"Silencieux comme le serpent, mortel comme le scorpion", voilà quelle sera votre premier contact avec Gorky Zero : Beyond Honor. Cette phrase est en effet inscrite sur la boîte du jeu. Outre le rire qu'elle déclenchera probablement chez vous, elle veut aussi bien dire ce qu'elle veut dire : on a affaire à un jeu d'infiltration dans la lignée d'un Metal Gear Solid ou d'un Splinter Cell.
Hélas, même si ces deux références peuvent paraître flatteuses, on s'aperçoit bien vite en jouant que Gorky Zero est très inférieur à ces deux séries vidéo-ludiques à succès. Déjà, lorsqu'on commence une partie, le tutorial très simpliste révèle d'emblée la pauvreté du gameplay. En fait, on est très loin des nombreuses possibilités d'un Sam Fisher. Pour les déplacements, trois possibilités s'offrent à vous. Outre la marche et la course, un mode silencieux permet de diminuer le bruit que vous faites en vous déplaçant. Ce bruit est d'ailleurs illustré sur l'écran par un cercle bleu sur le radar qui s'élargit lorsque vous courez ou lorsque vous tirez (logique, vous faites alors un vacarme assourdissant). Pour ne pas qu'un ennemi vous entende, il faut qu'il reste en dehors de ce cercle bleu, sinon, il n'hésitera pas à vous tirer dessus. D'ailleurs, une des seules bonnes idées du jeu est qu'il affiche à tout moment sur le radar le mode de déplacement dans lequel vous vous trouvez : un carré pour le furtif, un triangle pour la marche et deux pour la course. Et il faut bien avouer que c'est très pratique et que l'on aimerait voir cette option reprise dans d'autres jeux du même type.
Mais continuons d'explorer les possibilités de Gorky Zero en parlant de l'angle de caméra. Par défaut, vous voyez l'action de 3/4 dos, une sorte de vue isométrique en quelques sortes. Hélas dans certaines situations, vous ne manquerez certainement pas de remarquer que la caméra est un peu trop proche de l'action. Un peu d'altitude à l'angle de vue aurait certainement donné au joueur une meilleure perception de la situation et aurait permis d'anticiper un peu plus, ce qui est primordial dans un jeu d'infiltration. L'autre caméra disponible est un peu plus classique puisqu'il s'agit tout simplement de la vue du dos du personnage en troisième personne. Hélas, si cette vue est pratique pour viser, elle n'est utilisable que lorsque vous êtes en mode furtif. On ne voit pas trop pourquoi on ne peut pas se déplacer librement en utilisant cet angle, mais c'est l'un des nombreux illogismes du jeu.
Autre élément que l'on découvre dans le tutoriel, un énorme viseur s'affiche lorsqu'un ennemi est dans votre champ et que vous tenez une arme à feu. C'est très loin d'être réaliste et ça gâche un peu l'ambiance noire du titre. En effet, lorsqu'on est dans un hangar de nuit et que l'on voit cet énorme viseur digne d'un robot mécha, je vous garantis que le jeu perd une grande partie de son attrait. D'ailleurs en parlant de visée, la localisation des dégâts est assez étrange car parfois, il faut tirer trois fois dans la tête des adversaires pour qu'ils meurent. Ce cas se produit souvent lorsqu'on est proche d'un mur : les bugs de collisions sont donc bien présents. Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là puisqu'outre la faiblesse graphique du titre, on constate aussi des problèmes d'affichage : les ombres par exemple ne sont pas prises en compte sur certains murs ce qui fait que l'on voit l'ombre sur le sol mais pas sur les parois verticales : hum, hum, les développeurs auraient quand même pu s'en apercevoir !
Lorsqu'on se lance plus en profondeur dans le jeu, on s'aperçoit aussi que son scénario reste très superficiel et surtout qu'il cumule les clichés. Vous jouez en effet le rôle du super agent Cole Sullivan qui va devoir enquêter et opérer dans des situations périlleuses. Il aura en effet à faire à une mystérieuse organisation terroriste développant une arme biologique capable de contrôler l'esprit des gens. La menace est donc réelle et vous aurez évidemment pour mission de préserver le monde civilisé de ce danger. Concrètement, le jeu est divisé en niveau. Vous commencerez votre aventure en Ukraine à Kiev dans une base militaire secrète et vous devrez progresser furtivement à l'intérieur pour ne pas alerter les gardes et risquer de vous faire repérer, auquel cas vous pourriez avoir de sérieuses difficultés car les ennemis sont beaucoup trop nombreux pour adopter une approche frontale. Enfin, ça c'est la théorie, parce qu'en pratique on s'aperçoit vite que ces derniers ne sont pas capables d'entrer dans les bâtiments s'ils sont à l'extérieur ou de sortir s'ils sont à l'intérieur. Donc, si vous vous faites repérer à l'extérieur et que vous entrez dans un bâtiment, vous êtes tranquille : aucun garde ne vous suivra et l'alerte de l'extérieur n'a aucune incidence sur l'intérieur. Il vous est donc tout à fait possible de reprendre tranquillement votre progression furtive ! C'est absolument inadmissible pour un jeu d'infiltration moderne.
L'intelligence artificielle est donc un des plus gros problème du jeu et fait que le challenge est totalement bridé par les réactions étranges des ennemis. On peut prendre l'exemple d'un niveau à l'architecture complexe : si un garde vous voit, il tentera de vous éliminer et vous suivra sur une certaine distance, mais si vous courez assez loin, il abandonnera la poursuite et reprendra tranquillement sa patrouille habituelle ! Ridicule ! Vous pourrez donc revenir et reprendre une attitude furtive pour, par exemple, tuer cet ennemi. Une fois que c'est fait, vous disposez, comme dans tous les autres jeux d'infiltration, d'options permettant de fouiller les corps, ou de les déplacer pour éviter qu'une patrouille ne tombe dessus et donne l'alerte. Plusieurs armes sont aussi à votre disposition et vont du pistolet au fusil de sniper en passant par le couteau et les explosifs. Rien de très original donc, et cela ne suffit pas à combler les nombreuses lacunes du jeu en matière d'IA ou de graphismes et ne nous fait pas oublier qu'un Metal Gear Solid ou qu'un Splinter Cell sont bien meilleurs.
- Graphismes10/20
La 3D semble sortie d'un moteur graphique vieux de plusieurs années. On retrouve une gestion des lumières lacunaire, des décors cubiques et même des bugs graphiques sur les ombres. Bref, ce n'est pas la joie.
- Jouabilité8/20
L'intelligence artificielle très limitée des ennemis bride complètement le gameplay du titre. On se retrouve avec un jeu d'infiltration où le joueur ne fait souvent que profiter des erreurs grossières de ses adversaires pour progresser.
- Durée de vie10/20
On regrette un peu l'absence de multijoueur. Heureusement, le mode solo est assez long et le jeu s'avère ne pas être toujours facile. Le tout étant de savoir si vous aurez le courage de terminer un titre aussi peu intéressant.
- Bande son13/20
La bande-son est certainement le seul point où Gorky Zero s'en sort honorablement. Même si les musiques et les effets sonores sont assez moyens, les doublages français relèvent un peu le niveau et s'avèrent plutôt convaincants.
- Scénario8/20
On se croirait dans une mauvaise série B. Le scénario reprend quelques clichés vus et revus comme le laboratoire secret qui fabrique en cachette une arme biologique.
On est bien loin de la qualité d'un Metal Gear Solid ou d'un Splinter Cell ! En effet, que ce soit pour le scénario qui cumule les clichés, les graphismes dépassés, la jouabilité simpliste et les réactions défaillantes des ennemis, tout concourt à faire du titre de Jowood un jeu qui a bien du mal à tenir la comparaison avec ses aînés. Bien sûr, il est proposé à petit prix, mais on peut aussi trouver MGS2 Substance ou Splinter Cell à un tarif semblable, et ces titres semblent être de bien meilleures affaires.