Avant de faire un retour que l'on espère fracassant sur nos écrans de cinéma, tête de toile passe d'abord par la case ludique avec cette seconde adaptation de ses aventures cinématographiques qui cède à la mode du GTA-like, mais dans une version peu inspirée en dépit de bonnes idées.
Pourquoi Spider-Man a-t-il toujours été mon héros de comic favori ? Il y a plusieurs raisons, l'une d'entres elles s'appelle Todd MacFarlane. Spidey a la classe, de l'humour, une personnalité complexe et une histoire déchirante mais surtout, il pèse 55 kilos et mesure 1m70 avec des talons. Et oui, Spider-Man c'est moi ! D'ailleurs au passage, si en France on pouvait arrêter de massacrer mon pseudonyme : on dit "Spaïdeur" et pas "SpIdair". Rhààà làlàlà.
Après une première adaptation aussi courte que difficile mais néanmoins réussie, Treyarch cède à la mode si en vogue du GTA-like et nous propose un trip "Vis ma vie de Spider-Man" ("donc René, vous avez 54 ans et vous ne comprenez pas qu'on puisse exercer le métier de Spider-Man..."). En somme, vous incarnerez le Tisseur et serez libre de vos déplacements dans un Manhattan immense au sein duquel tout le monde semble avoir besoin de vos services. Pour être clair, la progression dans le jeu se fait par chapitres, chacun étant composé d'une suite d'objectifs, toujours selon la même formule. D'abord un objectif principal (aller voir MJ, aller parler à untel, sauver la statue de la liberté, prendre des photos pour le Daily Buggle etc...) puis au moins un objectif secondaire qui consiste à gagner des points de héros. La meilleure méthode pour ce faire étant de venir en aide aux passants au-dessus desquels on voit un point d'interrogation, ces-derniers vous confieront alors une tâche. En gros, voilà les missions annexes de GTA. Seulement voilà, là où GTA se montre incroyablement riche, Spider-Man se montre lui incroyablement pauvre. On compte à peine plus d'une demi-douzaine de types de missions et on fait toujours la même chose. On sauve un type en train de tomber d'un immeuble, on emmène un autre mec aux urgences, on aide la police, on arrête un braquage, on poursuit une voiture, etc. Mais quand je dis qu'on fait toujours la même chose, je n'exagère pas, le type qui tombe de l'immeuble, c'est TOUJOURS le même mec en orange fluo. L'attaque du fourgon blindé, c'est TOUJOURS la même, etc., etc. On refait perpétuellement les mêmes actions. Et encore, je ne m'attarderai pas sur le fait que les passants à tête de tanche qui vous indiquent une tâche se trouvent généralement à 3 blocs de là mais bon... niveau crédibilité ça le fait moyen.
Fort heureusement les missions principales s'en sortent beaucoup mieux. Si certaines ne consistent qu'à aller d'un point A à un point B en temps limité pour rejoindre MJ, rencontrer le docteur Octavius ou suivre la Chatte Noire dans les airs (probablement les phases présentant le moins d'intérêt), d'autres par contre sont bien plus stimulantes. Par exemple, le fameux niveau où l'on visite la forteresse de Mysterio et où il faut battre le vilain tout en sauvant de pauvres civils.
Le titre a des qualités qui se révèlent au bout de quelques heures de pratique. Certes, il est ultra répétitif mais le trip "toi aussi devient Spidey" fonctionne grâce à des combos très nombreux et au système de balancement excellent. C'est là que l'on comprend l'utilité des points de Héros qui servent à acheter de nouvelles aptitudes aussi bien en termes de combats que de déplacements. Et il faut dire que les combos sont nombreuses et parfaitement dans le style Spider-Man. En tant que Beat'em all, le soft n'a donc pas à rougir. Sauf si on précise que le titre a une forte tendance à la confusion et demandera un brin de pratique. Ceci dit, la facilité avec laquelle on torche les combats de base est assez déroutante. Surtout si on compare avec la difficulté que présentent certains boss. L'IA est quasiment inexistante chez les truands de la rue. De plus, il est possible d'avoir recours aux sens et aux réflexes d'araignée. Un petit éclair sur la tête de Parker, hop, on appuie sur le bouton et il esquive les coups. L'action va trop vite ? Zou, on passe en 'Spider Time". Si tout cela a l'avantage d'être fidèle au comic et au film, ça facilite surtout une tâche déjà peu complexe. Mourir est très rare dans le jeu. Fort heureusement, certains combats se montrent nettement plus stimulants et les boss savent être coriaces. Ah et on remarquera en passant que selon Treyarch, le tisseur ne peut pas aller dans l'eau. Ca ne vous tuera pas, mais l'action en cours sera annulée, remplacée par une cut scene montrant Parker sortir de la flotte. Je sais pas pourquoi mais ça tendance à m'insupporter ce genre de lacunes.
Mais si Treayrch a plutôt assuré au niveau des combats, c'est clairement le système de balancement qui séduit le plus dans le jeu (le mode manuel bien sûr). En premier lieu, oubliez les toiles qui s'accrochaient aux nuages, aujourd'hui, il vous faudra un point d'ancrage pour vous suspendre. Et vous pourrez également augmenter votre vitesse de manière assez considérable ou sprinter le long des murs. Pour être franc, les premiers pas au bout de la toile sont calamiteux, mais avec la pratique, on finit par réaliser des figures et des cabrioles que Spidey ne dénigrerait pas. Et ça, pour un fan du tisseur c'est que du bonheur. En d'autres termes et pour reprendre la comparaison avec GTA, si dans le titre de Rockstar le simple fait de se balader à bord des multiples véhicules était un bonheur, ici, ce sont les promenades en toiles qui sont géniales. Dommage que les missions annexes se montrent si dramatiquement plates, ça gâche les moments d'errances que l'on peut s'octroyer à volonté ou presque.
Bon, sujet qui fâche maintenant, la réalisation assez chaotique du soft. On soupçonnait fortement les screenshost de news d'avoir subi de grosses injections de photoshop, là il n'y a plus de doutes. Spider-Man va du bon à l'ignoble. Pour ce qui est du Tisseur, on a droit à des animations de qualité lorsqu'il est dans les airs, qu'il se tord et se plie, mais dès qu'il touche le sol, on se souvient de l'albatros cloué sur le pont d'un bateau, il se met à marcher d'une manière ridicule. Manhattan quant à lui est immense, et on traverse l'île sans loadings intempestifs et la distance d'affichage est en effet impressionnante. Le prix à payer ? Des textures vraiment simplistes, des effets inexistants ou pathétiques (en dehors de l'effet de flou sur les mouvements rapides de Parker) et des modèles 3D qui frisent le risible. Les passants sont en effet tout juste dignes d'une console 32 bits. Avoir divisé la ville en 2 ou 3 zones à la manière de Vice City eut été une bonne idée afin d'épargner un peu la mémoire de la console et pouvoir la mettre à profit pour autre chose. Mais la palme de la laideur revient aux cut-scenes des passants, c'est abominable, tout simplement.
Au final, j'ai beaucoup de mal à me faire une idée ferme et définitive sur ce Spider-Man 2. D'un côté système de balancement sur la toile excellent et des mouvements de combats variés bien qu'un peu handicapés par une maniabilité un brin confuse, le tout au service de missions principales qui vont du moyen au très sympa et noyé sous une énorme dose de missions annexes complètement nases. Et pourtant, voilà un titre bien addictif.
- Graphismes14/20
Si la ville est immense, elle n'est pas vraiment belle, de même que les modèles 3D qui sont vraiment simplistes, qu'il s'agisse des voitures ou des passants. En contre-partie, Spidey jouit d'une animation assez détaillée et sympathique (surtout lorsqu'il est en l'air) et le frame-rate se montre constant et fluide.
- Jouabilité14/20
Si la prise en main est assez délicate, une fois le balancement manuel maîtrisé, on se surprend à réaliser de multiples cascades et à prendre son pied simplement en errant dans la ville. Les combos variées se font apprécier durant les combats, malgré un aspect assez confus de ces derniers. Dommage que le jeu se montre si répétitif. On notera des problèmes de caméra lors des combats en intérieur.
- Durée de vie17/20
A l'image de GTA, les missions principales sont loin d'être la seule chose à faire, on compte également le pourcentage de civils sauvés, les défis, la livraison de pizzas etc... Il y a énormément de choses à faire. Dommage qu'elles se ressemblent tant.
- Bande son14/20
C'est vrai, on a droit aux doubleurs officiels de Tobey MacGuire et de l'irrésistible et renversante Kirsten Dunst, mais voilà encore des doubleurs qui semblent perdus avec leur rôles dans un jeu vidéo comme c'est si souvent le cas. Et ce ne sont pas les seuls tant l'intégralité du doublage VF sonne mal, avec une palme pour les truands qui ont un peu trop une bonne voix de truands justement. Heureusement, les musiques rattrapent tout ça.
- Scénario13/20
Le scénario suit de loin celui du film tout en faisant intervenir des personnages bien connus de l'univers du Tisseur. Mais il faut dire que le fil est assez décousu. Et quand reverra-t-on Carnage dans un jeu, hein ?
A son crédit, Spider-Man 2 a ses déplacements en toile fabuleux qui sont un petit bonheur vu le plaisir certain qu'on éprouve en se laissant tomber du haut d'un immeuble, ses combos variées et nombreuses et un caractère assez addicitif. Mais contre lui, il a sa réalisation en dents de scie tendance très moyen, des missions ultra redondantes pour rester poli, des combats trop simples ou trop prise de tête etc. Bref, un fourre-tout de qualités et de défauts. Indispensable pour les fans, moins pour les autres. Avec plus de soins et surtout une bonne dose d'inspiration dans ses missions, le soft aurait eu de quoi faire date. Là... il a ses promenades en toile.