La première option se révèle bien évidemment la plus complète et par la même digne d'un intérêt indéniable, apportant un fond non négligeable à un soft qui pourrait toutefois presque se suffire à lui-même. Vous plaçant dans la peau d'un jeune freluquet conduisant une magnifique Ford GT 40 en direction des stands après une course peu fameuse, le titre vous met ensuite en contact avec votre "coach" qui vous soumet une riche idée, celle de vous engager afin de consacrer vos talents qui pour l'instant ne se sont pas (du tout) développés.
Vous allez ainsi devoir participer à de nombreuses compétitions dans le but de valoriser votre écurie en remportant de l'argent et de vous concevoir une notoriété. On peut d'ores et déjà féliciter Codemasters pour le nombre d'épreuves différentes mises à notre disposition, dans une diversité intelligente. Au volant d'une Formule Ford nerveuse et légère, d'un camion à la lourdeur écrasante, ou d'une Subaru sur des pistes verglacées, il faudra vous adapter à chaque occurrence à une nouvelle maniabilité et à un rapport de force dissemblable. Le plus étonnant est que l'ensemble reste agréable à prendre en main de manière équitable (bien que les camions et les Formules Ford soient un peu délicats à manoeuvrer au début), additionnant des plaisirs divers tout en conservant les spécificités.
Je vous recommande de ce fait chaudement (ce n'est pas un jeu de mots fallacieux) les épreuves se situant dans des landes glacées, où vous devrez tout miser sur la glisse. Accessible et jubilatoire sont les maîtres-mots. D'autre part, une fois que vous aurez terminé votre carrière aux multiples embranchements, rien ne vous empêchera de continuer votre progression dans le second mode principal, au sein duquel vous devrez concourir via des compétitions thématisées. En fait, chacune correspond à un type de véhicule, allant de ceux dépendant de moteurs V8, aux lourds 4x4, en passant par de puissants Pick-up, et adapte le terrain en conséquence. Une chance de peaufiner ses acquis pour les acharnés de la performance.
D'un point de vue graphique, on craignait en silence que la PS2 implose sous les assauts incessants des polygones. Et bien rira bien qui rira le dernier, comme disait le schtroumpf grognon à Gargamel avant que celui-ci ne l'ingère. En effet, cette mouture Playstation se révèle étonnamment fluide et sérieusement de qualité. La modélisation des automobiles et autres bolides s'avère fort correcte, permettant à un moteur physique de s'exprimer pleinement dans un équilibre flagrant. Il est d'ailleurs agréable de retrouver les sensations que l'on avait expérimenté sur les anciens volets, imbriquant précision et enthousiasme. Mais ce ravissement ne masque pas l'énorme défaut de cette preview, à savoir la présence d'un aliasing digne des premières productions oeuvrant sur la console ébène de Sony. Espérons que cette lacune sera réglée dans la version finale, car cela devient rapidement désagréable pour nos petits yeux humides au bout d'un certain temps. De même, le tout souffre d'un dépouillement majeur, les développeurs ayant invisiblement dû sacrifier nombre de détails afin que le moteur de jeu puisse s'exprimer sans provoquer trop de ralentissements. Néanmoins, on ne peut que se réjouir à la vue d'une gestion des dégâts réaliste et arborant une localisation maîtrisée. Nul doute que vous réfléchirez à deux fois avant de vous jeter à 200 km/h dans une rambarde innocente. L'environnement sonore est quant à lui des plus crédibles, et aboutit à une immersion du joueur total, rythmée par les bruits de moteurs et les échos lointains de voitures vous suivant.
Au final donc, et dans une volonté de corriger un tant soit peu les errances résidant sur les versions concurrentes, il serait également judicieux d'améliorer les transitions entre des courses de nature complètement étrangère. Par exemple, pourquoi ne pas proposer un tour d'essai avant de débuter une épreuve mettant en scène un véhicule à quatre roues motrices, alors que le joueur vient juste de terminer une joute au volant d'énormes Trucks ? Cela faciliterait la prise en main immédiate, et éviterait de pousser le pauvre pilote à être forcé de recommencer. Dans un même ordre d'idée, souhaitons que l'I.A peu convaincante soit amplement remaniée, afin de ne plus voir des fous dangereux se lancer contre des murs en béton intentionnellement. Pour autant cette première impression est plutôt positive, et rassure sur l'adaptation opérée par Codemasters. Si tous les écueils évoqués sont réglés d'ici la sortie, gageons que nous aurons à faire à un titre majeur, tout autant que ses prédécesseurs. Une dernière petite chose cependant, il serait éclairé de proposer quelques ajouts inédits dans le but de ne pas se trouver devant un simple portage. Le mois d'octobre arrive bientôt, patience.