Pas forcément connu du plus grand nombre, Samurai Jack est avant tout un dessin animé diffusé notamment sur France 3 et Cartoon Network. Un DA particulier dans le sens où il allie brillamment un humour décapant à une esthétique atypique, le tout dans un contexte asiatique très plaisant. On se faisait donc une joie de le retrouver sur consoles, dans l'espoir d'y voir une adaptation fidèle et ambitieuse.
Les fans de la version animée de Samurai Jack avaient d'autant plus de raisons de croire au potentiel du jeu qu'il a bénéficié de l'appui de son créateur Genndy Tartakovsky, connu également pour la série Le Laboratoire de Dexter et les vingt mini-épisodes de Star Wars : l'Attaque des Clones. Une grosse pointure dans le secteur de l'animation, qui méritait de voir son oeuvre adaptée avec sérieux sur nos machines de jeu. Vous le devinez certainement, mais l'adaptation vidéoludique de Samurai Jack est loin d'être aussi réussie qu'on aurait pu l'espérer, faisant preuve d'un manque d'idées réellement affligeant quand on connaît l'esprit imaginatif de la série. Certes, le jeu n'est pas dénué de quelques idées sympathiques, mais la plupart sont disponibles d'entrée de jeu et l'aventure tourne finalement à un jeu d'action plutôt basique destiné aux plus jeunes. L'humour à travers les attitudes est d'ailleurs fantomatique, ce qui décevra tous ceux qui voulaient se procurer le jeu pour cet aspect-là. De ce fait, on le conseillera davantage aux jeunes joueurs qu'aux fans du dessin animé.
Mais rentrons tout de suite dans les détails, et revenons plus précisément sur l'aspect graphique. La réalisation fait appel à une technique qui renvoie directement à l'esthétique de la série, ce qui est une très bonne chose, mais qui ne parvient pas à réellement convaincre à l'inverse d'un Zelda : The Wind Waker, si vous me permettez la comparaison. D'un point de vue graphique, le jeu réussit donc à se démarquer, mais il fait pâle figure en comparaison des derniers titres consoles avec ses textures uniformes, ses environnements taillés à la serpe et ses animations saccadées. Restent un design très intéressant et la richesse de l'univers de la série.
Côté gameplay, le résultat est également en dents de scie. Les développeurs se sont visiblement inspirés de Ghouls'n Ghosts pour doter l'ami Jack d'armures qui lui permettent d'encaisser les attaques avant de se retrouver en kimono puis torse nu. Avouons que si l'idée n'est pas vraiment nouvelle, elle est amusante et colle bien avec l'esprit du jeu. Bien sûr, le samouraï dispose d'un arc et de shurikens pour éliminer ses ennemis à distance, et pourra acquérir jusqu'à trois lames différentes et de nombreux enchaînements de coups qui ont le mérite de sortir plutôt bien et de rythmer agréablement les combats. Certains projectiles peuvent être renvoyés simplement en se mettant en garde, et les attaques sautées sont également réalisables.
Mais en tant que samouraï, notre héros dispose aussi d'une jauge de zen lui permettant d'effectuer divers mouvements spéciaux comme la possibilité de ralentir les actions des ennemis pour les contourner rapidement et les prendre à revers. Les maîtres du zen l'appellent le mode Sakai. Une idée efficace, mais qui, comme pour le reste, devient rapidement lassante tant le gameplay n'arrive pas à se renouveler. Faut-il ajouter que le jeu est très accessible, relativement court, et finalement très peu original dans la mesure où on se lasse vite de progresser toujours de la même façon pour surmonter les embûches ? En plus de ça les caméras sont capricieuses et ne rendent pas les phases de plates-formes plus attractives. Finalement, ce titre me laisse le même sentiment de déception amère que pour Batman Vengeance, l'adaptation très perfectible de l'excellent dessin animé inspiré du Dark Knight.
- Graphismes13/20
Avec un minimum de soin apporté aux textures des environnements, aux animations et aux détails graphiques, Samurai Jack aurait vraiment pu faire bonne figure, d'autant que son esthétique rappelle bien celle du dessin animé.
- Jouabilité13/20
Le premier contact est encourageant car le héros dispose de capacités intéressantes, mais elles sont tellement mises à contribution dans le jeu qu'on se lasse de faire tout le temps la même chose. Les problèmes de caméra n'arrangent rien pour ce qui est des phases de plates-formes.
- Durée de vie12/20
L'exemple type du jeu dans lequel on avance beaucoup trop vite. La seule idée de Sega pour pallier ce problème : obliger le joueur à refaire le jeu dans les trois modes de difficulté pour tout débloquer.
- Bande son13/20
Une bonne ambiance sonore qui ne prend pas le risque de proposer des thèmes musicaux forts mais qui se contente de se faire relativement discrète.
- Scénario12/20
Jack doit traverser quatre royaumes pour vaincre Aku et Mad Jack tout en libérant des prisonniers enfermés dans des cages, et ce pendant 24 niveaux.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée mais je ne peux m'empêcher d'effectuer la comparaison entre Samurai Jack et Batman Vengeance. Malgré une esthétique fidèle, les deux softs ne parviennent pas à retranscrire l'esprit de la série dont ils sont inspirés, et accusent des faiblesses de gameplay qui rebuteront les fans du dessin animé. Du coup, on ne conseillera le titre de Sega qu'aux jeunes joueurs curieux de prolonger leur série préférée sur leur console de jeux.