Ceux qui s'inquièteraient de savoir quel regard porte le divin sur l'agitation futile de l'humanité seront sans doute bien étonnés de découvrir le point de vue de l'équipe d'Enigma Software sur la question. Car si l'on en croit la vision offerte dans Angels Vs Devils, ça n'est pas très joli joli non plus dans l'au-delà. Quand le paradis affronte le purgatoire, ça donne un pseudo Quake-like pas toujours très inspiré.
Les immortels aussi sont parfois bien stupides. N'en pouvant plus des rivalités incessantes des hommes sur la surface terrestre, Dieu et Satan n'ont rien trouvé de mieux pour se mettre d'accord que de se livrer à un bras de fer divin pour savoir qui était le plus fort. En résulte un immense pugilat entre les angelots et les diablotins avec comme enjeu la suprématie pour le camp céleste ou le camp infernal. Et quand on voit la virulence avec laquelle les marmots cornus et auréolés se chamaillent, on espère que les développeurs se sont bien trompés sur leur vision de l'au-delà.
Le pire, c'est que le concept relativement original de ce titre avoue rapidement ses limites. On peut trouver ça drôle cinq minutes compte tenu du caractère atypique de ces confrontations irréalistes entre des marmots au look complètement psychédélique, mais on se met à bailler très vite avant de se lasser définitivement de ce pâle Quake-like à la troisième personne. Avec le nombre de softs du genre de qualité sur PC, comment voulez-vous trouver quelque chose de plaisant dans un titre honteusement lent, qui manque de fluidité, et dont les arènes sont vides et trop peu adaptées à ce style de confrontations qui misent tout sur le dynamisme et l'originalité du level design ?
Angels Vs Devils ne comporte de toute façon pas de vrai mode solo scénarisé ou quoi que ce soit de ce type, seulement un objectif de base à remplir qui se résume souvent à éradiquer la menace adverse. Tout est ramené aux confrontations à plusieurs dans les arènes, avec des bots ou contre d'autres joueurs en réseau ou sur internet. Après, il suffit de choisir les règles du jeu, ultra classiques puisqu'on retrouve grosso modo du Deathmatch, du Capture the Flag et autres joyeusetés du genre. Je ne vous ennuierai pas en vous détaillant les différentes variantes proposées, car aucune ne se démarque suffisamment pour être retenue ici. Comme dans tout Quake-like, on s'efforce d'atteindre son but en éliminant un maximum d'adversaires qui "respawnent" une fois décédés. Sauf que dans le cas d'Angels Vs Devils, c'est assez moche et vraiment pas drôle du tout.
Si l'on met de côté les problèmes de fluidité et de vitesse de jeu qui handicapent déjà énormément le soft, il faut signaler également que l'arsenal mis à notre disposition ne brille ni pas sa précision ni par son originalité. En guise d'armes, on se retrouve avec un panel de sorts plus ou moins académiques, comme des boules d'énergie, des rayons, des sorts de glace, de paralysie ou d'invisibilité propres à chaque camp. Evidemment, tout ça consomme du mana qu'il faut s'évertuer à collecter en sillonnant péniblement l'aire de jeu, les angelots et diablotins étant capables de voleter un court instant pour atteindre des emplacements stratégiques, mais avec une telle imprécision qu'on s'arrache les cheveux sur la maniabilité plus qu'on ne s'amuse à évoluer dans les arènes. Dans le pire des cas, il faut tâcher de se battre au corps à corps à coups de poings, ce qui ne colle absolument pas au type de jeu proposé.
A croire que les développeurs ont passé plus de temps à enrichir l'interface de personnalisation des angelots et des diablotins qu'à parfaire le système de jeu. Il n'y a qu'à voir le nombre incalculable de profils proposés pour s'en convaincre. Avec ou sans lunettes, tatouages et autres détails modifiables à volonté, on aura du mal à trouver son double sur le net. Autant dire qu'on cherche vainement la dimension stratégie/RPG avancée par les développeurs, sinon à travers une simple montée de niveau de son personnage et l'acquisition de nouveaux sorts. Avouez que ça ne suffit pas vraiment pour sortir du simple registre de l'action. Le seul argument de Angels Vs Devils c'est d'être proposé à 20 euros. A vous de voir si ça en vaut le prix.
- Graphismes11/20
Le look dément des angelots et des diablotins ne manque pas de surprendre les premières minutes, mais les arènes déçoivent en s'avérant beaucoup trop vides et mal adaptées au style de jeu proposé. On note également des problèmes de fluidité et une lenteur de jeu handicapante.
- Jouabilité9/20
Le jeu se contrôle comme un Quake-like, sauf qu'il est en vue à la troisième personne, ce qui rend le tout très problématique à jouer quand on sait que le tout se résume à du Deathmatch ou du CTF. L'évolution des personnages est beaucoup trop minimaliste pour oser attribuer à ce titre des notions de RPG.
- Durée de vie8/20
Personnellement, il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour me lasser, et j'imagine qu'il devrait en être de même pour la plupart des joueurs compte tenu du manque de variété des modes de jeux proposés, aussi bien en solo qu'en multijoueurs.
- Bande son13/20
C'est peut-être encore l'aspect musical qui m'a le plus convaincue dans ce jeu, et encore il ne faut pas s'attendre à du grandiose. L'ambiance sonore est juste sympathique, ce qui est déjà pas mal.
- Scénario12/20
A partir du moment où le tout se résume à des combats divers en arènes, l'idée de départ n'évolue pas vraiment mais elle a au moins le mérite d'être un petit peu originale.
Ce n'est pas encore avec ce titre qu'Enigma Software va se faire un nom, car même si Angels Vs Devils part d'une idée plutôt délirante, le résultat est une vraie déception. Avec ses allures de Quake-like à la troisième personne, ce titre ne parvient ni à se renouveler, ni à amuser le joueur qui pestera contre le manque de pêche du gameplay. Même à 20 euros, je ne vous donne pas plus de quelques jours avant de vous en lasser.