Red Dead Revolver est un rescapé du jeu vidéo. Abandonné par Capcom puis récupéré par Rockstar San Diego, on a bien cru que le jeu ne verrait jamais le jour. Avouons que cela aurait été bien dommage, on serait alors passé à côté d'un excellent western spaghetti interactif.
Quand on regarde la liste des jeux Rockstar sortis récemment, on s'aperçoit que le studio semble vouloir toucher à toutes sortes d'univers possibles, un peu comme un cinéaste qui voudrait élargir sa palette de films et s'attaquer à plusieurs genres différents. La comparaison avec le cinéma n'est pas si anodine que cela en fait. Prenez les jeux Rockstar Max Payne, Manhunt et bien sûr GTA. Qu'obtient-on en fait ? Un film noir, un snuff movie et une fresque de gangsters. Trois genres cinématographiques différents. Aujourd'hui, Rockstar étend encore sa pellicule vers un autre genre : le western spaghetti. En prenant sous son aile le jeu Red Dead Revolver, lâché un peu plus tôt par Capcom pour d'obscures raisons, le studio de San Diego allait pouvoir explorer les terres arides du grand ouest américain, sans renier une seconde son héritage de jeu mature. C'est que dans les années 1800, l'ouest n'était pas un lieu très tranquille comme Laura Ingalls ou Mickaela Quinn tentent de nous le faire croire. C'était plutôt une période trouble où le meilleur ami de l'homme n'était pas son animal de compagnie, mais son 6 coups qu'il toujours gardait auprès de lui.
Red Dead Revolver nous fait suivre les pas de plusieurs personnages (au total), mais c'est surtout auprès de Red que l'on va passer le plus clair de son temps. Red est un chasseur de primes qui passe ses journées à tenter de retrouver les fumiers qui ont assassiné ses parents alors qu'il n'était encore qu'un ado. Une activité fastidieuse tant il existe de crapules. Les murs du bureau du shérif sont d'ailleurs tapissés d'avis de recherche en tout genre. Question ordures, il n'y a que l'embarras du choix. Ca tombe bien, on est là pour ça.
Le titre est construit en plusieurs chapitres qui se terminent pratiquement tous par la mort d'un bandit supplémentaire. Essentiellement axée autour du tir, la progression pourrait sembler assez répétitive au premier venu, c'est vrai que dans le fond on se contente d'abattre tous les fils de chiens qui n'ont rien trouvé de mieux à faire que de nous tirer dessus. Cependant, on oublie rapidement cet état de fait grâce à l'une des grandes forces du titre : son ambiance fabuleuse. Reprenant fidèlement tous les clichés du genre, Red Dead Revolver distille savamment son atmosphère au travers de plans de caméra qui rappellent forcément ceux du grand écran, au travers de lieux indissociables du genre western (le canyon, la ville fantôme, le train...), mais surtout au travers d'une bande-son impeccable. D'une part les voix nous font toutes profiter d'un accent à couper au couteau fleurant bon le soleil de plomb et le désert californien – même les joueurs ne comprenant pas un traître mot d'anglais parviendront, j'en suis sûr, à capter cet accent – d'autre part, la musique nous transporte directement dans les paysages sauvages des pleines arides et des villes poussiéreuses. On connaissait tout le talent qu'a Rockstar pour nous pondre des bandes-son alléchantes (GTA, mais aussi Max Payne), Red Dead Revolver ne fait que confirmer cette vérité.
Pour revenir au gameplay, on dirige son personnage en vue à la troisième personne. Le système de visée s'inspire de celui de Max Payne, mais étrangement (et personne ne s'en plaindra) il se trouve être plus maniable et donc plus réussi. Il n'y a pas de système de lock sur les ennemis ni de visée assistée à proprement parlé, mais une certaine tolérance qui permet, selon l'arme utilisée, de ne pas être forcément un as de la gâchette pour atteindre sa cible. Plusieurs armes sont effectivement à utiliser même si le héros ne peut en porter que trois à la fois (un pistolet, un fusil, et une arme de poing). Pour parfaire son équipement, il suffit de dépenser ses dollars dans les boutiques de Brimstone, la ville qui sert de relais entre chaque niveaux. Dans cette petite ville, il est possible de faire un tour chez l'armurier, chez le tailleur, chez l'épicier, au saloon, à la banque ou encore chez le shérif. N'allez cependant pas penser qu'il s'agisse d'un GTA-like, la ville ne sert qu'à faire ses emplettes avant de repartir à l'action. Et de l'action, il y en a croyez-moi ! Les barillets chauffent et les cartouches se vident à vive allure alors que le sang gicle à chaque nouveau corps qui tombe. S'il est possible de se cacher derrière des mur ou des rochers pour se protéger, il est également parfois conseillé de foncer sous les balles et d'utiliser la fonction dead eye. Empruntée à Max Payne et à toute la ribambelle de titres du genre, cette fonction permet de ralentir le temps afin de viser plusieurs points d'impact le plus rapidement possible. Une fois activé, vous devez alors déplacer le viseur pour locker une petite dizaine de cibles que Red s'empressera de dégommer dès la fin du ralenti. Cette fonction Dead Eye est également utilisée lors des duels que vous aurez à faire. Juste après avoir dégainé, vous devrez sélectionner rapidement les zones d'impacts que vous voudrez toucher.
S'il fallait reprocher quelque chose à Red Dead revolver, ce serait certainement ses graphismes souvent flous et aux textures baveuses. Bien qu'esthétiquement on retrouve bien l'esprit Far West, on s'attendait à un petit effort supplémentaire de ce côté-là. Sinon, c'est du bon boulot. L'histoire s'appuie sur une ambiance excellente, on la suit avec beaucoup d'intérêt, les oreilles pleines de mélodies western et de ricochets de balles. Si je vous dit en plus que le jeu propose également plusieurs modes multijoueurs (jusqu'à 4 joueurs), il n'y a vraiment pas à hésiter, pour peu que vous aimiez cette époque de l'Histoire américaine.
- Graphismes14/20
Tout est encore une question d'ambiance. Red Dead Revolver nous sert la sienne dans des décors taillés sur mesure. On traverse une ville fantôme, un village mexicain, une mine, un canyon et même un vieux cimetière inquiétant. L'ambiance est donc bien là, même si visuellement c'est un peu terne, et surtout toujours très flou. Bon, j'avoue, je fais la fine bouche, mais il faut dire qu'avec une telle bande-son, j'aurais aussi aimé que l'esthétique soit au top !
- Jouabilité15/20
Le système de visée s'inspire clairement de celui de Max Payne, et parvient même à corriger ses erreurs pour être encore plus maniable. On peut ainsi manier du colt assez tranquillement. La caméra ne pose pas trop de problèmes, puisque solidaire du viseur pendant les affrontements. En dehors, elle reste tout aussi maniable. Seuls les sauts, rarement utilisés heureusement, restent un peu brouillons.
- Durée de vie16/20
Le mode histoire comporte à lui seul pas mal de chapitres à découvrir. En parallèle, le multi propose quelques modes pour s'amuser jusqu'à 4 joueurs.
- Bande son18/20
Voilà une bande-son qui mérite amplement son 18/20. Riche en thèmes parfaitement orchestrés à la manière des meilleurs films de cow-boys, elle nous propose une sélection de musique où guitare, trompette et harmonica s'entremêlent cordialement. Les dialogues parlés nous laisse découvrir un belle accent de l'ouest américain rendant dès lors la moindre cinématique on ne peut plus crédible.
- Scénario14/20
Marqué par la mort de ses parents sous ses yeux d'adolescent, Red grandi en se jurant de retrouver ceux qui ont brisé sa vie. Le scénario nous fera aussi diriger quatre autres personnages aux ambitions tout autre.
Red Dead Revolver se place comme une excellente surprise. A l'annonce de l'arrêt de son développement par Capcom, on pouvait penser que le titre souffrait de plusieurs défauts majeurs. Il faut croire que Rockstar a su redresser la barre car le résultat final se révèle être un titre aux qualités indéniables.